On les appelle les terres rares, et pourtant… elles sont partout. Dans nos smartphones, nos voitures électriques, nos éoliennes, nos panneaux solaires. Ces métaux aux noms mystérieux — néodyme, dysprosium, terbium — sont devenus les piliers invisibles de la transition énergétique. Mais derrière leur image “verte” se cache une réalité bien plus complexe : leur extraction a un coût environnemental et humain majeur.
Les plus grands gisements de terres rares se trouvent dans quelques pays-clés seulement. En tête, la Chine, qui concentre à elle seule plus de 60 % de la production mondiale et environ 40 % des réserves connues. Le principal site d’extraction, à Bayan Obo en Mongolie intérieure, est aussi tristement célèbre pour ses conséquences écologiques : rejets toxiques, radioactivité, nappes phréatiques contaminées… L’extraction y entraîne une pollution massive des sols, de l’air et de l’eau.
Mais la Chine n’est pas seule. Le Vietnam et le Brésil possèdent également d’importants gisements, tout comme la Russie et plus récemment l’Inde, qui cherche à renforcer son indépendance stratégique dans ce secteur. En Afrique, des projets émergent notamment en République démocratique du Congo et en Afrique du Sud.
Et du côté des pays occidentaux ? Les États-Unis disposent du grand site de Mountain Pass en Californie, relancé récemment. L’Europe, elle, regarde vers la Suède, où le gisement de Kiruna — annoncé en 2023 comme le plus important du continent — pourrait réduire la dépendance à la Chine. Mais là encore, une question se pose : à quel prix environnemental ?
Car extraire des terres rares n’a rien de propre. Cela nécessite d’utiliser des produits chimiques corrosifs, souvent en grande quantité, pour séparer les métaux de la roche. Le processus génère d’énormes volumes de déchets toxiques, parfois radioactifs. Or, dans certains pays, les normes environnementales sont laxistes voire inexistantes. Résultat : les paysages sont ravagés, la biodiversité souffre, et les populations locales paient un lourd tribut.
Alors que la planète cherche à réduire ses émissions de CO₂, ce paradoxe devient de plus en plus criant : peut-on vraiment construire un monde plus vert avec des matériaux si polluants à extraire ?
La solution passe peut-être par ailleurs : recycler davantage, diversifier les sources, améliorer les procédés d’extraction, et surtout, intégrer l’impact écologique dans le coût réel de ces métaux.
En résumé, les terres rares sont au cœur de notre avenir technologique. Mais tant qu’on n’en maîtrisera pas mieux l’extraction, elles resteront une promesse verte… tachée de boue.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.