Wadood est un rêveur. Cet activiste afghan s'est mis en tête de faire juger par la Cour pénale internationale les crimes de guerre commis dans son pays, notamment par les Taliban. Chaque jour, il recueille un à un les témoignages de victimes. Et chaque jour, il risque sa vie. Les Taliban lui ont fait comprendre qu’il est dans leur viseur. Nos reporters sont allés à la rencontre de cet idéaliste, bien décidé à faire de son rêve une réalité. À Kaboul, Abdul Wadood Pedram rêve d’organiser le plus grand procès de l’histoire. Une sorte de "Nuremberg pour l’Afghanistan", au cours duquel seraient jugés tous les criminels de guerre. Sur les bancs des accusés, les nazis seraient remplacés par les acteurs de l’interminable guerre dans le pays : les Taliban, l’organisation État islamique ou encore les chefs de guerre. Mais pas seulement. Wadood compte aussi faire juger les forces afghanes, l'armée américaine et même la CIA, l'Agence centrale du renseignement américaine.
>> Le débat : "Organisation EI, Taliban... la double menace en Afghanistan"
Chaque jour, ce militant des droits de l’homme poursuit son travail de fourmi et recueille un à un les témoignages de victimes et de leurs proches. Des millions d’Afghans sont concernés et pourraient obtenir réparation en cas de procès. Et chaque jour, Wadood risque sa vie. Lettres et coup de téléphones anonymes ponctuent son quotidien, sans toutefois l’arrêter.
Et son rêve commence à prendre forme. En février dernier, un groupe d’enquêteurs, appuyé par les activistes afghans, a présenté devant la Cour pénale internationale de La Haye (CPI) près de 800 témoignages qui représentent plus de 6 000 personnes victimes d’attentats-suicide, de bombardements ou encore d’explosions en Afghanistan. La Cour doit désormais décider d’ouvrir, ou non, une enquête pour crime de guerre. Une telle décision serait une immense victoire pour Wadood.
>> Focus : "Zohra, le premier orchestre 100 % féminin en Afghanistan"