"Je connais trop bien Gaza, ses femmes, ses hommes, pour regarder indéfiniment, de loin, une telle horreur, une telle tragédie". "Parlons-en" reçoit l'historien Jean-Pierre Filiu, professeur des universités en histoire du Moyen-Orient contemporain à Sciences Po. Dans son livre, "Un historien à Gaza", paru mercredi aux éditions Les Arènes, il raconte le mois qu'il a passé dans la bande de Gaza, près de Khan Younès, du 19 décembre 2024 au 21 janvier 2025.
Dans un récit souvent terrible, Jean-Pierre Filiu décrit ce qu'il voit, recueille les témoignages, raconte les faits, mais il intègre aussi l'histoire de Gaza, la "descente aux enfers" de cette enclave autrefois "carrefour florissant, oasis prospère", et celle du peuple palestinien, "frappé de plein fouet par cette horreur".
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée après les attaques du 7-Octobre, au moins 54 000 Palestiniens ont été tués, selon les chiffres du ministère de la santé du l'organisation islamiste palestinienne, jugés fiables par l'ONU, et considéré comme un minimum par l'historien, compte-tenu des corps encore ensevelis sous les décombres.
Israël interdisant à la presse étrangère l’accès à la bande de Gaza, Jean-Pierre Filiu est l'une des rares personnes, qui n’est pas un humanitaire, à avoir pu pénétrer dans l’enclave palestinienne, grâce à Médecins sans frontières à qui il reverse l'intégralité des droits d'auteur du livre. Il rend d'ailleurs hommage dans son livre aux journalistes palestiniens, "les témoins privilégiés, d'un courage inouï, les premiers visés [par l'armée israélienne]." Il a d'ailleurs rencontré deux fois Rami Abou Jamous, triple lauréat du prix Bayeux des correspondants de guerre, en ligne depuis Gaza lors de cet entretien.