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Cette semaine, nous recevons Alexander Stubb, président de la République de Finlande. Fervent soutien à l’Ukraine, il commente le renforcement de la défense européenne et la menace russe qui pèse tout particulièrement sur son pays.
Le 27 mars, la France a organisé une réunion de la coalition des États soutenant Kiev. Le Royaume-Uni et la France ont avancé le projet de déploiement futur d'une "force de réassurance" en Ukraine. Alors qu’une telle coalition ne pourrait réunir qu’une trentaine de milliers de soldats, Alexander Stubb reconnaît que cela n’est pas suffisant mais que les troupes alliées n’ont pas vocation à être sur la ligne de front. "L'Ukraine a l’armée la plus moderne avec beaucoup d'expérience et 400 000 soldats. Si nous pouvons participer avec une vingtaine ou trentaine de milliers de soldats, cela va aider un peu, mais ce n’est pas pour être en première ligne", détaille le président finlandais. Selon lui, il faut également apporter une aide à la formation des armées ukrainiennes et participer au renseignement militaire. "Nous nous focalisons trop sur l’envoi de troupes mais il y a beaucoup d'autres choses que nous pouvons faire. Ce n'est pas qu’une question de soldats. L'envoi de soldats est plutôt symbolique".
"Nous sommes marginalisés"Les États membres refusent toujours de nommer un Envoyé spécial de l’UE à la table des négociations, ce que le Président finlandais déplore : "Il y a beaucoup de bons Européens qui peuvent le faire (…) Mon ambition, c'est d'avoir une équipe européenne. Alors que les Ukrainiens, les Russes et les Américains disposaient d’une équipe de négociation lors des dernières discussions en Arabie Saoudite, l’UE était présente mais pas avec une position forte : nous sommes marginalisés", déclare-t-il. "Il faut avoir une équipe qui peut être composée de spécialistes de sécurité du Royaume-Uni, de la France, de l’Allemagne ou de l’Italie".
Alors que la Russie et l'Ukraine ont accepté de cesser les hostilités en mer Noire, Alexander Stubb rappelle qu’un cessez-le-feu complet de 30 jours est nécessaire pour arriver à la paix : "Les Ukrainiens, les Européens et les Américains voulaient un cessez-le-feu complet. Les Russes ont accepté un cessez-le-feu partiel et ont posé d’autres conditions. Vladimir Poutine ne veut pas de paix, il ne veut pas de cessez-le-feu", déclare le président finlandais.
"Il faut avoir une stratégie européenne pour l'Ukraine"La Finlande, qui partage 1 300 kilomètres de frontière avec la Russie, a rejoint l’OTAN il y a deux ans. Le président finlandais se dit favorable à l’intégration de l’Ukraine dans les deux clubs : "Il faut avoir une stratégie européenne pour l'Ukraine. L’accession à l’UE est très importante. Il y a déjà beaucoup de progrès dans les négociations." "Je voudrais bien voir l'Ukraine dans l'OTAN un jour… mais un compromis aujourd’hui consisterait à donner la possibilité pour l’Ukraine d’adhérer immédiatement à l’OTAN, si les Russes violent brutalement un traité de paix", ajoute-t-il.
Si l’Ukraine rejoint l’UE, Alexander Stubb reconnaît que cela "changera le club" européen. Il prône pourtant un élargissement de l’Union : "C’est la vision qu'il faut avoir, car nous avons maintenant une pression qui vient de la Russie et nous avons une administration aux États-Unis qui n'est pas exactement pro-européenne. Il faut trouver des solutions européennes, il faut avoir des grands pays dans l'UE, comme l'Ukraine. C’est une question stratégique", détaille le président de la Finlande. En termes d’agriculture, l’Ukraine est un grand producteur de céréales, ce qui inquiète certains pays membres qui craignent une concurrence accrue. "L’Europe, ce n'est pas seulement l'union de l'agriculture. C'est très important, bien sûr, mais nous pouvons trouver des solutions concernant l'Ukraine dans ce domaine", relativise Alexander Stubb.
"La Finlande donne beaucoup à l’Ukraine"Les pays alliés de l'Ukraine, réunis à Paris, ont exclu toute levée des sanctions contre la Russie, envisageant au contraire de les renforcer afin d'accentuer la pression sur le pays. "Il faut continuer les sanctions et utiliser tous les moyens que nous avons. La seule chose que Poutine comprend, c'est le pouvoir. Si nous sommes faibles, il va l'utiliser contre nous", prévient Alexander Stubb.
En ce qui concerne l’aide apportée à l’Ukraine, les Vingt-Sept peinent à se mettre d’accord. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, proche de Vladimir Poutine et Donald Trump, a refusé de signer en faveur d'une aide financière rapide pour le pays en guerre. Alexander Stubb reconnaît des blocages avec la Slovaquie ou la Hongrie mais se réjouit des alliances avec des pays comme le Royaume-Uni, le Canada, la Norvège ou l’Islande. "Nous trouvons toujours des mécanismes pour éviter un blocage qui vient de la Hongrie, au sujet des sanctions par exemple. En ce moment, c’est une Europe à la carte, un peu intergouvernementale sur quelques sujets. C'est la réalité de l'Europe".
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a proposé un plan visant à mobiliser jusqu'à 40 milliards d'euros pour apporter un nouveau soutien militaire aux Ukrainiens. La Finlande a déploré que cette initiative n’ait pas reçu suffisamment de soutien de la part des États membres. "Nous sommes Vingt-Sept donc chacun a ses propres intérêts. En ce qui concerne la Finlande, nous donnons beaucoup pour l’Ukraine : nous avons une frontière commune avec la Russie, pour nous, c'est une question existentielle", explique le président finlandais. Il reste tout de même optimiste : "Je suis sûr que nous allons trouver une solution pour les 40 milliards."
La Commission européenne a annoncé un investissement dans la défense pouvant atteindre les 800 milliards d’euros. Un renforcement de la défense européenne soutenu par le président finlandais : "Nous sommes une union de paix mais nous avons toujours de grands projets, comme le marché intérieur ou l'Euro. Maintenant, ce sera la défense."
Afin de financer cet investissement dans la défense, certains pays proposent de contracter un grand emprunt européen en commun, un projet à présent soutenu par le pays nordique, jadis très rigoriste : "La Finlande a changé sa position à ce sujet : il faut tous ensemble trouver des solutions pour pousser à la Défense. Il faut trouver des instruments financiers".
"Plus de libre-échange mondial"Alors que les relations entre l’UE et les États-Unis se refroidissent, le président finlandais estime qu’il est "très important de continuer notre dialogue avec l'administration américaine". "Il faut continuer de convaincre les Américains que l'Europe, c'est dans l'intérêt des États-Unis. Ce n’est pas une situation facile mais nous continuons de travailler avec les Américains", détaille-t-il. Au chapitre des droits de douane imposés par l’administration Trump sur certains produits européens, Alexander Stubb prône "plus de libre-échange mondial". "Si Donald Trump pousse pour des droits de douane supplémentaires, l'Europe va répondre", conclut-il.
Emission préparée par Perrine Desplats, Isabelle Romero, Oihana Almandoz et Luke Brown
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Cette semaine, nous recevons Alexander Stubb, président de la République de Finlande. Fervent soutien à l’Ukraine, il commente le renforcement de la défense européenne et la menace russe qui pèse tout particulièrement sur son pays.
Le 27 mars, la France a organisé une réunion de la coalition des États soutenant Kiev. Le Royaume-Uni et la France ont avancé le projet de déploiement futur d'une "force de réassurance" en Ukraine. Alors qu’une telle coalition ne pourrait réunir qu’une trentaine de milliers de soldats, Alexander Stubb reconnaît que cela n’est pas suffisant mais que les troupes alliées n’ont pas vocation à être sur la ligne de front. "L'Ukraine a l’armée la plus moderne avec beaucoup d'expérience et 400 000 soldats. Si nous pouvons participer avec une vingtaine ou trentaine de milliers de soldats, cela va aider un peu, mais ce n’est pas pour être en première ligne", détaille le président finlandais. Selon lui, il faut également apporter une aide à la formation des armées ukrainiennes et participer au renseignement militaire. "Nous nous focalisons trop sur l’envoi de troupes mais il y a beaucoup d'autres choses que nous pouvons faire. Ce n'est pas qu’une question de soldats. L'envoi de soldats est plutôt symbolique".
"Nous sommes marginalisés"Les États membres refusent toujours de nommer un Envoyé spécial de l’UE à la table des négociations, ce que le Président finlandais déplore : "Il y a beaucoup de bons Européens qui peuvent le faire (…) Mon ambition, c'est d'avoir une équipe européenne. Alors que les Ukrainiens, les Russes et les Américains disposaient d’une équipe de négociation lors des dernières discussions en Arabie Saoudite, l’UE était présente mais pas avec une position forte : nous sommes marginalisés", déclare-t-il. "Il faut avoir une équipe qui peut être composée de spécialistes de sécurité du Royaume-Uni, de la France, de l’Allemagne ou de l’Italie".
Alors que la Russie et l'Ukraine ont accepté de cesser les hostilités en mer Noire, Alexander Stubb rappelle qu’un cessez-le-feu complet de 30 jours est nécessaire pour arriver à la paix : "Les Ukrainiens, les Européens et les Américains voulaient un cessez-le-feu complet. Les Russes ont accepté un cessez-le-feu partiel et ont posé d’autres conditions. Vladimir Poutine ne veut pas de paix, il ne veut pas de cessez-le-feu", déclare le président finlandais.
"Il faut avoir une stratégie européenne pour l'Ukraine"La Finlande, qui partage 1 300 kilomètres de frontière avec la Russie, a rejoint l’OTAN il y a deux ans. Le président finlandais se dit favorable à l’intégration de l’Ukraine dans les deux clubs : "Il faut avoir une stratégie européenne pour l'Ukraine. L’accession à l’UE est très importante. Il y a déjà beaucoup de progrès dans les négociations." "Je voudrais bien voir l'Ukraine dans l'OTAN un jour… mais un compromis aujourd’hui consisterait à donner la possibilité pour l’Ukraine d’adhérer immédiatement à l’OTAN, si les Russes violent brutalement un traité de paix", ajoute-t-il.
Si l’Ukraine rejoint l’UE, Alexander Stubb reconnaît que cela "changera le club" européen. Il prône pourtant un élargissement de l’Union : "C’est la vision qu'il faut avoir, car nous avons maintenant une pression qui vient de la Russie et nous avons une administration aux États-Unis qui n'est pas exactement pro-européenne. Il faut trouver des solutions européennes, il faut avoir des grands pays dans l'UE, comme l'Ukraine. C’est une question stratégique", détaille le président de la Finlande. En termes d’agriculture, l’Ukraine est un grand producteur de céréales, ce qui inquiète certains pays membres qui craignent une concurrence accrue. "L’Europe, ce n'est pas seulement l'union de l'agriculture. C'est très important, bien sûr, mais nous pouvons trouver des solutions concernant l'Ukraine dans ce domaine", relativise Alexander Stubb.
"La Finlande donne beaucoup à l’Ukraine"Les pays alliés de l'Ukraine, réunis à Paris, ont exclu toute levée des sanctions contre la Russie, envisageant au contraire de les renforcer afin d'accentuer la pression sur le pays. "Il faut continuer les sanctions et utiliser tous les moyens que nous avons. La seule chose que Poutine comprend, c'est le pouvoir. Si nous sommes faibles, il va l'utiliser contre nous", prévient Alexander Stubb.
En ce qui concerne l’aide apportée à l’Ukraine, les Vingt-Sept peinent à se mettre d’accord. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, proche de Vladimir Poutine et Donald Trump, a refusé de signer en faveur d'une aide financière rapide pour le pays en guerre. Alexander Stubb reconnaît des blocages avec la Slovaquie ou la Hongrie mais se réjouit des alliances avec des pays comme le Royaume-Uni, le Canada, la Norvège ou l’Islande. "Nous trouvons toujours des mécanismes pour éviter un blocage qui vient de la Hongrie, au sujet des sanctions par exemple. En ce moment, c’est une Europe à la carte, un peu intergouvernementale sur quelques sujets. C'est la réalité de l'Europe".
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a proposé un plan visant à mobiliser jusqu'à 40 milliards d'euros pour apporter un nouveau soutien militaire aux Ukrainiens. La Finlande a déploré que cette initiative n’ait pas reçu suffisamment de soutien de la part des États membres. "Nous sommes Vingt-Sept donc chacun a ses propres intérêts. En ce qui concerne la Finlande, nous donnons beaucoup pour l’Ukraine : nous avons une frontière commune avec la Russie, pour nous, c'est une question existentielle", explique le président finlandais. Il reste tout de même optimiste : "Je suis sûr que nous allons trouver une solution pour les 40 milliards."
La Commission européenne a annoncé un investissement dans la défense pouvant atteindre les 800 milliards d’euros. Un renforcement de la défense européenne soutenu par le président finlandais : "Nous sommes une union de paix mais nous avons toujours de grands projets, comme le marché intérieur ou l'Euro. Maintenant, ce sera la défense."
Afin de financer cet investissement dans la défense, certains pays proposent de contracter un grand emprunt européen en commun, un projet à présent soutenu par le pays nordique, jadis très rigoriste : "La Finlande a changé sa position à ce sujet : il faut tous ensemble trouver des solutions pour pousser à la Défense. Il faut trouver des instruments financiers".
"Plus de libre-échange mondial"Alors que les relations entre l’UE et les États-Unis se refroidissent, le président finlandais estime qu’il est "très important de continuer notre dialogue avec l'administration américaine". "Il faut continuer de convaincre les Américains que l'Europe, c'est dans l'intérêt des États-Unis. Ce n’est pas une situation facile mais nous continuons de travailler avec les Américains", détaille-t-il. Au chapitre des droits de douane imposés par l’administration Trump sur certains produits européens, Alexander Stubb prône "plus de libre-échange mondial". "Si Donald Trump pousse pour des droits de douane supplémentaires, l'Europe va répondre", conclut-il.
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