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Au lendemain d’un Conseil européen centré sur la question de l’aide à l’Ukraine, José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères, revient sur ce contexte international. Il évoque aussi la situation de son pays, dirigé par le socialiste Pedro Sanchez, à la tête d’une coalition des gauches qui fait figure d’exception et de contre-modèle dans de nombreux domaines.
Le dernier Conseil européen a voté un 19e paquet de sanctions contre la Russie et une interdiction des importations de gaz russe, mais la question des avoirs financiers russes reste bloquée. Cette fois, c'est la Belgique qui refuse de piocher sur les 193 milliards d’euros russes, par crainte des représailles – les banques étant majoritairement sur son sol. Une situation que regrette José Manuel Albares : "Nous avons été les premiers à dire que les avoirs gelés russes pouvaient être utilisés pour aider l'Ukraine et que le droit international nous permettait de considérer que cela constituait des réparations par anticipation".
Le ministre réaffirme d'ailleurs le soutien sans faille de son pays à l'Ukraine, qui s'exprime par l'aide humanitaire, l'accueil de 250 000 refugiés ukrainiens mais aussi l'aide militaire. Car, si l'Espagne refuse d’investir 5 % de son PIB dans la défense via sa participation dans l'Otan, "elle est passée de 0,9 % à 2 %" rappelle José Manuel Albares, qui précise que son pays est "un partenaire, un allié fiable avec une contribution historique : 3 000 soldats espagnols déployés dans plusieurs pays de l'Europe de l'Est et nos avions qui participent à assurer la sécurité du ciel de la Baltique et contre les drones russes".
Face au revirement du président américain Donald Trump qui impose désormais des sanctions sur le pétrole russe, tout comme les Européens, José Manuel Albares prône l'union des alliés : "Pour l'Ukraine comme pour Gaza, il faut travailler à la paix. Pour l’Ukraine, travailler sur la paix signifie faire pression sur les seuls qui ne veulent pas la paix ! Le président Zelensky a proposé un cessez-le-feu sans conditions mais les Russes et Vladimir Poutine ne le veulent pas". Envers la Chine, qui utilise la guerre commerciale contre l'Europe et ne souhaite pas la victoire de l'Ukraine, le ministre Albares estime qu'il faut utiliser l'arme diplomatique : "Il faut leur faire comprendre que le meilleur moyen de vivre en bon voisinage, c'est à travers la paix. Si le droit international est bafoué, si la Russie a finalement du succès, on donne un prix à l'agresseur et la guerre peut être un autre moyen de politique étrangère, comme jadis au XIXe siècle. Je pense que nous avons tous intérêt à travailler ensemble pour que cela ne se produise pas".
Croissance économique et paix sociale
Sur le plan intérieur, l'Espagne affiche de belles réussites avec un taux de croissance de 2,9 % – bien au-dessus de ses voisins comme la France (0,7 %) ou l'Allemagne (0,2 %). "Il y a beaucoup de travail derrière ces chiffres", explique le ministre Albares. "C’est la plus forte croissance de toutes les économies les plus avancées". Il se félicite aussi de la réduction du chômage, du contrôle du déficit et de la dette. "Mais surtout, ce qui est très important pour nous, c'est que nous avons fait cela avec de la paix sociale, grâce au dialogue social avec les syndicats et le patronat. Et ça nous permet, en même temps que la croissance macroéconomique et le contrôle des déficits et de la dette, une croissance du salaire minimum en Espagne de 60 % depuis qu'on est au gouvernement et des pensions minimum de 12 %". Le ministre souligne aussi que les fonds structurels européens aident le pays dans sa transformation vers une économie digitale, verte et sociale.
Sur la question migratoire, José Manuel Albares explique combien son pays se distingue de l'Italie de Giorgia Meloni : selon Frontex, sur les routes migratoires, l'Espagne a eu une réduction de 40 % du trafic cette année par rapport à l'année dernière, et de 60 % à travers les îles Canaries, la route la plus dangereuse pour arriver en Europe. "Je pense que face à l'immigration irrégulière, il faut dire la vérité aux citoyens. Les problèmes conjoncturels ont une solution. Les problèmes structurels ont une gestion. Tant que l'Afrique et l'Europe sont la frontière la plus inégale au monde, peu importe si c’est le PIB, la santé, l'éducation, il y aura toujours une migration irrégulière envers l'Europe".
Mais selon le ministre Albares, le modèle espagnol repose sur trois piliers : "Le premier, c'est un dialogue politique de très haut niveau avec nos partenaires africains comme le Maroc, le Sénégal, la Mauritanie ou la Gambie, pour citer quelques-uns des plus importants. Le deuxième, c'est une aide au développement que nous avons triplée envers les pays de l'Afrique de l'Ouest pour étayer leurs programmes de réformes économiques, pour donner des opportunités à sa jeunesse. Et le troisième, une coopération avec ces pays pour être terriblement durs avec les mafias qui pratiquent le trafic d'êtres humains".
Il conclut sur ce sujet : "Il faut dire la vérité, l'Europe a besoin d'une main d'œuvre qui vient d'ailleurs, et la plupart des étrangers rentrent en Europe de façon légale. L'immigration irrégulière est minoritaire et certainement faire l'amalgame immigration et délinquance est faux".
Sur ce sujet comme sur d’autres, le gouvernement espagnol s’oppose aux mouvements et partis d’extrême droite qui montent en Europe. Le ministre Albares fustige aussi les complaisances voire les alliances de la droite envers ces mouvements populistes, comme l’alliance de la droite radicale et du Parti populaire européen au Parlement européen ou au sein des différents pays de l'UE : "Chaque fois que la droite court derrière l'extrême droite, elle finit phagocytée par l'extrême droite. Quand elle copie ses méthodes, quand elle épouse ses valeurs, c'est l'Europe qui se détruit un peu parce que l'Europe repose sur des valeurs et ces valeurs ne sont pas de belles idées philosophiques. Ces valeurs sont les moteurs des années les plus grandes de l'Europe, de la paix et de la croissance. Si on nie l'égalité, la diversité, la justice sociale, on est en train de nier l'existence même de l'Europe. Et ils détruiront l'essence même, le cœur de l'Europe".
Emission préparée par Isabelle Romero, Oihana Almandoz et Perrine Desplats
By FRANCE 245
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Au lendemain d’un Conseil européen centré sur la question de l’aide à l’Ukraine, José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères, revient sur ce contexte international. Il évoque aussi la situation de son pays, dirigé par le socialiste Pedro Sanchez, à la tête d’une coalition des gauches qui fait figure d’exception et de contre-modèle dans de nombreux domaines.
Le dernier Conseil européen a voté un 19e paquet de sanctions contre la Russie et une interdiction des importations de gaz russe, mais la question des avoirs financiers russes reste bloquée. Cette fois, c'est la Belgique qui refuse de piocher sur les 193 milliards d’euros russes, par crainte des représailles – les banques étant majoritairement sur son sol. Une situation que regrette José Manuel Albares : "Nous avons été les premiers à dire que les avoirs gelés russes pouvaient être utilisés pour aider l'Ukraine et que le droit international nous permettait de considérer que cela constituait des réparations par anticipation".
Le ministre réaffirme d'ailleurs le soutien sans faille de son pays à l'Ukraine, qui s'exprime par l'aide humanitaire, l'accueil de 250 000 refugiés ukrainiens mais aussi l'aide militaire. Car, si l'Espagne refuse d’investir 5 % de son PIB dans la défense via sa participation dans l'Otan, "elle est passée de 0,9 % à 2 %" rappelle José Manuel Albares, qui précise que son pays est "un partenaire, un allié fiable avec une contribution historique : 3 000 soldats espagnols déployés dans plusieurs pays de l'Europe de l'Est et nos avions qui participent à assurer la sécurité du ciel de la Baltique et contre les drones russes".
Face au revirement du président américain Donald Trump qui impose désormais des sanctions sur le pétrole russe, tout comme les Européens, José Manuel Albares prône l'union des alliés : "Pour l'Ukraine comme pour Gaza, il faut travailler à la paix. Pour l’Ukraine, travailler sur la paix signifie faire pression sur les seuls qui ne veulent pas la paix ! Le président Zelensky a proposé un cessez-le-feu sans conditions mais les Russes et Vladimir Poutine ne le veulent pas". Envers la Chine, qui utilise la guerre commerciale contre l'Europe et ne souhaite pas la victoire de l'Ukraine, le ministre Albares estime qu'il faut utiliser l'arme diplomatique : "Il faut leur faire comprendre que le meilleur moyen de vivre en bon voisinage, c'est à travers la paix. Si le droit international est bafoué, si la Russie a finalement du succès, on donne un prix à l'agresseur et la guerre peut être un autre moyen de politique étrangère, comme jadis au XIXe siècle. Je pense que nous avons tous intérêt à travailler ensemble pour que cela ne se produise pas".
Croissance économique et paix sociale
Sur le plan intérieur, l'Espagne affiche de belles réussites avec un taux de croissance de 2,9 % – bien au-dessus de ses voisins comme la France (0,7 %) ou l'Allemagne (0,2 %). "Il y a beaucoup de travail derrière ces chiffres", explique le ministre Albares. "C’est la plus forte croissance de toutes les économies les plus avancées". Il se félicite aussi de la réduction du chômage, du contrôle du déficit et de la dette. "Mais surtout, ce qui est très important pour nous, c'est que nous avons fait cela avec de la paix sociale, grâce au dialogue social avec les syndicats et le patronat. Et ça nous permet, en même temps que la croissance macroéconomique et le contrôle des déficits et de la dette, une croissance du salaire minimum en Espagne de 60 % depuis qu'on est au gouvernement et des pensions minimum de 12 %". Le ministre souligne aussi que les fonds structurels européens aident le pays dans sa transformation vers une économie digitale, verte et sociale.
Sur la question migratoire, José Manuel Albares explique combien son pays se distingue de l'Italie de Giorgia Meloni : selon Frontex, sur les routes migratoires, l'Espagne a eu une réduction de 40 % du trafic cette année par rapport à l'année dernière, et de 60 % à travers les îles Canaries, la route la plus dangereuse pour arriver en Europe. "Je pense que face à l'immigration irrégulière, il faut dire la vérité aux citoyens. Les problèmes conjoncturels ont une solution. Les problèmes structurels ont une gestion. Tant que l'Afrique et l'Europe sont la frontière la plus inégale au monde, peu importe si c’est le PIB, la santé, l'éducation, il y aura toujours une migration irrégulière envers l'Europe".
Mais selon le ministre Albares, le modèle espagnol repose sur trois piliers : "Le premier, c'est un dialogue politique de très haut niveau avec nos partenaires africains comme le Maroc, le Sénégal, la Mauritanie ou la Gambie, pour citer quelques-uns des plus importants. Le deuxième, c'est une aide au développement que nous avons triplée envers les pays de l'Afrique de l'Ouest pour étayer leurs programmes de réformes économiques, pour donner des opportunités à sa jeunesse. Et le troisième, une coopération avec ces pays pour être terriblement durs avec les mafias qui pratiquent le trafic d'êtres humains".
Il conclut sur ce sujet : "Il faut dire la vérité, l'Europe a besoin d'une main d'œuvre qui vient d'ailleurs, et la plupart des étrangers rentrent en Europe de façon légale. L'immigration irrégulière est minoritaire et certainement faire l'amalgame immigration et délinquance est faux".
Sur ce sujet comme sur d’autres, le gouvernement espagnol s’oppose aux mouvements et partis d’extrême droite qui montent en Europe. Le ministre Albares fustige aussi les complaisances voire les alliances de la droite envers ces mouvements populistes, comme l’alliance de la droite radicale et du Parti populaire européen au Parlement européen ou au sein des différents pays de l'UE : "Chaque fois que la droite court derrière l'extrême droite, elle finit phagocytée par l'extrême droite. Quand elle copie ses méthodes, quand elle épouse ses valeurs, c'est l'Europe qui se détruit un peu parce que l'Europe repose sur des valeurs et ces valeurs ne sont pas de belles idées philosophiques. Ces valeurs sont les moteurs des années les plus grandes de l'Europe, de la paix et de la croissance. Si on nie l'égalité, la diversité, la justice sociale, on est en train de nier l'existence même de l'Europe. Et ils détruiront l'essence même, le cœur de l'Europe".
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