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Cette semaine, nous accueillons Roxana Minzatu, vice-présidente exécutive de la Commission européenne. En charge des emplois de qualité, des compétences et de la préparation aux changements, elle commente les défis à relever en 2025.
Grâce à de multiples plans de relance de l’emploi au sein de l’UE, le taux de chômage atteint aujourd’hui le niveau historiquement bas de 5,8 %. Ces progrès n’empêchent pas les Européens de s’inquiéter pour leur avenir sur le marché de l’emploi.
Roxana Mînzatu, vice-présidente exécutive de la Commission européenne, chargée des droits sociaux, des compétences et des emplois de qualité, reconnaît que "la pauvreté est malheureusement plus sérieuse" de nos jours. "Il est vrai que nous avons des emplois mais nous devons nous demander s'ils sont des emplois de qualité. [...] Nous devons réfléchir à comment faire pour qu’un emploi offre les ressources nécessaires à une personne pour pouvoir payer tout ce dont elle a besoin. Mon rôle dans la Commission européenne est de travailler avec les partenaires sociaux, les employeurs et les syndicats afin de prendre les mesures nécessaires pour soutenir les emplois de qualité dans tous les secteurs," explique la commissaire, issue du Parti social-démocrate roumain.
"Le niveau des jeunes n'est pas le même que celui des générations précédentes"Si le nombre de personnes sans emploi dans l’UE a baissé, le taux de chômage chez les jeunes s’élève à 15 %, soit deux fois plus que l'ensemble des travailleurs. Des chiffres qui montrent la difficulté à intégrer la nouvelle génération sur le marché de l’emploi. "Nous avons investi dans ce domaine mais ce n'est pas suffisant", admet la commissaire européenne. "Nous voyons que le niveau de compétences des jeunes n'est pas le même que celui des générations précédentes." Elle explique notamment cela par leur fascination des réseaux sociaux, et un manque de professeurs au niveau européen. "Nous devons travailler sur toutes ces dimensions : la qualité de l'emploi, le niveau de salaire et les moyens de rendre l'apprentissage plus accessible à tous", détaille-t-elle.
Une étude sur l’avenir du travail en Europe montre que 94 millions de personnes devront se reconvertir professionnellement d’ici 2030 en raison des progrès de l'automation et de l'intelligence artificielle. La commissaire européenne reconnaît un besoin "d’aider les employés à travailler avec cet assistant d’intelligence artificielle". Selon elle, cette adaptation à ces nouvelles technologies implique un meilleur niveau en mathématiques de la part des travailleurs : "Depuis dix ou quinze ans, nous avons un problème avec les compétences minimales en mathématiques. Comment pouvons-nous préparer les nouvelles générations pour l'automatisation et le numérique si nous avons ce problème systémique avec les mathématiques ? Nous avons besoin de talents qui ont de bonnes compétences en mathématiques. Je travaille également sur cela."
"Ils trouveront ici un endroit où ils sont libres de faire leur métier"La France, en partenariat avec la Commission européenne, a accueilli le 5 mai dernier la conférence Choose Europe for Science dont l’objectif est d’attirer des scientifiques du monde entier sur le Vieux Continent. Alors que l’administration américaine ampute le budget réservé à la recherche scientifique, l’UE appelle les chercheurs outre-Atlantique à "choisir l’Europe". Pour ce faire, elle met à disposition une enveloppe budgétaire de 500 millions d'euros pour la période 2025-2027.
À lire aussiAppel de Macron aux chercheurs américains : de grandes ambitions mais toujours pas de moyens
"L'Europe est un endroit où nous avons la liberté pour rechercher, penser, créer", explique Roxana Mînzatu. "Ce n'est pas seulement un message pour les Américains, c'est un message pour tous les chercheurs et chercheuses qui veulent choisir l'Europe pour leur travail. Ils trouveront ici un endroit où ils sont libres de faire leur métier, où ils auront un soutien financier aussi."
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L’UE a pourtant effectué des coupes budgétaires dans la recherche et l'enseignement supérieur ces dernières années. En France, ce poste de dépense a été amputé d’un milliard d’euros en 2025. Des dépenses supplémentaires qui apparaissent comme une contradiction pour certains acteurs du secteur. "C'est l'oxygène dont nous avons besoin dans les économies européennes pour avoir de nouvelles ressources dans les budgets", se défend Roxana Mînzatu faisant référence à l’arrivée de talents étrangers. "Pour favoriser la compétitivité de l'Europe, il y a un besoin de personnes, de travailleurs et travailleuses qui ont des compétences, qui sont éduquées. Il faut aussi de l'innovation, des nouveaux produits et services. [...] Nous ne pouvons pas être vulnérables, nous ne pouvons pas seulement consommer des services et des produits d'innovation qui viennent d'autres endroits dans le monde."
"Nous aurons des kits de survie spécifiques à chaque pays"Roxana Mînzatu est également chargée de la préparation et de l’anticipation des crises. L’Europe est-elle prête à faire face ? "Non, je crois que la réponse très courte est non", reconnait la commissaire. "Tout le monde dit que la préparation c'est seulement pour la guerre, mais non, c'est également pour tous les événements de tous type - climatiques, économiques - qui impliquent la survie des individus", poursuit-elle.
Au sujet des catastrophes climatiques, ou encore des coupures électriques qui ont frappé l’Espagne et le Portugal : "Nous avons vu ces événements et nous cherchons à mieux nous préparer pour que les familles, les individus, les entreprises ou les écoles aient les ressources et les équipements nécessaires pour gérer la situation. [...] Nous avons besoin d'investir dans l'information et l'éducation afin de préparer la population."
Dans ce sens, l’UE a présenté un kit de survie que tous les Européens devraient avoir chez eux pour être autonome pendant 72 heures en cas de crise. Il contient une liste d'une dizaine de produits jugés indispensables comme une bouteille d'eau, une lampe torche ou des allumettes. Une initiative qui a provoqué de l’anxiété chez de nombreux citoyens. "Les réactions sont différentes en fonction des pays", admet Roxana Mînzatu. "Nous allons travailler ensemble avec chaque État membre afin de comprendre les spécificités de chaque pays. [...] Les pays n’ont pas tous les mêmes défis. Nous devons impliquer les citoyens, les entreprises, les autorités locales. Toutes les institutions doivent avoir un rôle dans la préparation. Investir dans la préparation à la crise et pas dans la réaction à la crise coûte moins cher. Cela est plus efficace et sauve des vies", estime-t-elle.
"Nous avons besoin de plus d'éducation"Autre sujet de crise, celui de la désinformation, qui touche les Vingt-Sept de différentes manières. En Roumanie par exemple, la Cour constitutionnelle a annulé en décembre dernier le premier tour du scrutin présidentiel sur fond de soupçons d’ingérence russe.
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"Nous ne sommes pas préparés à la désinformation", s'inquiète la commissaire européenne. "Nous avons besoin de plus d'éducation. Nous voulons travailler avec les écoles, les universités, les États membres, afin de comprendre ce que sont les fake news." Avec cette idée en tête, la Commission européenne a présenté l'"Union des compétences", un projet regroupant plusieurs initiatives dans les domaines de l'éducation et de la formation. "L’une des compétences de base, c’est celle de la citoyenneté", conclut Roxana Mînzatu.
Émission préparée par Isabelle Romero, Oihana Almandoz, Perrine Desplats, Luke Brown.
By FRANCE 245
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Cette semaine, nous accueillons Roxana Minzatu, vice-présidente exécutive de la Commission européenne. En charge des emplois de qualité, des compétences et de la préparation aux changements, elle commente les défis à relever en 2025.
Grâce à de multiples plans de relance de l’emploi au sein de l’UE, le taux de chômage atteint aujourd’hui le niveau historiquement bas de 5,8 %. Ces progrès n’empêchent pas les Européens de s’inquiéter pour leur avenir sur le marché de l’emploi.
Roxana Mînzatu, vice-présidente exécutive de la Commission européenne, chargée des droits sociaux, des compétences et des emplois de qualité, reconnaît que "la pauvreté est malheureusement plus sérieuse" de nos jours. "Il est vrai que nous avons des emplois mais nous devons nous demander s'ils sont des emplois de qualité. [...] Nous devons réfléchir à comment faire pour qu’un emploi offre les ressources nécessaires à une personne pour pouvoir payer tout ce dont elle a besoin. Mon rôle dans la Commission européenne est de travailler avec les partenaires sociaux, les employeurs et les syndicats afin de prendre les mesures nécessaires pour soutenir les emplois de qualité dans tous les secteurs," explique la commissaire, issue du Parti social-démocrate roumain.
"Le niveau des jeunes n'est pas le même que celui des générations précédentes"Si le nombre de personnes sans emploi dans l’UE a baissé, le taux de chômage chez les jeunes s’élève à 15 %, soit deux fois plus que l'ensemble des travailleurs. Des chiffres qui montrent la difficulté à intégrer la nouvelle génération sur le marché de l’emploi. "Nous avons investi dans ce domaine mais ce n'est pas suffisant", admet la commissaire européenne. "Nous voyons que le niveau de compétences des jeunes n'est pas le même que celui des générations précédentes." Elle explique notamment cela par leur fascination des réseaux sociaux, et un manque de professeurs au niveau européen. "Nous devons travailler sur toutes ces dimensions : la qualité de l'emploi, le niveau de salaire et les moyens de rendre l'apprentissage plus accessible à tous", détaille-t-elle.
Une étude sur l’avenir du travail en Europe montre que 94 millions de personnes devront se reconvertir professionnellement d’ici 2030 en raison des progrès de l'automation et de l'intelligence artificielle. La commissaire européenne reconnaît un besoin "d’aider les employés à travailler avec cet assistant d’intelligence artificielle". Selon elle, cette adaptation à ces nouvelles technologies implique un meilleur niveau en mathématiques de la part des travailleurs : "Depuis dix ou quinze ans, nous avons un problème avec les compétences minimales en mathématiques. Comment pouvons-nous préparer les nouvelles générations pour l'automatisation et le numérique si nous avons ce problème systémique avec les mathématiques ? Nous avons besoin de talents qui ont de bonnes compétences en mathématiques. Je travaille également sur cela."
"Ils trouveront ici un endroit où ils sont libres de faire leur métier"La France, en partenariat avec la Commission européenne, a accueilli le 5 mai dernier la conférence Choose Europe for Science dont l’objectif est d’attirer des scientifiques du monde entier sur le Vieux Continent. Alors que l’administration américaine ampute le budget réservé à la recherche scientifique, l’UE appelle les chercheurs outre-Atlantique à "choisir l’Europe". Pour ce faire, elle met à disposition une enveloppe budgétaire de 500 millions d'euros pour la période 2025-2027.
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"Nous aurons des kits de survie spécifiques à chaque pays"Roxana Mînzatu est également chargée de la préparation et de l’anticipation des crises. L’Europe est-elle prête à faire face ? "Non, je crois que la réponse très courte est non", reconnait la commissaire. "Tout le monde dit que la préparation c'est seulement pour la guerre, mais non, c'est également pour tous les événements de tous type - climatiques, économiques - qui impliquent la survie des individus", poursuit-elle.
Au sujet des catastrophes climatiques, ou encore des coupures électriques qui ont frappé l’Espagne et le Portugal : "Nous avons vu ces événements et nous cherchons à mieux nous préparer pour que les familles, les individus, les entreprises ou les écoles aient les ressources et les équipements nécessaires pour gérer la situation. [...] Nous avons besoin d'investir dans l'information et l'éducation afin de préparer la population."
Dans ce sens, l’UE a présenté un kit de survie que tous les Européens devraient avoir chez eux pour être autonome pendant 72 heures en cas de crise. Il contient une liste d'une dizaine de produits jugés indispensables comme une bouteille d'eau, une lampe torche ou des allumettes. Une initiative qui a provoqué de l’anxiété chez de nombreux citoyens. "Les réactions sont différentes en fonction des pays", admet Roxana Mînzatu. "Nous allons travailler ensemble avec chaque État membre afin de comprendre les spécificités de chaque pays. [...] Les pays n’ont pas tous les mêmes défis. Nous devons impliquer les citoyens, les entreprises, les autorités locales. Toutes les institutions doivent avoir un rôle dans la préparation. Investir dans la préparation à la crise et pas dans la réaction à la crise coûte moins cher. Cela est plus efficace et sauve des vies", estime-t-elle.
"Nous avons besoin de plus d'éducation"Autre sujet de crise, celui de la désinformation, qui touche les Vingt-Sept de différentes manières. En Roumanie par exemple, la Cour constitutionnelle a annulé en décembre dernier le premier tour du scrutin présidentiel sur fond de soupçons d’ingérence russe.
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"Nous ne sommes pas préparés à la désinformation", s'inquiète la commissaire européenne. "Nous avons besoin de plus d'éducation. Nous voulons travailler avec les écoles, les universités, les États membres, afin de comprendre ce que sont les fake news." Avec cette idée en tête, la Commission européenne a présenté l'"Union des compétences", un projet regroupant plusieurs initiatives dans les domaines de l'éducation et de la formation. "L’une des compétences de base, c’est celle de la citoyenneté", conclut Roxana Mînzatu.
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