À la tête de l’État sud-africain, Frederik De Klerk respecte les engagements pris par son prédécesseur Peter Botha et libère les prisonniers condamnés à la perpétuité avec Nelson Mandela, tels que ses compagnons Walter Sisulu, Raymond Mhlaba et Ahmed Kathrada. Mais il va plus loin en prenant une décision tout aussi symbolique, l’abrogation de la fameuse Reservation of Separate Amenities Act, la loi qui légalise la ségrégation raciale des locaux, véhicules et services publics.

Si tout semblait prédestiner Frederik Willem De Klerk, petit-fils d’un des fondateurs du National Party sud-africain, initiateur du sinistre régime d’apartheid, à une belle carrière politique, rien a priori ne laissait penser qu’il serait l’acteur de la fin du système. Surtout que pendant de nombreuses décennies, il aura été de tous les gouvernements racistes et violents qui ont géré l’Afrique du Sud. Il croyait au système de la ségrégation.

À l'ouverture de la séance du Parlement sud-africain, le 2 février 1990, l'annonce fait l'effet d'une bombe. Cette fois, c'est officiel, c'est le président Frederik De Klerk lui-même qui l'annonce : Nelson Mandela va être libéré. C'est manifestement l'évènement planétaire que tous attendaient, celui pour qui l'ensemble de la planète s'est mobilisé.

Adrien Houngbédji, le Premier ministre nommé par Mathieu Kérékou, jette l’éponge. L’homme se sent marginalisé, peu respecté par les ministres et peu soutenu par le président. En 1999, il est élu président de l’Assemblée nationale, acquise à l’opposition. Chaque camp affûte ses armes. Tous les coups ou presque sont permis en cette période pré-électorale. Comment Mathieu Kérékou va-t-il gérer cette nouvelle donne ?

1996. Mathieu Kérékou surprend la Communauté internationale en remportant très démocratiquement l’élection présidentielle, cinq ans après son éviction du pouvoir. Cette fois, l’ancien marxiste-léniniste devient le chantre de la démocratie à l’occidentale et s’engage à respecter les institutions. Dans la foulée, il nomme un Premier ministre, Adrien Houngbédji, candidat malheureux arrivé à la 3ème place au 1er tour du scrutin.

Le 11 décembre 1990, une nouvelle loi fondamentale, celle de la Vème République, est promulguée au Bénin après son adoption par voie référendaire. Elle a pour trame la démocratie et l’État de droit et opte pour un régime républicain présidentiel avec la séparation des trois pouvoirs : l’exécutif, le législatif et le judiciaire.

En février 1990, les Béninois, lassés de la révolution marxiste-léniniste, réclament du changement.

En 1988, le Bénin va mal. Les banques sont en faillite. En cinq ans, la Banque Commerciale du Bénin a perdu à elle seule l’équivalent de 42 fois son capital. Les autres établissement bancaires sont en redressement judiciaire. Le gouvernement ne parvient plus à payer les salaires des 50 000 fonctionnaires, ni les bourses des étudiants. Le pays est placé sous la tutelle du Fonds monétaire international.

30 novembre 1975. Le Dahomey, nom jugé à consonance trop coloniale, est rebaptisé Bénin. Après l’instabilité politique et sociale qui règne dans le pays depuis son accession à l’indépendance, les officiers supérieurs renversent le régime civil avec son conseil présidentiel et décident d’instaurer l’option marxiste-léniniste. À sa tête, un certain commandant Mathieu Kérékou.

Mathieu Kérékou, surnommé le «Caméléon» en raison de ses multiples revirements, aura passé près de trois décennies à la tête du Bénin. Le regard souvent dissimulé derrière des lunettes aux verres fumés, l'ancien putschiste dahoméen reconnaît l'échec du modèle marxiste-léniniste et instaure le multipartisme en 1990, suite à une Conférence nationale souveraine inédite sur le continent.