C’est la nouvelle lubie du moment : les Starter Packs GPT pullulent sur les réseaux sociaux. Ces images, générées par intelligence artificielle, représentent les utilisateurs comme des figurines entourées d’objets censés refléter leur personnalité. Ludique, créatif, parfois très drôle : la tendance séduit autant les particuliers que les marques et les influenceurs, qui rivalisent d’imagination pour publier leur propre kit visuel.
Mais derrière ce phénomène viral se cachent des enjeux bien plus lourds que quelques accessoires numériques. Car pour créer ces visuels personnalisés, il faut plus que de l’inspiration : il faut des ressources techniques colossales. L’IA de ChatGPT, à l’origine de ces créations, fonctionne grâce à des infrastructures très gourmandes en énergie. On estime que chaque image générée consomme autant que recharger un smartphone à moitié… et entre 2 à 5 litres d’eau sont nécessaires pour refroidir les serveurs qui font tourner ces modèles. À l’échelle mondiale, cela devient vertigineux.
Et ce n’est pas tout : pour générer un Starter Pack personnalisé, l’utilisateur fournit des données personnelles – prénom, centres d’intérêt, parfois même des photos. Des informations sensibles, qui peuvent être stockées et utilisées, parfois sans que l’internaute en soit pleinement conscient. Par défaut, OpenAI conserve les échanges sauf paramétrage contraire. Comme le souligne Daria Viktorova, juriste spécialisée en IA, « ce qui reste après la mode, ce sont les données partagées – et c’est là que se joue l’enjeu majeur ».
La transparence des entreprises d’IA sur ce sujet est souvent pointée du doigt. Certains utilisateurs sur Reddit ou des spécialistes comme Marion Mary dénoncent l’opacité des conditions générales, bien souvent illisibles pour le grand public. Et même en Europe, où le RGPD encadre partiellement l’usage des données, la législation peine à suivre le rythme des IA génératives. L’Union européenne prépare l’AI Act, un texte censé renforcer la régulation de l’intelligence artificielle. Mais en attendant, les questions restent nombreuses : qui est responsable si un visuel contient un contenu offensant ? L’utilisateur ? La plateforme ? Le développeur ? Et surtout : quelle place reste-t-il aux artistes humains ? Car oui, cette vague numérique menace aussi les créateurs. Sur Instagram, Sophie, une jeune illustratrice niçoise, interpelle la ville de Nice : pourquoi ne pas faire appel à de vrais artistes, comme on consulte un médecin pour une angine ? Derrière le divertissement, une vraie crise de valeurs se profile.
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