Le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, prend les commandes d’un pays affaibli économiquement, entre croissance à l’arrêt, industrie en souffrance et incertitudes commerciales. Il promet une rupture en investissant massivement dans les infrastructures. Une relance à haut risque.
Friedrich Merz arrive au pouvoir au moment où l’Allemagne cale. La première économie européenne est à l’arrêt : après deux années de récession, la croissance est attendue à 0 % en 2025. Un choc pour un pays dont l'économie repose sur la production industrielle et les exportations. L’automobile, secteur emblématique, subit de plein fouet la concurrence chinoise. Et à l’horizon : la menace d’une nouvelle guerre commerciale, avec Donald Trump de retour à la Maison Blanche et des droits de douane sur les voitures européennes dans le viseur.
Face à ce contexte morose, le nouveau chancelier allemand veut frapper fort. Il promet un vaste plan de relance, qualifié de “double bazooka”. Deux volets : la défense, avec un effort équivalant à 3 % du PIB, et les infrastructures, qui bénéficieront d’un programme de 500 milliards d’euros sur douze ans. Routes, rails, hôpitaux, écoles, 5G… L’Allemagne tente de combler un retard criant, hérité de décennies de sous-investissement.
Pour financer ce plan, Merz ose briser un tabou qui lui coûte cependant déjà plusieurs points dans les enquêtes d'opinion : la suspension du “frein à la dette”, cette règle constitutionnelle qui limite strictement le déficit public. Une commission doit d’ailleurs proposer une réforme durable de ce mécanisme d’ici la fin de l’année. L’Allemagne, relativement peu endettée, dispose en effet d’une marge de manœuvre que ses voisins n’ont plus.
À ses côtés, la nouvelle ministre de l’Économie, Katherina Reiche, issue du secteur de l’énergie, symbolise cette volonté de modernisation. Mais la route est semée d’embûches : pénurie de main-d’œuvre dans le BTP, risque d’inflation, hausse des taux d’intérêt… La reprise, espérée en 2026, n’est pas garantie.