1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray clôture son cycle en proposant une relecture critique de la Révolution française. Il met en évidence l’existence de deux révolutions : une révolution bourgeoise, qui a triomphé, et une révolution populaire, qui a été écrasée. Onfray déconstruit les récits officiels et analyse comment les historiographies successives ont occulté certains aspects fondamentaux de cet événement majeur.
2. Une révolution philosophique ou économique ?
Le mythe des philosophes précurseurs
Onfray s’attaque à l’idée largement répandue selon laquelle la Révolution française aurait été préparée par les philosophes des Lumières (Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Diderot). Il remet en cause cette vision en soulignant que :
* La circulation des livres était limitée au XVIIIe siècle.
* Les romans populaires étaient plus lus que les traités philosophiques.
* L’association entre Lumières et Révolution est une construction rétrospective.
Un bouleversement économique avant tout
Plutôt qu’un triomphe des idées, Onfray insiste sur les tensions économiques qui ont conduit à la Révolution :
* Les mauvaises récoltes et la crise alimentaire ont exacerbé le mécontentement.
* Les revendications fiscales ont structuré les oppositions.
* La montée en puissance de la bourgeoisie marchande a cherché à se débarrasser des privilèges aristocratiques.
3. La victoire de la révolution bourgeoise
L’Assemblée nationale et la confiscation du pouvoir
Onfray explique comment la Révolution a été prise en main par la bourgeoisie montante, qui a rapidement évincé les forces populaires. Il met en avant :
* Les États généraux et la Déclaration des droits de l’homme, qui consacrent la primauté de la propriété privée.
* La loi Le Chapelier (1791), qui interdit les syndicats ouvriers et protège les intérêts des patrons.
* La répression des révoltes populaires, notamment contre les sans-culottes et les mouvements radicaux.
Robespierre : un bourgeois radical, pas un révolutionnaire social
Onfray critique l’image de Robespierre en révolutionnaire du peuple, en soulignant :
* Son attachement à l’ordre bourgeois.
* Son rôle dans la suppression des Hébertistes et des Enragés, les factions les plus radicales.
* Son culte de l’Être suprême, qui réintroduit une forme de religiosité d’État.
4. La révolution populaire écrasée
Les courants révolutionnaires radicaux
Onfray met en lumière des figures oubliées ou marginalisées :
* Les sans-culottes, qui prônaient une véritable démocratie sociale.
* Les Enragés, mouvement radical revendiquant l’égalité économique.
* Les féministes révolutionnaires, comme Olympe de Gouges et Claire Lacombe.
* Les Babouvistes, partisans d’une société égalitaire et collective.
La répression thermidorienne et le retour à l’ordre
Après la chute de Robespierre en 1794, la bourgeoisie triomphe définitivement :
* La suppression des mesures sociales prises sous la pression populaire.
* L’exécution ou la marginalisation des révolutionnaires radicaux.
* L’ascension de Napoléon, qui scelle la victoire d’une révolution conservatrice.
5. Une histoire réécrite par les vainqueurs
La construction du récit officiel
Onfray insiste sur la manière dont l’histoire a été écrite par les vainqueurs :
* La mise en avant de Voltaire et Rousseau comme figures fondatrices.
* L’oubli des penseurs et acteurs radicaux.
* La réduction de la Révolution à une victoire de la liberté et de la démocratie, alors qu’elle fut aussi un triomphe de la bourgeoisie capitaliste.
Vers une révolution inachevée ?
Selon Onfray, la Révolution française est un processus non achevé :
* La révolution politique a réussi, mais pas la révolution sociale.
* Les inégalités de classes persistent sous des formes renouvelées.
* La mémoire de la Révolution populaire reste occulte, servant de mythe mobilisateur à des luttes futures.
💡 Conclusion
Michel Onfray propose une relecture critique de la Révolution française en distinguant une révolution bourgeoise qui a triomphé et une révolution populaire qui a été écrasée. Il invite à repenser cet événement non comme un aboutissement, mais comme un combat inachevé, dont l’héritage continue de structurer les débats politiques contemporains.
📚 Philosophes mentionnés
* Platon (env. 428 av. J.-C. – 348 av. J.-C.) — Philosophe idéaliste, influençant la pensée politique.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778) — Philosophe des Lumières, théoricien du contrat social.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste, critique du christianisme et défenseur d’une éthique rationaliste.
* Donatien Alphonse François de Sade (1740 – 1814) — Écrivain et philosophe matérialiste, partisan d’une vision féodale et radicale du pouvoir.
* Gracchus Babeuf (1760 – 1797) — Révolutionnaire radical, inspirateur du communisme.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du christianisme.
* Hannah Arendt (1906 – 1975) — Philosophe politique, spécialiste du totalitarisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
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