Le climat reste un moteur important des marchés, comme le prouve l'intérêt porté à la météo en Russie ces dernières semaines. Les cultures du plus grand exportateur de blé ont souffert, les prévisions de production viennent encore d’être revues à la baisse et jouent sur les cours du blé.

Depuis le printemps, les terres agricoles de Russie ont été mises à rude épreuve par de fortes sècheresses d’abord, puis des épisodes de gel qui se sont prolongés jusqu’au mois de mai, des gelées qui auraient affecté entre 15 et 30% des céréales d'hiver, selon les régions, d’après les déclarations du chef de l'Union des céréales de Russie.

Cette situation est jugée suffisamment préoccupante pour que Moscou décrète l’état d’urgence dans dix régions, y compris dans la zone occupée de Louhansk comme le rapporte FranceAgriMer dans son dernier point mensuel. 

Une production en baisse

Dans ce contexte, les analystes ont pour la plupart revu leurs prévisions de production à la baisse : « Le consensus s’est nettement éloigné des 90 millions de tonnes (Mt) pour se rapprocher dangereusement des 80 Mt », résumait il y a deux semaines Arthur Portier, consultant chez Argus Media.

Le ministère américain de l’Agriculture (USDA) vient de lui donner raison en rabaissant son estimation de blé russe à 83 millions de tonnes, contre 88 le mois dernier, soit un plus bas depuis trois ans.

La diminution de la récolte pourrait se traduire également par un volume à l’exportation amputée d’une dizaine de millions de tonnes environ, selon Marc Zribi, chef de l’unité Grains et sucre de FranceAgriMer.

Des flux commerciaux incertains en 2024/2025

Le pays restera un fournisseur majeur de blé l’année prochaine mais va devoir élargir son fichier clients car certains d'entre eux vont faire défaut et pas des moindres : d’abord la Turquie, qui a suspendu jusqu’à mi-octobre ses importations de blé et l’Union européenne qui met en place des droits de douane dissuasifs sur les grains russes.

Comme souvent sur les marchés, l’incertitude qui se profile et l’idée même de voir l’offre mondiale se resserrer dans quelques mois ont suffi à faire grimper les cours : sur le mois écoulé, la moyenne des prix a progressé entre 5 et 8% selon les origines, d'après FranceAgriMer.

En réponse au dernier appel d’offre égyptien daté du 10 juin, l’offre la plus basse, venue d'Ukraine, s’affichait à 243 dollars la tonne. En Europe, le blé a retrouvé fin mai ses niveaux d’il y a un an.