À cause d’une sécheresse qui dure depuis près de sept ans dans le royaume, associée à de forts pics de chaleur l’an dernier, les prix de l’huile d’olive ont atteint des sommets ces derniers mois pour les Marocains. Sur les marchés mondiaux en revanche, l’amélioration de la production chez d’importants pays exportateurs comme l’Espagne devrait permettre de renflouer les stocks et faire baisser les prix.
Les Marocains doivent acheter entre 80 et 105 dirhams leur huile d’olive en janvier 2025 (7,70 à 10,10€) environ, près de deux fois plus qu'il y a deux ans. En cause, une récolte particulièrement mauvaise cette saison, moitié moins importante qu'une année normale. La cueillette, commencée en octobre, se poursuit jusqu'à la fin du mois de janvier et le Maroc pourrait ainsi voir chuter sa production d'huile d'olive à 80 000 tonnes, estime l'Interprofession marocaine de l'olive. Des niveaux « très bas », pointe son président, Rachid Benali.
Certains oliviers n'ont «
pas du tout fleuri »
Cette faible production est une conséquence directe de la sécheresse qui touche le Maroc depuis près de sept ans. Les parcelles irriguées auraient dû être arrosées plus longtemps dans l'année, ce qui a été impossible l'an dernier vu l'état des réserves en eau. Quant aux 80% d'oliveraies qui ne sont pas irriguées habituellement, elles n'ont pas reçu assez de pluie.
La faiblesse de la récolte s’explique aussi par le fait que la sécheresse a été combinée à des pics de chaleur très importants en 2024, y compris hors saison. De fortes chaleurs ont ainsi coïncidé avec la période de floraison de la variété la plus répandue dans le pays, la picholine marocaine. Certains arbres n'ont « pas du tout fleuri » ou bien leurs olives ont séché sur l'arbre avant d'arriver à maturité. Une situation d’une ampleur « inédite », s'alarme Rachid Benali.
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Des importations pour répondre à la demande nationale
Pour freiner la hausse des prix et répondre à la consommation nationale, le gouvernement marocain a établi des quotas d'importation, jusqu'à 20 000 tonnes d'huile pour 2025, ce qui devrait permettre de stabiliser les prix, estime l'interprofession. Pour une éventuelle baisse, il faudra attendre, au mieux, la prochaine récolte.
Sur le marché mondial, une baisse des prix attendue en 2025
La situation marocaine ne devrait toutefois pas perturber le marché mondial. Après deux années difficiles, liées là aussi à la sécheresse (qui a touché durement la Grèce par exemple), la production à l'échelle de la planète va augmenter de près de 30% cette saison 2024-2025, anticipe le Conseil oléicole international (COI), pour revenir à des niveaux moyens. Car la récolte a été meilleure en Europe, et en particulier en Espagne, pays prescripteur de prix en tant que premier producteur et exportateur mondial.
Hors du Maroc, les prix de l'huile d'olive devraient ainsi baisser pour les consommateurs. L’huile pourrait même s’échanger à « environ 4 euros le kilo en vrac en moyenne » contre 8 euros encore en septembre dernier, ajoute Abdellatif Ghedira, l'ancien président du Conseil oléicole international. De quoi faire revenir des consommateurs qui s'étaient tournés vers d'autres huiles végétales, moins chères. De quoi également renflouer — au moins en partie — les stocks, qui étaient au plus bas après ces deux années de faible production et de prix élevés sur les marchés mondiaux.
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