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Le dérèglement du climat pousse les poissons à fuir leurs zones habituelles. Si certains pays y voient de nouvelles opportunités halieutiques, ailleurs, les pêcheries s'effondrent. Le déplacement des stocks marins bouleverse un équilibre déjà fragilisé.
Depuis quelques décennies, les océans se réchauffent : +1°C en moyenne depuis l'ère industrielle, avec des hausses particulièrement marquées dans certaines régions comme l'Atlantique Nord-Est ou les côtes ouest-africaines. Sensibles à ces variations de températures, les poissons migrent vers des eaux plus froides, soit vers le nord, soit vers les profondeurs. On estime qu'ils se déplacent de 40 à 45 kilomètres par décennie. Une vitesse trop rapide pour les communautés côtières dépendantes de la pêche.
Un exemple marquant : la sardinelle ronde, un poisson-clé pour la consommation locale en Afrique de l'Ouest, a vu son aire de répartition se décaler de 180 kilomètres en deux décennies. Au Sénégal, les prises ont chuté de 70 à 80%, mettant en péril emplois, revenus et sécurité alimentaire. Au Ghana, les débarquements de petits pélagiques ont diminué de 59%.
Des opportunités en eaux plus froidesPour d'autres régions, les mouvements des stocks halieutiques peuvent représenter des occasions inédites. Des espèces jusque-là absentes deviennent capturables à des latitudes nouvelles. Le merlu et le maquereau abondent désormais en Islande ou en mer de Norvège. Le rouget méditerranéen est lui désormais observé en mer du Nord.
Ce phénomène s'accompagne d'une « tropicalisation » des populations de poissons, avec une augmentation des espèces d'eaux chaudes. Certaines zones comme les profondeurs de la mer du Nord ou les côtes atlantiques du Royaume-Uni pourraient devenir des refuges climatiques, accueillant une biodiversité capable de soutenir une pêche plus durable.
Des pertes bien plus lourdesCes déplacements ne sont pourtant pas une bonne nouvelle pour tous. Car ce que l'on gagne en diversité locale peut masquer la perte d'espèces essentielles au fonctionnement des écosystèmes. Les pêcheries, elles, doivent s'adapter vite, et n'y parviennent pas toujours. Les infrastructures, les compétences, les marchés sont remis en causes. En Afrique de l'Ouest, certaines communautés abandonnent déjà la pêche.
À cela s'ajoute la surexploitation, la pêche illégale et des techniques destructrices qui aggravent l'effet du réchauffement. Ce dernier a également des effets sur la physiologie des poissons : ils atteignent la maturité plus tôt, mais à une taille réduite, avec une mortalité naturelle accrue. Ces changements biologiques compromettent la régénération des populations. Ainsi, face au changement du climat et aux activités humaines, si certaines zones peuvent temporairement bénéficier de conditions nouvelles, le bilan global est largement négatif.
À lire aussiCommunautés de pêcheurs ouest-africaines, menace sur la ressource
By RFI5
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Le dérèglement du climat pousse les poissons à fuir leurs zones habituelles. Si certains pays y voient de nouvelles opportunités halieutiques, ailleurs, les pêcheries s'effondrent. Le déplacement des stocks marins bouleverse un équilibre déjà fragilisé.
Depuis quelques décennies, les océans se réchauffent : +1°C en moyenne depuis l'ère industrielle, avec des hausses particulièrement marquées dans certaines régions comme l'Atlantique Nord-Est ou les côtes ouest-africaines. Sensibles à ces variations de températures, les poissons migrent vers des eaux plus froides, soit vers le nord, soit vers les profondeurs. On estime qu'ils se déplacent de 40 à 45 kilomètres par décennie. Une vitesse trop rapide pour les communautés côtières dépendantes de la pêche.
Un exemple marquant : la sardinelle ronde, un poisson-clé pour la consommation locale en Afrique de l'Ouest, a vu son aire de répartition se décaler de 180 kilomètres en deux décennies. Au Sénégal, les prises ont chuté de 70 à 80%, mettant en péril emplois, revenus et sécurité alimentaire. Au Ghana, les débarquements de petits pélagiques ont diminué de 59%.
Des opportunités en eaux plus froidesPour d'autres régions, les mouvements des stocks halieutiques peuvent représenter des occasions inédites. Des espèces jusque-là absentes deviennent capturables à des latitudes nouvelles. Le merlu et le maquereau abondent désormais en Islande ou en mer de Norvège. Le rouget méditerranéen est lui désormais observé en mer du Nord.
Ce phénomène s'accompagne d'une « tropicalisation » des populations de poissons, avec une augmentation des espèces d'eaux chaudes. Certaines zones comme les profondeurs de la mer du Nord ou les côtes atlantiques du Royaume-Uni pourraient devenir des refuges climatiques, accueillant une biodiversité capable de soutenir une pêche plus durable.
Des pertes bien plus lourdesCes déplacements ne sont pourtant pas une bonne nouvelle pour tous. Car ce que l'on gagne en diversité locale peut masquer la perte d'espèces essentielles au fonctionnement des écosystèmes. Les pêcheries, elles, doivent s'adapter vite, et n'y parviennent pas toujours. Les infrastructures, les compétences, les marchés sont remis en causes. En Afrique de l'Ouest, certaines communautés abandonnent déjà la pêche.
À cela s'ajoute la surexploitation, la pêche illégale et des techniques destructrices qui aggravent l'effet du réchauffement. Ce dernier a également des effets sur la physiologie des poissons : ils atteignent la maturité plus tôt, mais à une taille réduite, avec une mortalité naturelle accrue. Ces changements biologiques compromettent la régénération des populations. Ainsi, face au changement du climat et aux activités humaines, si certaines zones peuvent temporairement bénéficier de conditions nouvelles, le bilan global est largement négatif.
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