Malcolm Little à l’état civil, Malcolm X pour l’idole, Al-Hadj Al Shabbaz un temps pour la fraternité musulmane… Afrique, mémoires d’un continent vous raconte l’histoire d’un homme aux multiples visages, d’un orateur et prédicateur hors-pair, son destin et son héritage en terres africaines, ses liens avec toute une génération à l’avant-garde pour le droit des Noirs.
Avec la participation de Sarah Fila-Bakabadio, historienne en études américaines et afro-américaines et maîtresse de conférences à CY Cergy Paris Université et de Romuald Fonkoua, universitaire et rédacteur en chef de Présence Africaine.
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Elgas : Le regard entre Malcolm X et Martin Luther King, ces deux hommes ennemis, était-ce instrumentalisé ou y avait-il une vraie animosité entre les deux hommes ?
Romuald Fonkoua : Comme en politique toujours, il y a de l'animosité. Et je pense que ces deux figures sont deux figures politiques de l'Amérique noire de cette époque-là qui sont en concurrence face au public du monde noir américain, mais qui aussi sont en opposition. Et ils sont en opposition je crois sur la question religieuse, l'un est pasteur l'autre ne l'est pas. Et donc évidemment, le pasteur ne peut pas prêcher autre chose que la non-violence, ne peut pas prêcher autre chose que l'amour, autre chose que la fraternité entre tous les hommes de la terre. Mais enfin cette fraternité, c'est un peu hors-sol si j'ose dire, parce qu'au fond c'est prêcher en dehors des contraintes qui sont des contraintes sociales. Malcolm X a les pieds dans l'esclavage, dans la violence. Il a subi une violence qui, dans son bas âge, est une violence radicale, à laquelle il ne peut répondre que de façon radicale. En découvrant l'Islam, une religion qui d'une certaine façon ne conteste pas la violence en tant que telle.
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Programmation musicale :
- Sinnerman, de Nina Simone.