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Very Good Trip va vous raconter ce qu’on pourrait décrire comme la naissance d’une mission. Dont l’universalité s’est imposée partout dans le monde. Et comme il est primordial de ressentir les choses, et de les ressentir fortement, avant de les connaître, on va plonger dans l’ambiance fervente d’un concert de 1975.
Depuis le début de ce feuilleton estival, j’ai tiré pas mal de fils et le temps est peut-être venu de les rassembler.
Alors, je reprends. La Jamaïque, déjà. À peu près la surface de la Corse. Mais enfin une Corse qui aurait, je dis ça pour l’image, pivoté d’un quart de tour, de la verticale à l’horizontale, une Corse qu’on aurait jetée dans la mer des Caraïbes, à environ cent cinquante kilomètres de la côte sud de Cuba, loin à l’ouest d’Haïti. Et où une population huit fois plus importante que celle de la Corse se serait implantée. Pas loin de deux millions d’habitants.
Au début des années 1970, 9 Jamaïcains sur 10 sont des descendants d’esclaves jadis arrachés par des négriers aux terres africaines du golfe de Guinée pour venir cultiver la canne à sucre. Ces habitants parlent de ce qu’ils appellent eux-mêmes le patwa, un créole jamaïcain totalement incompréhensible en dehors de l’île.
Quand Bob Marley y grandit, il règne une forme d’apartheid qui ne dit pas son nom. Depuis 1962, année de l’indépendance, indépendance par rapport à la Couronne britannique, bien sûr, les Premiers ministres jamaïcains sont Blancs ou bien font la politique des Blancs. Hugh Shearer, Premier ministre, de 1967 à 1972, est issu des classes moyennes noires. Celui-ci réprime avec fermeté ceux qui prônent l’autonomie et le séparatisme de la population noire, en premier lieu les leaders Rastas. Shearer est membre du JLP, le Jamaïca Labour Party, un parti conservateur comme son nom ne l’indique pas.
En 1972, la politique jamaïcaine prendra un tournant spectaculaire lorsque Michael Manley, le leader du parti opposé, le People’s National Party, le PNP, un socialiste, arrive au pouvoir pour appliquer une tout autre politique. Marley est un Blanc, il est de plus le fils d’un gouverneur britannique de la période coloniale, c’est intéressant à souligner. J’y reviendrai, parce que l’histoire de Bob Marley et des Wailers est profondément imbriquée dans les conflits et rivalités politiques de l’île entre JLP et PNP et leurs hommes de main, aussi violents et corrompus d’un côté comme de l’autre.
Bref, la Jamaïque est un pays dont les touristes apprécient les plages immaculées, plantées de cocotiers, les paysages luxuriants et les montagnes où l’on va trouver la fraîcheur. Mais, pour beaucoup de ceux qui habitent en Jamaïque, cette île est une misère dont on cherche à s’enfuir. Pour ceux-là, les États-Unis représentent l’espoir d’une vie meilleure.
Playlist :
Bob Marley & the Wailers :
« Them Belly Full (But We Hungry) - Live at the Lyceum, London/1975 » extrait de l’album « Live ! (Deluxe Edition) »
Bob Marley & the Wailers
« Rebel Music (3 O’Clock Roadblock) » extrait de l’album « Live! (Deluxe Edition) »
« Natty Dread » extrait de l’album pirate « Live at the Quiet Knight Club, Chicago June 10th, 1975 - WXRT FM Broadcast »
« Talkin’ Blues » extrait de l’album « Talkin’ Blues »
« Midnight Ravers » enregistrement pirate live at the Boarding House, San Francisco, CA, July 7th, 1975 – KSAN- FM »
« No Woman, No Cry » - Live at the Lyceum, London/1975 » extrait de l’album « Live! (Deluxe Edition) »
Bob Marley : « When I Get to You » enregistrement privé chez Yvette Morris, 1976.
2.3
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Very Good Trip va vous raconter ce qu’on pourrait décrire comme la naissance d’une mission. Dont l’universalité s’est imposée partout dans le monde. Et comme il est primordial de ressentir les choses, et de les ressentir fortement, avant de les connaître, on va plonger dans l’ambiance fervente d’un concert de 1975.
Depuis le début de ce feuilleton estival, j’ai tiré pas mal de fils et le temps est peut-être venu de les rassembler.
Alors, je reprends. La Jamaïque, déjà. À peu près la surface de la Corse. Mais enfin une Corse qui aurait, je dis ça pour l’image, pivoté d’un quart de tour, de la verticale à l’horizontale, une Corse qu’on aurait jetée dans la mer des Caraïbes, à environ cent cinquante kilomètres de la côte sud de Cuba, loin à l’ouest d’Haïti. Et où une population huit fois plus importante que celle de la Corse se serait implantée. Pas loin de deux millions d’habitants.
Au début des années 1970, 9 Jamaïcains sur 10 sont des descendants d’esclaves jadis arrachés par des négriers aux terres africaines du golfe de Guinée pour venir cultiver la canne à sucre. Ces habitants parlent de ce qu’ils appellent eux-mêmes le patwa, un créole jamaïcain totalement incompréhensible en dehors de l’île.
Quand Bob Marley y grandit, il règne une forme d’apartheid qui ne dit pas son nom. Depuis 1962, année de l’indépendance, indépendance par rapport à la Couronne britannique, bien sûr, les Premiers ministres jamaïcains sont Blancs ou bien font la politique des Blancs. Hugh Shearer, Premier ministre, de 1967 à 1972, est issu des classes moyennes noires. Celui-ci réprime avec fermeté ceux qui prônent l’autonomie et le séparatisme de la population noire, en premier lieu les leaders Rastas. Shearer est membre du JLP, le Jamaïca Labour Party, un parti conservateur comme son nom ne l’indique pas.
En 1972, la politique jamaïcaine prendra un tournant spectaculaire lorsque Michael Manley, le leader du parti opposé, le People’s National Party, le PNP, un socialiste, arrive au pouvoir pour appliquer une tout autre politique. Marley est un Blanc, il est de plus le fils d’un gouverneur britannique de la période coloniale, c’est intéressant à souligner. J’y reviendrai, parce que l’histoire de Bob Marley et des Wailers est profondément imbriquée dans les conflits et rivalités politiques de l’île entre JLP et PNP et leurs hommes de main, aussi violents et corrompus d’un côté comme de l’autre.
Bref, la Jamaïque est un pays dont les touristes apprécient les plages immaculées, plantées de cocotiers, les paysages luxuriants et les montagnes où l’on va trouver la fraîcheur. Mais, pour beaucoup de ceux qui habitent en Jamaïque, cette île est une misère dont on cherche à s’enfuir. Pour ceux-là, les États-Unis représentent l’espoir d’une vie meilleure.
Playlist :
Bob Marley & the Wailers :
« Them Belly Full (But We Hungry) - Live at the Lyceum, London/1975 » extrait de l’album « Live ! (Deluxe Edition) »
Bob Marley & the Wailers
« Rebel Music (3 O’Clock Roadblock) » extrait de l’album « Live! (Deluxe Edition) »
« Natty Dread » extrait de l’album pirate « Live at the Quiet Knight Club, Chicago June 10th, 1975 - WXRT FM Broadcast »
« Talkin’ Blues » extrait de l’album « Talkin’ Blues »
« Midnight Ravers » enregistrement pirate live at the Boarding House, San Francisco, CA, July 7th, 1975 – KSAN- FM »
« No Woman, No Cry » - Live at the Lyceum, London/1975 » extrait de l’album « Live! (Deluxe Edition) »
Bob Marley : « When I Get to You » enregistrement privé chez Yvette Morris, 1976.
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