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Or
Fait social total, le tourisme n’échappe pas, dans son passé comme son présent, aux stigmates coloniaux. Parce qu’un autre voyage est possible, il faut le décoloniser…
Depuis de nombreuses années, les études postcoloniales ont démontré à quel point analyser, étudier le fait colonial permettait de comprendre le temps présent et son propre désordre ; avec au centre, la survivance de ce legs hérité de la colonisation dans les imaginaires, les savoirs ou les pratiques… Aujourd’hui, on parle ainsi de décoloniser les arts, les musées, l’architecture, l’école, les esprits ou l’histoire... Et le voyage, forcément, en tant que fabrique de l’Autre et de l’ailleurs, n'échappe pas à cette analyse décoloniale, complexe mais fertile.
Des «découvreurs» aux explorateurs en casque colonial assoiffés de conquêtes, des aventuriers en terre inconnue aux touristes avides d’exotisme et d’entre-soi, la galerie de portraits fleure bon, parfois… souvent, ce temps des colonies où l’Europe se vivait en maître naturel de la planète.
Tourisme et colonisation ont d’ailleurs fait bon ménage par le passé. Ainsi, dès la constitution des empires coloniaux, français ou autres, une mise en tourisme des colonies se met en place, comme une manière d’occuper -on disait « pacifier »- le territoire ; mais aussi de s’approprier les paysages et les cultures, de préférence sans les populations locales. Dans les expositions coloniales, on exhibait ces populations à grand renfort de clichés racistes, tout en les reléguant au rang de subalternes ou d’obligés, forcément exotiques. À noter que certains disent encore «j’ai fait la Thaïlande» pour parler de leurs voyages, comme jadis on disait dans le jargon militaire colonial «j’ai fait l’Indochine».
Décoloniser le voyage, c’est savoir se décentrer pour un Occidental et se départir des stéréotypes sur la culture de l’Autre qui essentialisent et se perpétuent. C’est aussi dire et partager l’histoire coloniale dans l’espace public, interroger ses continuités et faire émerger d’autres récits. C’est enfin décoloniser les musées, notamment à travers la restitution des objets et biens culturels pillés pendant la colonisation.
Avec :
- Saskia Cousin Kouton, anthropologue française, spécialiste du tourisme et de la restitution des biens culturels à l’Université Paris Nanterre
- Souroure Najai à l’origine du compte Instagram @decolonial.voyage, bientôt disponible en podcast.
Une rencontre initialement diffusée en juin 2024.
À lire :
- « Ogun et les matrimoines. Histoires des Porto-Novo, Xọ̀gbónù, Àjàṣẹ », de Saskia Cousin Kouton. 2024. Éditions Presses Universitaires de Paris Nanterre
- « Sociologie du tourisme », de Saskia Cousin et Bertrand Réau. 2009. Éditions La Découverte
- « Les femmes aussi sont du voyage », de Lucie Azéma. 2021. Éditions Flammarion. Un chapitre est consacré à la décolonisation du voyage
- « Programme de désordre absolu : décoloniser les musées », de Françoise Verges. 2023. Éditions La Fabrique
- « L’Orientalisme : L'Orient créé par l'Occident », d’Edward Saïd. 1980. Éditions Seuil. L’ouvrage de référence par un des pionniers du postcolonialisme
- « Les damnés de la terre », de Frantz Fanon. 1961. Éditions Maspero. L’essai de référence par le célèbre militant anticolonialiste.
Fait social total, le tourisme n’échappe pas, dans son passé comme son présent, aux stigmates coloniaux. Parce qu’un autre voyage est possible, il faut le décoloniser…
Depuis de nombreuses années, les études postcoloniales ont démontré à quel point analyser, étudier le fait colonial permettait de comprendre le temps présent et son propre désordre ; avec au centre, la survivance de ce legs hérité de la colonisation dans les imaginaires, les savoirs ou les pratiques… Aujourd’hui, on parle ainsi de décoloniser les arts, les musées, l’architecture, l’école, les esprits ou l’histoire... Et le voyage, forcément, en tant que fabrique de l’Autre et de l’ailleurs, n'échappe pas à cette analyse décoloniale, complexe mais fertile.
Des «découvreurs» aux explorateurs en casque colonial assoiffés de conquêtes, des aventuriers en terre inconnue aux touristes avides d’exotisme et d’entre-soi, la galerie de portraits fleure bon, parfois… souvent, ce temps des colonies où l’Europe se vivait en maître naturel de la planète.
Tourisme et colonisation ont d’ailleurs fait bon ménage par le passé. Ainsi, dès la constitution des empires coloniaux, français ou autres, une mise en tourisme des colonies se met en place, comme une manière d’occuper -on disait « pacifier »- le territoire ; mais aussi de s’approprier les paysages et les cultures, de préférence sans les populations locales. Dans les expositions coloniales, on exhibait ces populations à grand renfort de clichés racistes, tout en les reléguant au rang de subalternes ou d’obligés, forcément exotiques. À noter que certains disent encore «j’ai fait la Thaïlande» pour parler de leurs voyages, comme jadis on disait dans le jargon militaire colonial «j’ai fait l’Indochine».
Décoloniser le voyage, c’est savoir se décentrer pour un Occidental et se départir des stéréotypes sur la culture de l’Autre qui essentialisent et se perpétuent. C’est aussi dire et partager l’histoire coloniale dans l’espace public, interroger ses continuités et faire émerger d’autres récits. C’est enfin décoloniser les musées, notamment à travers la restitution des objets et biens culturels pillés pendant la colonisation.
Avec :
- Saskia Cousin Kouton, anthropologue française, spécialiste du tourisme et de la restitution des biens culturels à l’Université Paris Nanterre
- Souroure Najai à l’origine du compte Instagram @decolonial.voyage, bientôt disponible en podcast.
Une rencontre initialement diffusée en juin 2024.
À lire :
- « Ogun et les matrimoines. Histoires des Porto-Novo, Xọ̀gbónù, Àjàṣẹ », de Saskia Cousin Kouton. 2024. Éditions Presses Universitaires de Paris Nanterre
- « Sociologie du tourisme », de Saskia Cousin et Bertrand Réau. 2009. Éditions La Découverte
- « Les femmes aussi sont du voyage », de Lucie Azéma. 2021. Éditions Flammarion. Un chapitre est consacré à la décolonisation du voyage
- « Programme de désordre absolu : décoloniser les musées », de Françoise Verges. 2023. Éditions La Fabrique
- « L’Orientalisme : L'Orient créé par l'Occident », d’Edward Saïd. 1980. Éditions Seuil. L’ouvrage de référence par un des pionniers du postcolonialisme
- « Les damnés de la terre », de Frantz Fanon. 1961. Éditions Maspero. L’essai de référence par le célèbre militant anticolonialiste.
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