La bibliothèque nationale de Guinée connaît une nouvelle vie après des années de difficultés. Située à proximité du lycée de Donka, à Conakry, elle reste cependant méconnue, malgré l’intérêt des fonds qu’elle héberge. Elle dispose notamment d’une riche documentation concernant la période coloniale et la Première République de Sékou Touré. Visite guidée de la BNG, la plus ancienne institution de recherche et de documentation
De notre correspondant à Conakry,
Les escaliers de la bibliothèque montés, Syra Cissé, responsable de la documentation, ouvre la porte d’une grande pièce : « Nous sommes dans la deuxième salle de lecture, située au deuxième étage de la bibliothèque. Ici sont disposés les anciens journaux de l’indépendance. »
Parmi les journaux rangés sur les étagères, ceux de la Première République : Horoya, le grand quotidien national du parti-État. Mais aussi des titres moins connus comme la Gine Ginè, qui signifie « femme guinéenne », « Giné » voulant dire « femme » en langue soussou : « La Gine Ginè, c’est le journal féminin de l’époque, qui paraissait quotidienne, qui parlait des femmes, des premières dames, des femmes de Guinée et d’ailleurs. »
Parmi les archives de presse figurent également des titres plus anciens, datant des années 1950, comme Le Réveil, le journal du Rassemblement démocratique africain, le RDA, le grand parti de la décolonisation. Daouda Tamsir Niane, le directeur de la BNG, feuillète un numéro contenant un article de Sékou Touré, alors chef de la branche guinéenne du RDA.
C’est l’ancienneté de la bibliothèque qui fait la qualité de ses fonds, explique le directeur : « La bibliothèque nationale est la plus ancienne institution de recherche et de documentation en République de Guinée. Elle existe depuis 1944, elle a été créée sous la colonisation. C’était l’antenne de l’Ifan, l’Institut français d’Afrique noire, devenu Institut fondamental d’Afrique Noire, basé à l’université de Dakar. »
Numériser les documents de la BNG
Après une série de réformes, elle est devenue l’actuelle BNGDaouda Tamsir Niane veut en valoriser les fonds anciens : « À notre avis, aujourd’hui, les bibliothèques évoluent vers les médiathèques. De plus en plus de dématérialisation et de numérisation se font. Notre grand projet aujourd’hui, c’est de numériser les documents de la bibliothèque nationale. »
Parmi les documents à numériser, l’important fonds de mémoires de fin d’études. Ils portent sur des sujets aussi divers que l’exploitation minière ou la grammaire de la langue maninka. Syra Cissé tire un volume d’une étagère : « Vous avez là un mémoire de fin d’études de la faculté des sciences sociales, qui a pour thème : "Amilcar Cabral, théoricien et praticien de lutte de libération nationale". » Ce mémoire a été soutenu en 1978, cinq ans après l’assassinat en plein Conakry du héros de l’indépendance de la Guinée-Bissau.
Un autre grand combat mené par le directeur est de faire respecter le dépôt légal par les maisons d’édition guinéennes pour valoriser, aussi, le patrimoine contemporain.
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