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Or
Il est l'un des 135 cardinaux qui éliront le prochain pape dans deux semaines à Rome. Monseigneur Dieudonné Nzapalainga est archevêque de Bangui et a été élévé au rang de cardinal en 2016, un an après la visite du pape François en Centrafrique. Que retient-il des 12 ans du pontificat de François ? Redoute-t-il, lors du prochain conclave, des divisions entre cardinaux conservateurs et progressistes ? Espère-t-il que les intérêts de l'Afrique seront défendus lors de ce conclave ? En ligne de Bangui, le cardinal Nzapalainga répond aux questions de Christophe Boisbouvier.
RFI : Quelle est votre réaction après le décès du Saint-Père ?
Cardinal Dieudonné Nzapalainga : Aujourd'hui, je suis peiné. En même temps aussi, j'exprime la gratitude au Dieu unique qui rappelle à lui son serviteur, l'infatigable missionnaire, celui qui a été proche des pauvres et qui a exprimé ce qu'on appelle la miséricorde.
Le pape n'est allé que cinq fois en Afrique, mais il a tenu à aller dans votre pays. Pourquoi ?
Parce que ce pays était présenté comme un pays où la religion divisait. On disait que c’était une terre de conflits entre musulmans et chrétiens. Or, les leaders religieux, l'imam, le pasteur et moi-même, on s'était mis ensemble pour mettre en place une plateforme pour travailler pour l'unité de ce pays. Et je crois que le pape a été attentif. Et quand nous l'avons rencontré à Rome avant sa venue en 2015, nous l'avons salué en l'invitant tous les trois. Et il a dit : « Pour la première fois dans l'histoire, ce sont les leaders religieux qui m'invitent. Rien que pour cela, je ferai le déplacement. »
Alors, en décembre 2023, il a ouvert la voie aux bénédictions des couples homosexuels. Comment vous avez réagi à ce moment-là ?
Je pense que l'Église d'Afrique a pris le chemin synodal. Et c'est ensemble, en communauté, pour ne pas dire en communion, que nous avons formulé la réponse qui a été soumise au Saint-Père. C’est pourquoi l'Église d'Afrique a exprimé une sensibilité qui est à part, de par sa culture, sa tradition et son anthropologie. Et nous voulons aussi garder l'anthropologie chrétienne.
Est-ce que vous avez craint un schisme à ce moment-là ?
Moi, je pense qu'il n'y avait pas un schisme à avoir puisque nous avons travaillé ensemble. Et les choses étaient claires. J'étais à Rome, quand on a présenté ce message, le pape aussi nous a accueillis et il a laissé ce courant s'exprimer. Et je crois que cette ouverture est à féliciter de la part du Saint-Père, qui tient compte aussi de plusieurs sensibilités au cœur de cette Église universelle.
Le pape a fait une clarification ?
Oui, le pape a fait une clarification et nous, nous avons pris l'option en disant : « Nous ne bénissons pas les couples [homosexuels] mariés ». Ça, c'est notre option. Et le pape aussi a expliqué ce qu'il entendait en parlant de bénédiction. Ce n'est pas un sacrement. Et nous, l'Église d'Afrique, nous avons voulu éviter la confusion dans la tête des gens en disant que nous ne bénissons pas, mais plutôt, nous allons bénir les couples sacramentels.
Est-ce qu'il a représenté, pour un certain nombre d'autorités catholiques africaines, une forme de décadence morale européenne ?
Je pense que l'Occident a son parcours, qu’il ne me revient pas de juger, et l'Afrique a son parcours. Nous devons chacun dans notre parcours converger vers l'unique. Ça veut dire Jésus-Christ qui est le Sauveur. Mais il y a des dogmes qui nous guident et qui nous éclairent pour nous aider dans notre cheminement vers le salut.
Il va y avoir les obsèques où vous allez vous rendre, Éminence. C'est dans quelques jours au Vatican. Et puis, il y aura le conclave pour élire son successeur. Et ce sera votre premier conclave ?
Ce sera mon premier conclave. Oui.
Certains disent qu'il y a un courant conservateur de plus en plus influent au sein de l'Église catholique. Est-ce que vous pensez qu'il se manifestera lors de ce conclave ?
Moi, je ne suis pas souvent pour ces divisions entre courants conservateur et progressiste. Je vous ai dit tout à l'heure que, dans l'Église, nous avons des sensibilités, des manières de penser et autres. Il ne faut pas chercher à les opposer, bien au contraire. Tout cela contribue à l'évangélisation, à l'annonce de l'unique Sauveur. Ça veut dire Jésus-Christ. Alors donc, moi, je pense que c'est de dehors qu'on arrive à cataloguer. Vous l'avez vu pendant le synode, au mois d'octobre, on avait pronostiqué beaucoup de choses, mais une fois qu’on rentre et qu'on se laisse éclairer par l'Esprit Saint, les choses changent. Et bien l'Esprit guidera son église.
Oui, mais tout de même, Monseigneur, les réformes du pape François ont provoqué une certaine hostilité dans les églises d'Amérique du Nord et dans un certain nombre d'églises africaines. Est-ce que ces hostilités ne vont pas se manifester lors de l'élection de son successeur ?
J'espère que non. Si nous nous retrouvons, c'est pour choisir celui qui aura le destin de l'Église universelle. Ce n'est pas pour des intérêts régionaux, continentaux ou bien encore des intérêts personnels. On doit voir l'intérêt général, pour ne pas dire universel, c'est à dire l'intérêt de cette Église catholique.
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Il est l'un des 135 cardinaux qui éliront le prochain pape dans deux semaines à Rome. Monseigneur Dieudonné Nzapalainga est archevêque de Bangui et a été élévé au rang de cardinal en 2016, un an après la visite du pape François en Centrafrique. Que retient-il des 12 ans du pontificat de François ? Redoute-t-il, lors du prochain conclave, des divisions entre cardinaux conservateurs et progressistes ? Espère-t-il que les intérêts de l'Afrique seront défendus lors de ce conclave ? En ligne de Bangui, le cardinal Nzapalainga répond aux questions de Christophe Boisbouvier.
RFI : Quelle est votre réaction après le décès du Saint-Père ?
Cardinal Dieudonné Nzapalainga : Aujourd'hui, je suis peiné. En même temps aussi, j'exprime la gratitude au Dieu unique qui rappelle à lui son serviteur, l'infatigable missionnaire, celui qui a été proche des pauvres et qui a exprimé ce qu'on appelle la miséricorde.
Le pape n'est allé que cinq fois en Afrique, mais il a tenu à aller dans votre pays. Pourquoi ?
Parce que ce pays était présenté comme un pays où la religion divisait. On disait que c’était une terre de conflits entre musulmans et chrétiens. Or, les leaders religieux, l'imam, le pasteur et moi-même, on s'était mis ensemble pour mettre en place une plateforme pour travailler pour l'unité de ce pays. Et je crois que le pape a été attentif. Et quand nous l'avons rencontré à Rome avant sa venue en 2015, nous l'avons salué en l'invitant tous les trois. Et il a dit : « Pour la première fois dans l'histoire, ce sont les leaders religieux qui m'invitent. Rien que pour cela, je ferai le déplacement. »
Alors, en décembre 2023, il a ouvert la voie aux bénédictions des couples homosexuels. Comment vous avez réagi à ce moment-là ?
Je pense que l'Église d'Afrique a pris le chemin synodal. Et c'est ensemble, en communauté, pour ne pas dire en communion, que nous avons formulé la réponse qui a été soumise au Saint-Père. C’est pourquoi l'Église d'Afrique a exprimé une sensibilité qui est à part, de par sa culture, sa tradition et son anthropologie. Et nous voulons aussi garder l'anthropologie chrétienne.
Est-ce que vous avez craint un schisme à ce moment-là ?
Moi, je pense qu'il n'y avait pas un schisme à avoir puisque nous avons travaillé ensemble. Et les choses étaient claires. J'étais à Rome, quand on a présenté ce message, le pape aussi nous a accueillis et il a laissé ce courant s'exprimer. Et je crois que cette ouverture est à féliciter de la part du Saint-Père, qui tient compte aussi de plusieurs sensibilités au cœur de cette Église universelle.
Le pape a fait une clarification ?
Oui, le pape a fait une clarification et nous, nous avons pris l'option en disant : « Nous ne bénissons pas les couples [homosexuels] mariés ». Ça, c'est notre option. Et le pape aussi a expliqué ce qu'il entendait en parlant de bénédiction. Ce n'est pas un sacrement. Et nous, l'Église d'Afrique, nous avons voulu éviter la confusion dans la tête des gens en disant que nous ne bénissons pas, mais plutôt, nous allons bénir les couples sacramentels.
Est-ce qu'il a représenté, pour un certain nombre d'autorités catholiques africaines, une forme de décadence morale européenne ?
Je pense que l'Occident a son parcours, qu’il ne me revient pas de juger, et l'Afrique a son parcours. Nous devons chacun dans notre parcours converger vers l'unique. Ça veut dire Jésus-Christ qui est le Sauveur. Mais il y a des dogmes qui nous guident et qui nous éclairent pour nous aider dans notre cheminement vers le salut.
Il va y avoir les obsèques où vous allez vous rendre, Éminence. C'est dans quelques jours au Vatican. Et puis, il y aura le conclave pour élire son successeur. Et ce sera votre premier conclave ?
Ce sera mon premier conclave. Oui.
Certains disent qu'il y a un courant conservateur de plus en plus influent au sein de l'Église catholique. Est-ce que vous pensez qu'il se manifestera lors de ce conclave ?
Moi, je ne suis pas souvent pour ces divisions entre courants conservateur et progressiste. Je vous ai dit tout à l'heure que, dans l'Église, nous avons des sensibilités, des manières de penser et autres. Il ne faut pas chercher à les opposer, bien au contraire. Tout cela contribue à l'évangélisation, à l'annonce de l'unique Sauveur. Ça veut dire Jésus-Christ. Alors donc, moi, je pense que c'est de dehors qu'on arrive à cataloguer. Vous l'avez vu pendant le synode, au mois d'octobre, on avait pronostiqué beaucoup de choses, mais une fois qu’on rentre et qu'on se laisse éclairer par l'Esprit Saint, les choses changent. Et bien l'Esprit guidera son église.
Oui, mais tout de même, Monseigneur, les réformes du pape François ont provoqué une certaine hostilité dans les églises d'Amérique du Nord et dans un certain nombre d'églises africaines. Est-ce que ces hostilités ne vont pas se manifester lors de l'élection de son successeur ?
J'espère que non. Si nous nous retrouvons, c'est pour choisir celui qui aura le destin de l'Église universelle. Ce n'est pas pour des intérêts régionaux, continentaux ou bien encore des intérêts personnels. On doit voir l'intérêt général, pour ne pas dire universel, c'est à dire l'intérêt de cette Église catholique.
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