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Or
D’après les archives des navires négriers, près de 100 000 habitants de l’actuelle Côte d’Ivoire furent envoyés de force vers les Antilles et l’Amérique au XVIIIe et XIXe siècles. Sur cette route de l’esclavage, les futurs déportés s’arrêtaient dans le village de Kanga-Nianzé pour se « purifier » dans une rivière avant le grand départ.
De notre correspondant de retour de Tiassalé,
C’est une incantation comme une prière « Le malheur derrière le bonheur devant ». Habillé de blanc, le visage barré de kaolin, Pascal se nettoie le front dans la rivière Bodo. Il en est l’un des gardiens. « Cet endroit est très sacré, avant, c'était une piste de commerce. Ces esclaves, de partout, ils arrivaient dans ce village, ils ont préféré les laver ainsi. C’est-à-dire, c’est le seul village où ils ont lavé les esclaves. C’est un bain purificatoire, de l’oubli. »
L’eau de la Bodo était censée effacer la mémoire des esclaves. Un rituel et une étape sur le chemin de Cap-Lahou, point d’embarquement vers les Amériques. Kanga Nianzé est le premier site de traite négrière reconnu en Côte d’Ivoire. Une stèle y est dressée depuis 2017, entre la route et les bananeraies. Les visiteurs sont rares. Audrey est venue d’Abidjan, à 120 km de là. Elle n’avait jamais entendu parler de cette histoire : « Je suis venue, j’ai vu l’endroit ... Wow. Ça m’a touché parce que je me suis dit : "Mais en Côte d’Ivoire, il y a ce genre d’endroit où ils ont fait les travaux forcés, l’esclavage". Ça m’a fait bizarre, jusqu’à en avoir les larmes et la chair de poule. »
Depuis 2016, la Côte d’Ivoire a intensifié la recherche pour cartographier les routes de l’esclavage. « Les itinéraires ont été identifiés, les ports d’embarquement, les auteurs, tous les acteurs », souligne Hélène Timpoko Kiénon-Kaboré, conseillère technique au ministère ivoirien de la Culture.
Pour l’archéologue de formation, les fouilles doivent se poursuivre, notamment sur le littoral. Plus important pour elle, l’esclavage est aujourd’hui intégré dans les manuels scolaires. « L’État a fait introduire des titres comme les routes de la traite et puis les conséquences économiques, sociales et démographiques. C'est une histoire qui est très importante. C’est résister que de connaître, que de se souvenir. » Une autre stèle commémorative a été érigée à Lahou-Kpanda dans le sud de la Côte d’Ivoire. Elle attend son inauguration.
À lire aussi[Reportage] La Côte d'Ivoire trace sa route de l'esclave
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D’après les archives des navires négriers, près de 100 000 habitants de l’actuelle Côte d’Ivoire furent envoyés de force vers les Antilles et l’Amérique au XVIIIe et XIXe siècles. Sur cette route de l’esclavage, les futurs déportés s’arrêtaient dans le village de Kanga-Nianzé pour se « purifier » dans une rivière avant le grand départ.
De notre correspondant de retour de Tiassalé,
C’est une incantation comme une prière « Le malheur derrière le bonheur devant ». Habillé de blanc, le visage barré de kaolin, Pascal se nettoie le front dans la rivière Bodo. Il en est l’un des gardiens. « Cet endroit est très sacré, avant, c'était une piste de commerce. Ces esclaves, de partout, ils arrivaient dans ce village, ils ont préféré les laver ainsi. C’est-à-dire, c’est le seul village où ils ont lavé les esclaves. C’est un bain purificatoire, de l’oubli. »
L’eau de la Bodo était censée effacer la mémoire des esclaves. Un rituel et une étape sur le chemin de Cap-Lahou, point d’embarquement vers les Amériques. Kanga Nianzé est le premier site de traite négrière reconnu en Côte d’Ivoire. Une stèle y est dressée depuis 2017, entre la route et les bananeraies. Les visiteurs sont rares. Audrey est venue d’Abidjan, à 120 km de là. Elle n’avait jamais entendu parler de cette histoire : « Je suis venue, j’ai vu l’endroit ... Wow. Ça m’a touché parce que je me suis dit : "Mais en Côte d’Ivoire, il y a ce genre d’endroit où ils ont fait les travaux forcés, l’esclavage". Ça m’a fait bizarre, jusqu’à en avoir les larmes et la chair de poule. »
Depuis 2016, la Côte d’Ivoire a intensifié la recherche pour cartographier les routes de l’esclavage. « Les itinéraires ont été identifiés, les ports d’embarquement, les auteurs, tous les acteurs », souligne Hélène Timpoko Kiénon-Kaboré, conseillère technique au ministère ivoirien de la Culture.
Pour l’archéologue de formation, les fouilles doivent se poursuivre, notamment sur le littoral. Plus important pour elle, l’esclavage est aujourd’hui intégré dans les manuels scolaires. « L’État a fait introduire des titres comme les routes de la traite et puis les conséquences économiques, sociales et démographiques. C'est une histoire qui est très importante. C’est résister que de connaître, que de se souvenir. » Une autre stèle commémorative a été érigée à Lahou-Kpanda dans le sud de la Côte d’Ivoire. Elle attend son inauguration.
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