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Le Sahara occidental, territoire considéré comme non-autonome par l’ONU, situé au sud du Maroc et au nord de la Mauritanie, est au cœur de la route migratoire dite « de l’Atlantique ». Sa plus grande ville, Laâyoune, est situé à 90 km seulement des îles Canaries. En 2024, plus de 46 000 migrants irréguliers ont débarqué sur l’archipel espagnol, un record historique. Le nombre d’arrivées aux îles Canaries a augmenté de 17% entre 2023 et 2024. Si les autorités marocaines tentent de contrôler les flux irréguliers, la région reste une zone de départ importante pour les migrants, principalement en provenance d’Afrique subsaharienne, mais aussi de pays plus lointains comme le Pakistan ou la Syrie. Reportage à Laâyoune, de François Hume-Ferkatadji.
De notre envoyé spécial à Laâyoune
Le désert, puis l’océan. Dans les environs de Laâyoune, le trait de côte se résume à cette simple barrière naturelle. Il n’est pas difficile d’y faire partir un bateau pneumatique à moteur. Si le trajet pour rejoindre les îles Canaries peut durer près d’un mois au départ du Sénégal ou de la Mauritanie, il faut compter seulement 9 à 10 heures au départ de Laâyoune.
« Le Maroc a installé des postes de surveillance, tous les deux kilomètres. Parfois, on tombe sur un poste de surveillance, mais malgré ces installations, les mafias arrivent à faire le passage, parce qu'elles possèdent maintenant des matériaux spécifiques », explique Taghia Abdelkebir, président de l'association Sakia El Hamra pour la Migration et le Développement.
Les mafias organisent des arrivées de nuit, dans des convois chargés de candidats au départ, pour déjouer la vigilance des autorités, selon cet homme d'Afrique de l'Ouest, résident de Laâyoune, en contact régulier avec les migrants.
« Quand les membres des mafias voient que la marée est basse, ils font une descente ici, et ils empruntent des camionnettes. Ils ne font ça que la nuit. Dans une Jeep, par exemple, ils peuvent mettre plus de 50 à 60 personnes. Puis, ils roulent de nuit pour entrer dans la ville », raconte-t-il.
Le coût d'une traversée est estimé entre 4 000 et 6 000 euros par personne. Les migrants économisent parfois des années pour la tenter.
« La plupart de ceux qui arrivent ici n’ont qu’un seul objectif, c’est de passer par les îles Canaries, traverser l'eau et rejoindre l’Europe », continue-t-il.
Pourtant, la route Atlantique est extrêmement dangereuse. Selon l’ONG espagnole Caminando Fronteras, plus de 10 400 personnes ont perdu la vie en 2024, dont plus d’un millier au départ du Maroc.
« Quand les gens arrivent à pouvoir traverser, ils envoient des photos, en s'exclamant "bozafri, bozafri !", ce qui signifie qu'ils sont arrivés de l'autre côté. Mais ce n'est pas toujours le cas. Les photos des morts, de ceux refoulés par la mer, sont vraiment choquantes. On peut y voir, 50, 60 personnes décédées », se désole notre témoin.
Si environ 6 000 migrants ont pu trouver du travail et s’installer durablement plus au sud à Dakhla, les autorités marocaines mènent régulièrement des opérations de refoulement à Laâyoune dans le but d’endiguer les départs, en collaboration avec les autorités espagnoles.
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Le Sahara occidental, territoire considéré comme non-autonome par l’ONU, situé au sud du Maroc et au nord de la Mauritanie, est au cœur de la route migratoire dite « de l’Atlantique ». Sa plus grande ville, Laâyoune, est situé à 90 km seulement des îles Canaries. En 2024, plus de 46 000 migrants irréguliers ont débarqué sur l’archipel espagnol, un record historique. Le nombre d’arrivées aux îles Canaries a augmenté de 17% entre 2023 et 2024. Si les autorités marocaines tentent de contrôler les flux irréguliers, la région reste une zone de départ importante pour les migrants, principalement en provenance d’Afrique subsaharienne, mais aussi de pays plus lointains comme le Pakistan ou la Syrie. Reportage à Laâyoune, de François Hume-Ferkatadji.
De notre envoyé spécial à Laâyoune
Le désert, puis l’océan. Dans les environs de Laâyoune, le trait de côte se résume à cette simple barrière naturelle. Il n’est pas difficile d’y faire partir un bateau pneumatique à moteur. Si le trajet pour rejoindre les îles Canaries peut durer près d’un mois au départ du Sénégal ou de la Mauritanie, il faut compter seulement 9 à 10 heures au départ de Laâyoune.
« Le Maroc a installé des postes de surveillance, tous les deux kilomètres. Parfois, on tombe sur un poste de surveillance, mais malgré ces installations, les mafias arrivent à faire le passage, parce qu'elles possèdent maintenant des matériaux spécifiques », explique Taghia Abdelkebir, président de l'association Sakia El Hamra pour la Migration et le Développement.
Les mafias organisent des arrivées de nuit, dans des convois chargés de candidats au départ, pour déjouer la vigilance des autorités, selon cet homme d'Afrique de l'Ouest, résident de Laâyoune, en contact régulier avec les migrants.
« Quand les membres des mafias voient que la marée est basse, ils font une descente ici, et ils empruntent des camionnettes. Ils ne font ça que la nuit. Dans une Jeep, par exemple, ils peuvent mettre plus de 50 à 60 personnes. Puis, ils roulent de nuit pour entrer dans la ville », raconte-t-il.
Le coût d'une traversée est estimé entre 4 000 et 6 000 euros par personne. Les migrants économisent parfois des années pour la tenter.
« La plupart de ceux qui arrivent ici n’ont qu’un seul objectif, c’est de passer par les îles Canaries, traverser l'eau et rejoindre l’Europe », continue-t-il.
Pourtant, la route Atlantique est extrêmement dangereuse. Selon l’ONG espagnole Caminando Fronteras, plus de 10 400 personnes ont perdu la vie en 2024, dont plus d’un millier au départ du Maroc.
« Quand les gens arrivent à pouvoir traverser, ils envoient des photos, en s'exclamant "bozafri, bozafri !", ce qui signifie qu'ils sont arrivés de l'autre côté. Mais ce n'est pas toujours le cas. Les photos des morts, de ceux refoulés par la mer, sont vraiment choquantes. On peut y voir, 50, 60 personnes décédées », se désole notre témoin.
Si environ 6 000 migrants ont pu trouver du travail et s’installer durablement plus au sud à Dakhla, les autorités marocaines mènent régulièrement des opérations de refoulement à Laâyoune dans le but d’endiguer les départs, en collaboration avec les autorités espagnoles.
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