Comme pour les JO, les épreuves paralympiques seront précédées d'une grande cérémonie qui se déroulera sur la place de la Concorde et les Champs-Élysées, ce mercredi soir. La mise en scène a été confiée à Thomas Jolly, le directeur artistique qui officiait déjà avec ses équipes lors des deux cérémonies précédentes pour les Jeux. Entretien.
RFI : Alors dites-nous comment vous avez imaginé et conçu cette cérémonie d'ouverture des Paralympiques ?
Thomas Jolly : Au départ, avec l'équipe d'auteurs et d'autrices qui m'ont accompagné sur l'ensemble des cérémonies, on a développé toute une direction artistique, tout un concept autour du paradoxe. Vous commencez à comprendre un peu notre style, c'est-à-dire que pour faire avancer deux ou trois grandes idées, il faut d'abord poser les réalités.
Donc, nous avons utilisé en premier lieu la ville, la place de la Concorde pour tirer cette ligne qui va de la « discorde » à la « concorde ». Et ce pour rappeler que si nous avons un focus sur les personnes en situation de handicap grâce aux Jeux paralympiques, peut-être y a-t-il de bonnes questions à se poser sur l'inclusion.
D'ailleurs, faire de la ville le décor de cette cérémonie est déjà un paradoxe, puisque la ville n'est pas complètement adaptée pour les personnes en situation de handicap. Et c'est déjà poser une bonne question à partir de là que nous voulions faire.
Donc votre idée était de promouvoir en quelque sorte un message à travers ce spectacle et cette cérémonie ?
En réalité, je crois que les spectacles, et je pense que ça s'est remarqué, sont toujours politiques. Là, je crois que derrière les Jeux paralympiques et tout ce qu'il y a dans leur sillage, je veux dire, des compétitions, des épreuves, des exploits qui vont advenir, il y a toujours au fond la question de l'inclusion. La question de se regarder, de se reconnaître. La question du handicap dans nos sociétés.
D'ailleurs, vous noterez que l'on dit personne « en situation de handicap ». C'est sa situation, souvent, qui crée le handicap. Descendre d'un trottoir, prendre le métro, ce sont les situations qui posent le handicap. Donc, je pense qu'il est important de changer de regard.
Et puis, cette place de la Concorde porte quand même un très joli nom, « la Concorde »... elle ne s'est pas toujours appelée comme ça. C'est après la révolution [où elle a pris ce nom, NDLR] où l'on a, d'une certaine manière, changé de société. Et peut-être que c'est une nouvelle occasion de changer notre regard. Pourquoi pas ? C'est évidemment un vœu, faire avancer plus vite et plus fort les questions d'aménagement et d'accessibilité pour plus d'inclusion.
Et est-ce que vous avez fait appel à des artistes en situation de handicap ?
Même au départ, on a interrogé plusieurs athlètes paralympiques pour justement être au fait de ces questions-là. Et ensuite Alexander Ekman [chorégraphe de la cérémonie, NDLR] a fait appel à des performeurs en situation de handicap, mêlés à d'autres performeurs dits valides. Et ce, afin de créer cette rencontre, justement.
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