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Depuis le 10 mai, les affrontements armés entre l'Inde et le Pakistan, déclenchés après un attentat terroriste le 22 avril dans la région du Cachemire que se disputent les deux voisins, ont laissé place à une accalmie fragile. Décryptage de la situation avec l'ambassadrice du Pakistan en France, Muhmtaz Zahra Baloch.
RFI : Le 10 mai, le cessez-le-feu a mis fin à la plus grave confrontation entre l’Inde et le Pakistan depuis plus de deux décennies. Les deux dernières nuits ont été assez calmes, sans incident majeur à la frontière. Mais l’équilibre entre les deux puissances nucléaires reste précaire. Hier, le discours du Premier ministre indien a été particulièrement offensif envers votre pays. Il affirme que le Pakistan a choisi « d’attaquer l’Inde plutôt que de combattre le terrorisme ». Comment avez-vous réagi à ses propos ?
Mumtaz Zahra Baloch : Vous avez raison. L'Asie du Sud a évité une catastrophe majeure. Nous allions dans cette direction et cette catastrophe est le résultat de l'agression indienne contre le Pakistan. Le discours d'hier du Premier ministre Modi confirme que l'Inde d'aujourd'hui n'est plus l'Inde de Gandhi, c'est une Inde agressive envers son voisin. Hier, le Premier ministre Modi a déclaré que le Pakistan avait attaqué, ce qui est très loin de la vérité. C'est l'Inde qui a commis une agression contre le Pakistan et le Pakistan a déclaré qu'il voulait la paix, qu'il était un peuple pacifique, mais qu'il n'accepterait pas d'être agressé ou intimidé.
Comment le gouvernement pakistanais lutte-t-il contre les groupes terroristes actifs à la frontière et que New Delhi accuse d’être responsables d’avoir tué 26 touristes indiens ?
Tout d'abord, je dois vous dire que le Pakistan lutte quotidiennement contre le terrorisme. Des Pakistanais sont tués par des terroristes et nos forces armées font tout pour protéger la population contre le terrorisme ; il est dans notre intérêt de le combattre et non de créer des problèmes dans notre voisinage. Deuxièmement, l'incident du 22 avril dernier, pour lequel l'Inde accuse le Pakistan, n'est absolument pas vrai, car nous attendons des faits. Nous attendons que l'Inde partage des preuves, non seulement avec le Pakistan, mais aussi avec la communauté internationale. Jusqu'à présent, il n'y a eu aucune preuve, il n'y a eu que leurs mots.
Nous avons vu l’Inde utiliser cette excuse du terrorisme comme prétexte contre n’importe quel pays avant de l’attaquer. Le Pakistan a proposé une enquête ouverte, une enquête internationale sur l'incident du 22 avril afin que nous puissions savoir avec certitude quels sont les faits, qui est derrière tout cela, et nous attendons que l'Inde partage les preuves, non seulement avec le Pakistan, mais aussi avec la communauté internationale. Qui est derrière tout cela ? Et nous sommes toujours prêts à donner suite à cette offre. C'est l'Inde qui a rejeté cette offre d'enquête internationale.
Donald Trump a assuré hier lundi avoir réussi à « arrêter un conflit nucléaire ». On le sait, votre pays comme l’Inde est doté de l’arme atomique. Qu’est-ce qu’il a négocié concrètement ? Quelles sont les contreparties ?
Dès le premier jour, nous avons été en contact avec les États-Unis et de nombreux partenaires internationaux très préoccupés par un conflit en Asie du Sud, car cette région compte des millions de personnes, et deux pays dotés d'une puissance nucléaire. Il était donc important que la communauté internationale intervienne, et les États-Unis ont bien sûr joué un rôle important et nous apprécions leur intervention à cet égard.
Lorsque le Pakistan a répondu à l’agression indienne, l'Inde a fait savoir qu'elle ne souhaitait pas d'escalade. Il est devenu plus facile pour les partenaires internationaux de faire passer ce message de réduction des tensions. Les directeurs généraux des opérations militaires ont eu deux conversations téléphoniques et sont convenus que nous continuerions à maintenir ce cessez-le-feu.
Le discours prononcé lundi 12 mai par le Premier ministre Modi était très inquiétant, car il a dit qu'il y avait une pause et que l'on se dirigeait toujours vers une agression contre le Pakistan. Le Pakistan ne prendra pas cela à la légère.
Comment apaise-t-on durablement le conflit ? Comment crée-t-on une paix durable ?
Voyez-vous, pour une paix durable, il est très important que nous résolvions les questions qui continuent de peser sur les relations bilatérales entre le Pakistan et l'Inde. Certains de ces problèmes perdurent depuis le tout premier jour de notre indépendance en 1947. Le plus important étant le différend sur le Cachemire. L'autre question importante que je dois mentionner est la décision de l'Inde de suspendre le traité sur les eaux de l'Indus. Cette décision nuit à la sécurité alimentaire et hydrique du Pakistan. Il s'agit d'une attaque contre le peuple pakistanais que le Pakistan n'acceptera pas. Il est donc important pour une paix durable que les accords internationaux existants soient respectés. Si la paix est maintenue, nous essaierons alors de résoudre les problèmes qui continuent de tourmenter ces deux pays depuis plusieurs décennies.
Est-ce que la Chine a un rôle à jouer ?
Je n'entrerai pas dans les détails à ce stade, mais les États-Unis ont certainement proposé de jouer un rôle de médiateur, et nous sommes prêts à accepter cette offre. Oui, la Chine a été le principal fournisseur d'armes du Pakistan, mais le Pakistan a également acheté des armes aux États-Unis et à la France. Nous ferons tout pour nous protéger et nous nous procurerons des équipements militaires auprès des pays qui sont prêts à nous les vendre. La Chine est l'un des pays qui a vendu ce type d'armement. Nous n'avons fermé la porte à aucun pays. Pour nous, il est important que le Pakistan soit prêt à combattre toute agression en provenance de l'Inde.
À propos des armes françaises, le gouvernement pakistanais a annoncé que trois Rafale indien avaient été abattus. L'Inde refuse de commenter. Des sources au sein de la défense française parlent d'un seul Rafale. De manière générale, il est très difficile d'avoir des informations fiables sur ce conflit. Pouvez-vous nous éclairer sur ce sujet ? Combien d'avions Rafale ont été abattus par l'armée pakistanaise ?
Vous savez, aujourd'hui, nous ne pouvons pas cacher ce genre d'information, nous avons des satellites dans l'espace et qu'il y a tant d'autres moyens d'information. Notre armée est très confiante dans le fait que nous avons bien abattu et détruit trois avions Rafale.
Nous espérons que l'Inde tirera une leçon de ce qui s'est passé et ne s'engagera pas dans une autre aventure militaire contre le Pakistan, car nos forces sont prêtes à se défendre. Nous ne sommes pas en mode agression. Nous ne voulons pas de ce conflit, mais si une guerre nous est imposée, le Pakistan est prêt à se défendre et nous nous entraînons à cela depuis plusieurs décennies.
À lire aussiAffrontements Inde-Pakistan: «Des deux côtés, on considère que la frontière est caduque»
Depuis le 10 mai, les affrontements armés entre l'Inde et le Pakistan, déclenchés après un attentat terroriste le 22 avril dans la région du Cachemire que se disputent les deux voisins, ont laissé place à une accalmie fragile. Décryptage de la situation avec l'ambassadrice du Pakistan en France, Muhmtaz Zahra Baloch.
RFI : Le 10 mai, le cessez-le-feu a mis fin à la plus grave confrontation entre l’Inde et le Pakistan depuis plus de deux décennies. Les deux dernières nuits ont été assez calmes, sans incident majeur à la frontière. Mais l’équilibre entre les deux puissances nucléaires reste précaire. Hier, le discours du Premier ministre indien a été particulièrement offensif envers votre pays. Il affirme que le Pakistan a choisi « d’attaquer l’Inde plutôt que de combattre le terrorisme ». Comment avez-vous réagi à ses propos ?
Mumtaz Zahra Baloch : Vous avez raison. L'Asie du Sud a évité une catastrophe majeure. Nous allions dans cette direction et cette catastrophe est le résultat de l'agression indienne contre le Pakistan. Le discours d'hier du Premier ministre Modi confirme que l'Inde d'aujourd'hui n'est plus l'Inde de Gandhi, c'est une Inde agressive envers son voisin. Hier, le Premier ministre Modi a déclaré que le Pakistan avait attaqué, ce qui est très loin de la vérité. C'est l'Inde qui a commis une agression contre le Pakistan et le Pakistan a déclaré qu'il voulait la paix, qu'il était un peuple pacifique, mais qu'il n'accepterait pas d'être agressé ou intimidé.
Comment le gouvernement pakistanais lutte-t-il contre les groupes terroristes actifs à la frontière et que New Delhi accuse d’être responsables d’avoir tué 26 touristes indiens ?
Tout d'abord, je dois vous dire que le Pakistan lutte quotidiennement contre le terrorisme. Des Pakistanais sont tués par des terroristes et nos forces armées font tout pour protéger la population contre le terrorisme ; il est dans notre intérêt de le combattre et non de créer des problèmes dans notre voisinage. Deuxièmement, l'incident du 22 avril dernier, pour lequel l'Inde accuse le Pakistan, n'est absolument pas vrai, car nous attendons des faits. Nous attendons que l'Inde partage des preuves, non seulement avec le Pakistan, mais aussi avec la communauté internationale. Jusqu'à présent, il n'y a eu aucune preuve, il n'y a eu que leurs mots.
Nous avons vu l’Inde utiliser cette excuse du terrorisme comme prétexte contre n’importe quel pays avant de l’attaquer. Le Pakistan a proposé une enquête ouverte, une enquête internationale sur l'incident du 22 avril afin que nous puissions savoir avec certitude quels sont les faits, qui est derrière tout cela, et nous attendons que l'Inde partage les preuves, non seulement avec le Pakistan, mais aussi avec la communauté internationale. Qui est derrière tout cela ? Et nous sommes toujours prêts à donner suite à cette offre. C'est l'Inde qui a rejeté cette offre d'enquête internationale.
Donald Trump a assuré hier lundi avoir réussi à « arrêter un conflit nucléaire ». On le sait, votre pays comme l’Inde est doté de l’arme atomique. Qu’est-ce qu’il a négocié concrètement ? Quelles sont les contreparties ?
Dès le premier jour, nous avons été en contact avec les États-Unis et de nombreux partenaires internationaux très préoccupés par un conflit en Asie du Sud, car cette région compte des millions de personnes, et deux pays dotés d'une puissance nucléaire. Il était donc important que la communauté internationale intervienne, et les États-Unis ont bien sûr joué un rôle important et nous apprécions leur intervention à cet égard.
Lorsque le Pakistan a répondu à l’agression indienne, l'Inde a fait savoir qu'elle ne souhaitait pas d'escalade. Il est devenu plus facile pour les partenaires internationaux de faire passer ce message de réduction des tensions. Les directeurs généraux des opérations militaires ont eu deux conversations téléphoniques et sont convenus que nous continuerions à maintenir ce cessez-le-feu.
Le discours prononcé lundi 12 mai par le Premier ministre Modi était très inquiétant, car il a dit qu'il y avait une pause et que l'on se dirigeait toujours vers une agression contre le Pakistan. Le Pakistan ne prendra pas cela à la légère.
Comment apaise-t-on durablement le conflit ? Comment crée-t-on une paix durable ?
Voyez-vous, pour une paix durable, il est très important que nous résolvions les questions qui continuent de peser sur les relations bilatérales entre le Pakistan et l'Inde. Certains de ces problèmes perdurent depuis le tout premier jour de notre indépendance en 1947. Le plus important étant le différend sur le Cachemire. L'autre question importante que je dois mentionner est la décision de l'Inde de suspendre le traité sur les eaux de l'Indus. Cette décision nuit à la sécurité alimentaire et hydrique du Pakistan. Il s'agit d'une attaque contre le peuple pakistanais que le Pakistan n'acceptera pas. Il est donc important pour une paix durable que les accords internationaux existants soient respectés. Si la paix est maintenue, nous essaierons alors de résoudre les problèmes qui continuent de tourmenter ces deux pays depuis plusieurs décennies.
Est-ce que la Chine a un rôle à jouer ?
Je n'entrerai pas dans les détails à ce stade, mais les États-Unis ont certainement proposé de jouer un rôle de médiateur, et nous sommes prêts à accepter cette offre. Oui, la Chine a été le principal fournisseur d'armes du Pakistan, mais le Pakistan a également acheté des armes aux États-Unis et à la France. Nous ferons tout pour nous protéger et nous nous procurerons des équipements militaires auprès des pays qui sont prêts à nous les vendre. La Chine est l'un des pays qui a vendu ce type d'armement. Nous n'avons fermé la porte à aucun pays. Pour nous, il est important que le Pakistan soit prêt à combattre toute agression en provenance de l'Inde.
À propos des armes françaises, le gouvernement pakistanais a annoncé que trois Rafale indien avaient été abattus. L'Inde refuse de commenter. Des sources au sein de la défense française parlent d'un seul Rafale. De manière générale, il est très difficile d'avoir des informations fiables sur ce conflit. Pouvez-vous nous éclairer sur ce sujet ? Combien d'avions Rafale ont été abattus par l'armée pakistanaise ?
Vous savez, aujourd'hui, nous ne pouvons pas cacher ce genre d'information, nous avons des satellites dans l'espace et qu'il y a tant d'autres moyens d'information. Notre armée est très confiante dans le fait que nous avons bien abattu et détruit trois avions Rafale.
Nous espérons que l'Inde tirera une leçon de ce qui s'est passé et ne s'engagera pas dans une autre aventure militaire contre le Pakistan, car nos forces sont prêtes à se défendre. Nous ne sommes pas en mode agression. Nous ne voulons pas de ce conflit, mais si une guerre nous est imposée, le Pakistan est prêt à se défendre et nous nous entraînons à cela depuis plusieurs décennies.
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