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Or
Depuis la chute du régime de Bachar Al-Assad, des dizaines d'usines de production de captagon ont été découvertes à travers la Syrie. D’abord aux mains de groupes armés, puis du régime et de ses alliés du Hezbollah, le pays est devenu, en dix ans, l’une des principales plates-formes de production de cette amphétamine, revendu à travers le Moyen-Orient. Le régime de Bachar Al-Assad en avait fait sa principale source de revenu, au point de devenir un « narco-État ». Depuis sa prise de pouvoir, le président par intérim, Ahmed Al-Charaa, a promis de combattre ce commerce illicite.
Dès l’entrée du hangar, l’odeur des produits chimiques prend au nez. À terre traînent encore des dizaines de gants en plastique, des masques et lunettes de protection, une balance rouillée, sur laquelle repose des plaquettes de haschich, des sachets de captagon. Dans la zone, les usines de production ont été récupérées début février des mains des milices chiites du Hezbollah au terme de violents combats.
« À l’intérieur de l’usine, on a bien sûr trouvé du captagon, toute sorte de pilules, et de drogues, mais aussi beaucoup d'armes, des armes à feu », explique Zakarya Mahmoud Abdelkader.
À lire aussiCaptagon en Syrie: avec la chute de Bachar el-Assad, un «narco-État» mis au jour
« Chaque bâtiment que vous voyez autour de vous était une usine de production »Depuis, Zakarya Mahmoud Abdelkader et son unité, des soldats rattachés à l'administration en charge des frontières, ont repris le contrôle de la zone. Wadi Hana, c’est son nom, quelques kilomètres de territoire coincés dans un mouchoir de poche à la frontière libanaise. Les milices chiites du Hezbollah y travaillaient de concert avec le régime de Bachar Al-Assad pour y produire du captagon.
« Chaque bâtiment que vous voyez autour de vous était une usine de production. Nous avons tout fermé ainsi que les points de passage à la frontière. C'est plus compliqué désormais de faire du trafic », développe Zakarya Mahmoud Abdelkader.
Dans les villages alentours, les habitants sont encore terrorisés, témoigne une habitante, qui a souhaité rester anonyme.
« On veut que le nouveau gouvernement nous protège. Les milices continuent de nous menacer. Ils nous appellent, nous envoient des messages, nous disent qu’ils vont nous tuer et nous égorger si nous parlons », témoigne une habitante.
« Nous avons essayé de vous prévenir, mais vous n’avez pas l’air de comprendre : celui qui parle, je lui marcherai sur le cou sur la place du village », laisse entendre un message vocal.
À lire aussiCaptagon connexion (1/4): deux croissants de lune sur un comprimé
Baisse du trafic et sensibilisation des habitantsDans le sud de Damas, le quartier de Rukn ad-Din était l’un des plus touchés par le trafic. Des centaines de jeunes ont été poussés à la consommation, jusqu’à sombrer dans l’addiction. Le régime les utilisait ensuite pour cibler l’arrestation de certains opposants, explique un commerçant du quartier.
« Parfois, quand le régime cherchait à arrêter quelqu'un en particulier, il lui fouillait tout simplement les poches et mettait du captagon à l’intérieur. Ensuite, il l'emmenait au poste. Dans le quartier, les gens devenaient fous à cause de cela », raconte le commerçant.
Avec les années, la violence a fini par gangréner ce quartier. Le Hezbollah, qui appuyait le régime dans ses combats contre les zones rebelles, venait y chercher de nouvelles recrues. Ce même commerçant a fait partie d’une de ces milices durant deux ans.
« Le Hezbollah avait l’habitude de donner à ses soldats une certaine quantité de captagon dans un petit sac. Le mot d’ordre était "consommez, puis combattez ! ". Les pilules qui n’étaient pas consommées étaient conservées puis revendues ici, dans le quartier », précise le commerçant.
Des rondes sont désormais organisées dans les ruelles de Rukn ad-Din par le service de sécurité générale du nouveau gouvernement. Difficile de totalement l’arrêter, mais le trafic a largement diminué, explique Ahmed Jiya Touboush, en charge de la sécurité.
« Les trafiquants n’ont plus autant de pilules à disposition qu’avant, c’est donc devenu plus difficile de vendre. Les policiers essaient également de sensibiliser les habitants sur le danger de ce trafic. »
Au plus fort de sa production, en 2021, le marché du captagon en Syrie était estimé à plus de 10 milliards de dollars.
À lire aussiSyrie: les nouvelles autorités mettent en scène la destruction de captagon
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Dès l’entrée du hangar, l’odeur des produits chimiques prend au nez. À terre traînent encore des dizaines de gants en plastique, des masques et lunettes de protection, une balance rouillée, sur laquelle repose des plaquettes de haschich, des sachets de captagon. Dans la zone, les usines de production ont été récupérées début février des mains des milices chiites du Hezbollah au terme de violents combats.
« À l’intérieur de l’usine, on a bien sûr trouvé du captagon, toute sorte de pilules, et de drogues, mais aussi beaucoup d'armes, des armes à feu », explique Zakarya Mahmoud Abdelkader.
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« Chaque bâtiment que vous voyez autour de vous était une usine de production. Nous avons tout fermé ainsi que les points de passage à la frontière. C'est plus compliqué désormais de faire du trafic », développe Zakarya Mahmoud Abdelkader.
Dans les villages alentours, les habitants sont encore terrorisés, témoigne une habitante, qui a souhaité rester anonyme.
« On veut que le nouveau gouvernement nous protège. Les milices continuent de nous menacer. Ils nous appellent, nous envoient des messages, nous disent qu’ils vont nous tuer et nous égorger si nous parlons », témoigne une habitante.
« Nous avons essayé de vous prévenir, mais vous n’avez pas l’air de comprendre : celui qui parle, je lui marcherai sur le cou sur la place du village », laisse entendre un message vocal.
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« Parfois, quand le régime cherchait à arrêter quelqu'un en particulier, il lui fouillait tout simplement les poches et mettait du captagon à l’intérieur. Ensuite, il l'emmenait au poste. Dans le quartier, les gens devenaient fous à cause de cela », raconte le commerçant.
Avec les années, la violence a fini par gangréner ce quartier. Le Hezbollah, qui appuyait le régime dans ses combats contre les zones rebelles, venait y chercher de nouvelles recrues. Ce même commerçant a fait partie d’une de ces milices durant deux ans.
« Le Hezbollah avait l’habitude de donner à ses soldats une certaine quantité de captagon dans un petit sac. Le mot d’ordre était "consommez, puis combattez ! ". Les pilules qui n’étaient pas consommées étaient conservées puis revendues ici, dans le quartier », précise le commerçant.
Des rondes sont désormais organisées dans les ruelles de Rukn ad-Din par le service de sécurité générale du nouveau gouvernement. Difficile de totalement l’arrêter, mais le trafic a largement diminué, explique Ahmed Jiya Touboush, en charge de la sécurité.
« Les trafiquants n’ont plus autant de pilules à disposition qu’avant, c’est donc devenu plus difficile de vendre. Les policiers essaient également de sensibiliser les habitants sur le danger de ce trafic. »
Au plus fort de sa production, en 2021, le marché du captagon en Syrie était estimé à plus de 10 milliards de dollars.
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