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100% création vous propose une série spéciale en neuf épisodes, Les rebâtisseurs de Notre-Dame. Cinq ans après l'incendie de la cathédrale, nous vous proposons de partir à la rencontre des compagnons, artisans d’art ou designers qui ont travaillé sur cette rénovation et ce chantier emblématique. Aujourd’hui, nous vous faisons découvrir les secrets du métier de campaniste avec Alexandre Gougeon.
En France, plus de 6 000 cloches sont classées ou inscrites au titre des Monuments historiques. Les campanistes les installent et veillent à leurs fonctionnement, entretien et maintenance.
Campaniste, si je résume très sommairement et caricature le métier : nous faisons sonner les cloches et tourner les aiguilles.
Alexandre Gougeon, dirigeant de l’entreprise campanaire Gougeon
« C’est la prise de la cloche, neuve ou non, du sol, nous la montons, la hissons dans le clocher. Nous nous occupons de toute la partie mécanique, c'est-à-dire de la construction, de l'assemblage ou de la restauration de la structure en bois, appelée le beffroi, qui porte la cloche. Nous nous occupons de cette partie mécanique, de poser la cloche dans cette structure, de l'assembler, de la mettre correctement de niveau, etc. pour que la cloche sonne correctement et en toute sécurité. Nous gérons aussi toute la partie automatisation. Il y a en général deux moteurs par cloche, un moteur qui va balancer la cloche et un moteur qui va la frapper à l'arrêt. Un marteau de tintement qui va faire sonner notamment les heures, là où on peut dénombrer les coups, les glas. Ensuite, toute cette partie automatisation, les câbles, la partie sécurité électrique et la partie de commande, c'est-à-dire un petit ordinateur que nous mettons, en général, dans la sacristie de l'église, qui va commander toute l'installation, les sonneries automatiques, les sonneries manuelles pour les déclenchements lors des cérémonies, sonner les heures, piloter le cadran extérieur, les horloges. Nous nous occupons de cela aussi de la restauration, de la pose. »
Alexandre Gougeon est ledirigeant de l’entreprise familiale Gougeon, spécialisée dans le métier peu connu de campaniste. Né à Tours, il a suivi une formation d'ingénieur en chimie et a cumulé un double diplôme à l'École polytechnique de São Paulo, au Brésil. À la fin de ses études, après l’obtention de ses diplômes en 2008, sa passion pour le patrimoine sonore et son désir de travailler dans l'entreprise familiale l'ont conduit à devenir un expert dans l'installation, la restauration et l'automatisation des cloches. Alexandre Gougeon, campaniste un métier peu connu, nous raconte sa rencontre avec Gabriel, Anne-Geneviève, Denis, Marcel, Étienne, Benoît-Joseph, Maurice et Jean-Marie, les huit cloches de la tour nord de Notre Dame de Paris.
« Le beffroi de la tour nord a été abîmé par l'incendie dans l'angle sud-est. Les flammes ont commencé à attaquer le beffroi, la partie en bois et pour sa restauration, il fallait déposer les cloches. Nous avons donc descendu, en juillet 2023, les huit cloches ce qui a pris 15 jours pour réaliser cette opération. D'abord, nous avons descendu les cloches de leur emplacement jusqu'au plancher de la salle des cloches. Une fois descendues à cet endroit-là, nous avons enlevé le joug, la partie en bois qui permet de les suspendre. Nous les avons descendus par le jeu de trappes. Les quatre trappes successives dans les planchers et dans les voûtes en pierre pour les amener au sol. Nous avons des grues à Notre-Dame dans le chantier, mais il n'y a pas de possibilité de les sortir parce qu'il y a la maçonnerie que nous ne pouvons pas ouvrir. Tout se fait de l'intérieur, comme au Moyen Âge, lorsque les premières cloches ont été montées là-haut. »
À lire aussiLes cloches de Notre-Dame de Paris
Déposer et reposer les cloches de Notre-Dame ne s’est pas fait sans risques, notamment celui des poids et de la hauteur qui étaient en jeu.
« Déjà, nous sommes à Notre-Dame, à 50 mètres de hauteur, avec des poids qui sont très importants, jusqu'à 4,2 tonnes pour la grosse cloche. Un premier enjeu. Il faut faire très attention. En plus, il y a une difficulté technique : l'enchaînement des trappes. Il y a quatre trappes à passer, mais elles ne sont pas alignées. Il faut jouer avec des poulies et des tendeurs sur les câbles du treuil qui va de haut en bas pour pouvoir passer les trappes successivement. Sachant que pour Gabriel, la plus grosse cloche de la tour nord, nous avions à peine 5 cm de jeu de chaque côté pour passer. Il faut être très précis sur des poids importants avec des enjeux, je ne dirais pas colossaux, mais des enjeux importants, et sur la cloche et sur la maçonnerie, parce qu'il ne faut pas les abîmer. »
Avec une petite équipe de neuf personnes, Alexandre Gougeon gère des projets variés, mais le chantier de Notre-Dame a nécessité une coordination étroite avec d'autres artisans campaniste.
« Nous sommes six entreprises qui se sont regroupées. Nous avons un groupement ATC, Artisans Techniciens Campanaires, nous nous connaissons depuis une vingtaine d'années pour la plupart d'entre nous. Lorsque nous avons décidé de répondre au chantier de Notre-Dame de Paris. Nous avons décidé, avec mon collègue André Voegele d'Alsace, de piloter à deux le chantier. Ensuite, les quatre autres entreprises ont apporté plutôt leur savoir-faire et leur leurs manœuvres. Bien sûr, nous avons visité le chantier, imaginé comment pouvoir descendre les cloches, puis les remonter. Mais une fois démontées, le chemin a été fait. Nous avons pensé, en amont, réfléchi la technique à aborder et à mettre en œuvre. Une fois sur place, nous nous sommes rendus compte des réelles difficultés techniques et il faut ajuster. Nous avons échangé sans arrêt, car sur le chantier, cela évolue au fur et à mesure du temps. C'était une très belle aventure humaine aussi parce que, c'était un très beau chantier, un très beau sujet pour que tout le monde échange sur les savoir-faire, les petites techniques et que nous nous rencontrions tout simplement pour agréger nos forces sur ce chantier. »
Le campaniste évolue avec son temps, c’est un métier qui sur le terrain crée ou recrée des ambiances sonores.
« Parfois, sur certains chantiers, nous avons une cloche qui est fêlée ou seule dans un clocher. Nous proposons soit de restaurer la cloche fêlée pour qu'elle résonne, si elle est accompagnée ou pas d'une autre cloche, ou de créer une autre cloche à côté. C'est le cas par exemple pour des cloches très anciennes classées monument historique, objet d'art, objet historique. Pour ménager finalement cette cloche-là, parce que cela fait 350 ans, peut-être, qu'elle sonne et qu'elle est un petit peu abimée. Parfois, nous pouvons la restaurer, parfois, nous mettons une cloche neuve à côté pour qu'elle fasse les sonneries courantes tout en préservant la cloche historique pour la faire sonner que pour les grands événements. Nous accompagnons cette cloche avec une autre cloche consonante, une sorte de tonalité musicale aussi, pour que l'accord soit joli. Nous allons créer - un petit peu - une autre ambiance sonore, un ajout sonore. Quand nous faisons des petits carillons, par exemple au château de Chambord, nous avons créé neuf cloches pour amener une ambiance sonore qui avait disparu lors de l'incendie d'une tour dans les années 1940. Nous avons recréé cette ambiance sonore avec une partie de création. C’est plus rare, bien entendu, dans notre métier, mais cela arrive. Nous devons ajuster par rapport à ce qui existe. Après, si nous faisons des cloches neuves, là, nous nous devons d'avoir un bel accord avec les autres cloches. »
Pour Alexandre Gougeon, chaque projet offre l'opportunité de se sentir fier de contribuer à l'histoire et à la culture, mais aussi de sa mission, celle de faire vivre le patrimoine sonore.
« Nous travaillons sur du patrimoine, des vieilles cloches qui peuvent être classées, du XVIIᵉ siècle, du XVIᵉ siècle, dans des bâtiments assez emblématiques, en général. Nous faisons vivre le patrimoine sonore. C'est cela qui me plaît, c'est des choses que nous ne voyons pas ou très peu, mais qui pourtant regroupent du monde, même si c'est bien entendu un objet dans une église, donc avec une signification religieuse. Quand nous descendons les cloches ou quand nous-en parlons, il y a autre chose que l'objet religieux. Les cloches sont un patrimoine sonore que nous avons en commun. »
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100% création vous propose une série spéciale en neuf épisodes, Les rebâtisseurs de Notre-Dame. Cinq ans après l'incendie de la cathédrale, nous vous proposons de partir à la rencontre des compagnons, artisans d’art ou designers qui ont travaillé sur cette rénovation et ce chantier emblématique. Aujourd’hui, nous vous faisons découvrir les secrets du métier de campaniste avec Alexandre Gougeon.
En France, plus de 6 000 cloches sont classées ou inscrites au titre des Monuments historiques. Les campanistes les installent et veillent à leurs fonctionnement, entretien et maintenance.
Campaniste, si je résume très sommairement et caricature le métier : nous faisons sonner les cloches et tourner les aiguilles.
Alexandre Gougeon, dirigeant de l’entreprise campanaire Gougeon
« C’est la prise de la cloche, neuve ou non, du sol, nous la montons, la hissons dans le clocher. Nous nous occupons de toute la partie mécanique, c'est-à-dire de la construction, de l'assemblage ou de la restauration de la structure en bois, appelée le beffroi, qui porte la cloche. Nous nous occupons de cette partie mécanique, de poser la cloche dans cette structure, de l'assembler, de la mettre correctement de niveau, etc. pour que la cloche sonne correctement et en toute sécurité. Nous gérons aussi toute la partie automatisation. Il y a en général deux moteurs par cloche, un moteur qui va balancer la cloche et un moteur qui va la frapper à l'arrêt. Un marteau de tintement qui va faire sonner notamment les heures, là où on peut dénombrer les coups, les glas. Ensuite, toute cette partie automatisation, les câbles, la partie sécurité électrique et la partie de commande, c'est-à-dire un petit ordinateur que nous mettons, en général, dans la sacristie de l'église, qui va commander toute l'installation, les sonneries automatiques, les sonneries manuelles pour les déclenchements lors des cérémonies, sonner les heures, piloter le cadran extérieur, les horloges. Nous nous occupons de cela aussi de la restauration, de la pose. »
Alexandre Gougeon est ledirigeant de l’entreprise familiale Gougeon, spécialisée dans le métier peu connu de campaniste. Né à Tours, il a suivi une formation d'ingénieur en chimie et a cumulé un double diplôme à l'École polytechnique de São Paulo, au Brésil. À la fin de ses études, après l’obtention de ses diplômes en 2008, sa passion pour le patrimoine sonore et son désir de travailler dans l'entreprise familiale l'ont conduit à devenir un expert dans l'installation, la restauration et l'automatisation des cloches. Alexandre Gougeon, campaniste un métier peu connu, nous raconte sa rencontre avec Gabriel, Anne-Geneviève, Denis, Marcel, Étienne, Benoît-Joseph, Maurice et Jean-Marie, les huit cloches de la tour nord de Notre Dame de Paris.
« Le beffroi de la tour nord a été abîmé par l'incendie dans l'angle sud-est. Les flammes ont commencé à attaquer le beffroi, la partie en bois et pour sa restauration, il fallait déposer les cloches. Nous avons donc descendu, en juillet 2023, les huit cloches ce qui a pris 15 jours pour réaliser cette opération. D'abord, nous avons descendu les cloches de leur emplacement jusqu'au plancher de la salle des cloches. Une fois descendues à cet endroit-là, nous avons enlevé le joug, la partie en bois qui permet de les suspendre. Nous les avons descendus par le jeu de trappes. Les quatre trappes successives dans les planchers et dans les voûtes en pierre pour les amener au sol. Nous avons des grues à Notre-Dame dans le chantier, mais il n'y a pas de possibilité de les sortir parce qu'il y a la maçonnerie que nous ne pouvons pas ouvrir. Tout se fait de l'intérieur, comme au Moyen Âge, lorsque les premières cloches ont été montées là-haut. »
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Déposer et reposer les cloches de Notre-Dame ne s’est pas fait sans risques, notamment celui des poids et de la hauteur qui étaient en jeu.
« Déjà, nous sommes à Notre-Dame, à 50 mètres de hauteur, avec des poids qui sont très importants, jusqu'à 4,2 tonnes pour la grosse cloche. Un premier enjeu. Il faut faire très attention. En plus, il y a une difficulté technique : l'enchaînement des trappes. Il y a quatre trappes à passer, mais elles ne sont pas alignées. Il faut jouer avec des poulies et des tendeurs sur les câbles du treuil qui va de haut en bas pour pouvoir passer les trappes successivement. Sachant que pour Gabriel, la plus grosse cloche de la tour nord, nous avions à peine 5 cm de jeu de chaque côté pour passer. Il faut être très précis sur des poids importants avec des enjeux, je ne dirais pas colossaux, mais des enjeux importants, et sur la cloche et sur la maçonnerie, parce qu'il ne faut pas les abîmer. »
Avec une petite équipe de neuf personnes, Alexandre Gougeon gère des projets variés, mais le chantier de Notre-Dame a nécessité une coordination étroite avec d'autres artisans campaniste.
« Nous sommes six entreprises qui se sont regroupées. Nous avons un groupement ATC, Artisans Techniciens Campanaires, nous nous connaissons depuis une vingtaine d'années pour la plupart d'entre nous. Lorsque nous avons décidé de répondre au chantier de Notre-Dame de Paris. Nous avons décidé, avec mon collègue André Voegele d'Alsace, de piloter à deux le chantier. Ensuite, les quatre autres entreprises ont apporté plutôt leur savoir-faire et leur leurs manœuvres. Bien sûr, nous avons visité le chantier, imaginé comment pouvoir descendre les cloches, puis les remonter. Mais une fois démontées, le chemin a été fait. Nous avons pensé, en amont, réfléchi la technique à aborder et à mettre en œuvre. Une fois sur place, nous nous sommes rendus compte des réelles difficultés techniques et il faut ajuster. Nous avons échangé sans arrêt, car sur le chantier, cela évolue au fur et à mesure du temps. C'était une très belle aventure humaine aussi parce que, c'était un très beau chantier, un très beau sujet pour que tout le monde échange sur les savoir-faire, les petites techniques et que nous nous rencontrions tout simplement pour agréger nos forces sur ce chantier. »
Le campaniste évolue avec son temps, c’est un métier qui sur le terrain crée ou recrée des ambiances sonores.
« Parfois, sur certains chantiers, nous avons une cloche qui est fêlée ou seule dans un clocher. Nous proposons soit de restaurer la cloche fêlée pour qu'elle résonne, si elle est accompagnée ou pas d'une autre cloche, ou de créer une autre cloche à côté. C'est le cas par exemple pour des cloches très anciennes classées monument historique, objet d'art, objet historique. Pour ménager finalement cette cloche-là, parce que cela fait 350 ans, peut-être, qu'elle sonne et qu'elle est un petit peu abimée. Parfois, nous pouvons la restaurer, parfois, nous mettons une cloche neuve à côté pour qu'elle fasse les sonneries courantes tout en préservant la cloche historique pour la faire sonner que pour les grands événements. Nous accompagnons cette cloche avec une autre cloche consonante, une sorte de tonalité musicale aussi, pour que l'accord soit joli. Nous allons créer - un petit peu - une autre ambiance sonore, un ajout sonore. Quand nous faisons des petits carillons, par exemple au château de Chambord, nous avons créé neuf cloches pour amener une ambiance sonore qui avait disparu lors de l'incendie d'une tour dans les années 1940. Nous avons recréé cette ambiance sonore avec une partie de création. C’est plus rare, bien entendu, dans notre métier, mais cela arrive. Nous devons ajuster par rapport à ce qui existe. Après, si nous faisons des cloches neuves, là, nous nous devons d'avoir un bel accord avec les autres cloches. »
Pour Alexandre Gougeon, chaque projet offre l'opportunité de se sentir fier de contribuer à l'histoire et à la culture, mais aussi de sa mission, celle de faire vivre le patrimoine sonore.
« Nous travaillons sur du patrimoine, des vieilles cloches qui peuvent être classées, du XVIIᵉ siècle, du XVIᵉ siècle, dans des bâtiments assez emblématiques, en général. Nous faisons vivre le patrimoine sonore. C'est cela qui me plaît, c'est des choses que nous ne voyons pas ou très peu, mais qui pourtant regroupent du monde, même si c'est bien entendu un objet dans une église, donc avec une signification religieuse. Quand nous descendons les cloches ou quand nous-en parlons, il y a autre chose que l'objet religieux. Les cloches sont un patrimoine sonore que nous avons en commun. »
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