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Le président Lula a annoncé la reprise des travaux pour réhabiliter un tronçon de la route qui relie les grandes villes amazoniennes de Porto Velho et Manaus à travers la forêt tropicale. Mais le projet inquiète scientifiques et écologistes qui craignent une expansion de la déforestation.
Traversant principalement l'État d'Amazonas, au nord-ouest du Brésil, cette route de près de 900 km a été percée dans la jungle dans les années 1970. La dictature militaire cherchait alors à coloniser l'océan de végétation qu'est l'Amazonie. Maltraitée à chaque saison des pluies, la BR-319 est vite devenue impraticable et, par manque d'entretien, elle a carrément été abandonnée en 1988. Mais depuis une dizaine d'années, des politiques réclament que soient bitumés les 400 km qui sont aujourd'hui à l'état de piste. L'ancien président d'extrême droite, Jair Bolsonaro, en avait d'ailleurs fait la promesse, relançant des travaux durant son mandat.
Les promoteurs de cette route mettent en avant l'argument du développement économique, l'État d'Amazonas étant l'un des plus pauvres du pays. D'après eux, la BR-319 est une voie de communication indispensable pour les échanges commerciaux régionaux.
En Amazonie, la navigation fluviale est le principal moyen de transport des marchandises : de grands bateaux transportent le soja, le bétail ou encore les produits de consommation courante. Mais une sécheresse historique, aggravée par le changement climatique, a compliqué cette année encore le trafic fluvial, car le niveau des rivières était trop bas. Pour Lula, la BR-319 est une des réponses à ces difficultés.
La route ne sera pas rentable économiquement, le transport fluvial reste le moyen le plus efficace et le moins cher pour approvisionner la ville de Manaus et ses plus de deux millions d'habitants, répliquent les détracteurs de la BR-319. Scientifiques et écologistes craignent surtout que la restauration de cette route donne une impulsion énorme à la déforestation.
Le risque d'un boom de déforestationHistoriquement au Brésil, le déboisement s'est fait en forme d'arête de poisson le long des routes trouées dans la forêt par les militaires. Et aujourd'hui, ceux qui s'emparent illégalement des terres – qui sont principalement publiques en Amazonie – le font en ouvrant des chemins illégaux à partir des routes déjà établies. « Aujourd'hui, la forêt amazonienne bénéficie d'une protection passive, avertit Britaldo Soares, chercheur à l'Université du Minas Gerais, car il y a peu d'accès pour y pénétrer. Ouvrir des routes, c'est ouvrir une veine dans la forêt pour que les gens aillent y prendre des terres. »
Les usurpateurs de terres, liés au crime organisé, ont même un nom au Brésil : les « grileiros ». L'expression vient du fait que, par le passé, ils donnaient plus de crédibilité à leurs faux titres de propriété en enfermant les documents dans des boîtes pleines de grillons, qui grignotaient et faisaient jaunir le papier, explique le scientifique brésilien.
Face au risque de déforestation, le président de gauche, Ignacio Lula da Silva, assure que la BR-319 pourrait être bordée de zones protégées. Mais la surveillance est bien difficile à assurer en Amazonie. Et plusieurs études scientifiques ont démontré que la déforestation va se multiplier si la route devient totalement praticable.
« Elle est déjà trois fois plus importante au niveau des tronçons asphaltés de la BR-319 », explique le biologiste de l'Université d'Amazonas, Lucas Ferrante, qui a participé à ces travaux de recherche et s'oppose à la réhabilitation de la route. « Si la route est goudronnée, nous avons calculé que la région va subir une déforestation 1 200% supérieure à la déforestation observée en 2011 quand la route n'était pas praticable. Cela éliminerait quasiment toute la forêt entre les rivières Purus et Madeira, une zone équivalente à la superficie du Royaume-Uni », s'inquiète-t-il. Il accuse de plus Lula de vouloir réhabiliter la BR-319 afin d’ouvrir d’autres blocs de la forêt à l’exploration pétrolière.
Augmentation de la violenceUne telle déforestation serait un désastre pour la biodiversité, « la zone de la BR-319 correspondant à la partie la plus préservée de la forêt amazonienne », souligne Lucas Ferrante. Un désastre aussi pour le climat mondial, car la forêt amazonienne absorbe des quantités importantes du carbone que nous émettons dans l'atmosphère et qui provoque le réchauffement climatique.
La forêt amazonienne est aussi à l'origine du système des pluies en Amérique du Sud, donc indispensable à l'agrobusiness brésilien. Enfin, quand la déforestation avance, la violence avance avec elle. Menaces, règlements de compte, atteintes aux droits humains... Les populations locales et les peuples autochtones qui vivent à proximité en payeront le prix.
Le président Lula a annoncé la reprise des travaux pour réhabiliter un tronçon de la route qui relie les grandes villes amazoniennes de Porto Velho et Manaus à travers la forêt tropicale. Mais le projet inquiète scientifiques et écologistes qui craignent une expansion de la déforestation.
Traversant principalement l'État d'Amazonas, au nord-ouest du Brésil, cette route de près de 900 km a été percée dans la jungle dans les années 1970. La dictature militaire cherchait alors à coloniser l'océan de végétation qu'est l'Amazonie. Maltraitée à chaque saison des pluies, la BR-319 est vite devenue impraticable et, par manque d'entretien, elle a carrément été abandonnée en 1988. Mais depuis une dizaine d'années, des politiques réclament que soient bitumés les 400 km qui sont aujourd'hui à l'état de piste. L'ancien président d'extrême droite, Jair Bolsonaro, en avait d'ailleurs fait la promesse, relançant des travaux durant son mandat.
Les promoteurs de cette route mettent en avant l'argument du développement économique, l'État d'Amazonas étant l'un des plus pauvres du pays. D'après eux, la BR-319 est une voie de communication indispensable pour les échanges commerciaux régionaux.
En Amazonie, la navigation fluviale est le principal moyen de transport des marchandises : de grands bateaux transportent le soja, le bétail ou encore les produits de consommation courante. Mais une sécheresse historique, aggravée par le changement climatique, a compliqué cette année encore le trafic fluvial, car le niveau des rivières était trop bas. Pour Lula, la BR-319 est une des réponses à ces difficultés.
La route ne sera pas rentable économiquement, le transport fluvial reste le moyen le plus efficace et le moins cher pour approvisionner la ville de Manaus et ses plus de deux millions d'habitants, répliquent les détracteurs de la BR-319. Scientifiques et écologistes craignent surtout que la restauration de cette route donne une impulsion énorme à la déforestation.
Le risque d'un boom de déforestationHistoriquement au Brésil, le déboisement s'est fait en forme d'arête de poisson le long des routes trouées dans la forêt par les militaires. Et aujourd'hui, ceux qui s'emparent illégalement des terres – qui sont principalement publiques en Amazonie – le font en ouvrant des chemins illégaux à partir des routes déjà établies. « Aujourd'hui, la forêt amazonienne bénéficie d'une protection passive, avertit Britaldo Soares, chercheur à l'Université du Minas Gerais, car il y a peu d'accès pour y pénétrer. Ouvrir des routes, c'est ouvrir une veine dans la forêt pour que les gens aillent y prendre des terres. »
Les usurpateurs de terres, liés au crime organisé, ont même un nom au Brésil : les « grileiros ». L'expression vient du fait que, par le passé, ils donnaient plus de crédibilité à leurs faux titres de propriété en enfermant les documents dans des boîtes pleines de grillons, qui grignotaient et faisaient jaunir le papier, explique le scientifique brésilien.
Face au risque de déforestation, le président de gauche, Ignacio Lula da Silva, assure que la BR-319 pourrait être bordée de zones protégées. Mais la surveillance est bien difficile à assurer en Amazonie. Et plusieurs études scientifiques ont démontré que la déforestation va se multiplier si la route devient totalement praticable.
« Elle est déjà trois fois plus importante au niveau des tronçons asphaltés de la BR-319 », explique le biologiste de l'Université d'Amazonas, Lucas Ferrante, qui a participé à ces travaux de recherche et s'oppose à la réhabilitation de la route. « Si la route est goudronnée, nous avons calculé que la région va subir une déforestation 1 200% supérieure à la déforestation observée en 2011 quand la route n'était pas praticable. Cela éliminerait quasiment toute la forêt entre les rivières Purus et Madeira, une zone équivalente à la superficie du Royaume-Uni », s'inquiète-t-il. Il accuse de plus Lula de vouloir réhabiliter la BR-319 afin d’ouvrir d’autres blocs de la forêt à l’exploration pétrolière.
Augmentation de la violenceUne telle déforestation serait un désastre pour la biodiversité, « la zone de la BR-319 correspondant à la partie la plus préservée de la forêt amazonienne », souligne Lucas Ferrante. Un désastre aussi pour le climat mondial, car la forêt amazonienne absorbe des quantités importantes du carbone que nous émettons dans l'atmosphère et qui provoque le réchauffement climatique.
La forêt amazonienne est aussi à l'origine du système des pluies en Amérique du Sud, donc indispensable à l'agrobusiness brésilien. Enfin, quand la déforestation avance, la violence avance avec elle. Menaces, règlements de compte, atteintes aux droits humains... Les populations locales et les peuples autochtones qui vivent à proximité en payeront le prix.
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