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Le commerce illégal des plantes et animaux vivants est en pleine expansion partout dans le monde. Un marché juteux estimé à 20 milliards de dollars par an que se partagent groupes amés, terroristes et mafias.
La sentence est tombée ce mercredi matin pour les deux jeunes Belges arrêtés au Kenya pour trafic d’espèces vivantes, quelques 5 000 fourmis en l’occurrence. Un tribunal de Nairobi les a condamnés chacun à l'équivalent de 7 700 dollars d'amende (transformée en 12 mois de prison s'ils ne paient pas). Le marché des « nouveaux animaux de compagnie » est en pleine explosion, grâce aux réseaux sociaux. Un marché dans lequel investit de plus en plus le crime organisé. Le trafic d’espèces protégées est ainsi devenu le quatrième marché illégal le plus lucratif, après la drogue, la contrefaçon et la prostitution. Un marché estimé à 20 milliards de dollars chaque année dans le monde. Qui rapporte, et qui est peu risqué. « C'est l'une des formes les plus rentables de la criminalité organisée, selon l’ONU, souligne Charlotte Nithart, la présidente de l’association écologiste Robin des Bois. C’est aussi la moins dangereuse. Comparé aux gains potentiels, les peines encourues sont bien inférieures à celles encourues pour du trafic de drogue, alors que le trafic peut rapporter des sommes équivalentes ».
À lire aussiKenya: quatre personnes arrêtées pour trafic de fourmis
Avant l’entrée en jeu des mafias, le trafic d’espèces vivantes a servi à financer la guerre, le terrorisme… C’est ce qu’on a appelé « l’ivoire kaki, rappelle Charlotte Nithart, dont l’association a publié L'Atlas du business des espèces menacées. Le braconnage des éléphants pour leur ivoire, pour acheter des armes, a explosé notamment au moment des conflits en Angola. C’est une synergie qui est très connue pour les éléphants, qui est moins connue mais tout aussi effarante pour les girafes. Le rétrécissement, l’aire de répartition des girafes et la réduction de leurs populations se sont vraiment intensifiés à cause de Boko Haram ou d'AQMI, Al-Qaïda au Maghreb islamique ».
Le M23 tue des éléphants en RDCLe même phénomène est aujourd’hui à l’œuvre dans l’est du Congo-Kinshasa. Les éléphants, mais pas qu’eux, servent à acheter des armes et des munitions. « Les rebelles du M23, mais ils ne sont pas les seuls, tous les groupes armés illicites dans cette zone chassent notamment les éléphants pour leur ivoire, les hippopotames pour la viande, et les gorilles pour vendre soit les juvéniles, les bébés, en animaux de compagnie vivants, soit les parents avec juste la tête ou les bras », poursuit Charlotte Nithart.
Depuis quelques années, le crime organisé a investi à son tour le trafic des espèces protégées et il ne recule devant rien. En témoigne par exemple l’attaque inédite en 2017 d’un zoo de la région parisienne : un rhinocéros tué à coups de fusil, et ses cornes arrachées, pour de prétendues vertus aphrodisiaques. « Tout le monde est abasourdi, témoignait à l’époque le directeur du parc de Thoiry, Thierry Duguet. Parce que c'est inimaginable que ce type de braconnage, qui est pratiqué malheureusement dans la nature en Afrique, arrive maintenant chez nous, en Europe ». En Europe, et partout dans le monde.
À lire aussiLa mondialisation du braconnage
Les méthodes du narcotraficPartout les mafias ont trouvé là un nouveau filon. La biodiversité pour diversifier son business, ramasser encore plus d’argent.« On le voit partout, et notamment en France. Lors de descentes de police pour des saisies de drogue on a souvent, en même temps, des saisies soit de tortue, soit de perroquets gris. En Amérique latine, on aussi vu des bateaux transporter des tonnes de cocaïne et quelques singes hurleurs en même temps », raconte la présidente de Robin des Bois. On retrouve d’ailleurs les mêmes méthodes utilisées pour le narcotrafic : beaucoup de cash, d’argent liquide, qui circule, et même des go fast, avec des voitures ouvreuses pour convoyer des animaux.
Les collectionneurs d’espèces protégées savent-ils qu’ils financent des guerres, le crime organisé ? « Quand on achète de l'ivoire, de la corne de rhinocéros ou des écailles de pangolin, rappelle Charlotte Nithart, on participe finalement à une économie souterraine qui est source de violence, d'une violence inouïe, qui est source de corruption, qui est source de malheur pour les populations ». Source aussi de déstabilisation des pays. Le secrétaire général des Nations unies s'en alarmait dès 2016.
Le commerce illégal des plantes et animaux vivants est en pleine expansion partout dans le monde. Un marché juteux estimé à 20 milliards de dollars par an que se partagent groupes amés, terroristes et mafias.
La sentence est tombée ce mercredi matin pour les deux jeunes Belges arrêtés au Kenya pour trafic d’espèces vivantes, quelques 5 000 fourmis en l’occurrence. Un tribunal de Nairobi les a condamnés chacun à l'équivalent de 7 700 dollars d'amende (transformée en 12 mois de prison s'ils ne paient pas). Le marché des « nouveaux animaux de compagnie » est en pleine explosion, grâce aux réseaux sociaux. Un marché dans lequel investit de plus en plus le crime organisé. Le trafic d’espèces protégées est ainsi devenu le quatrième marché illégal le plus lucratif, après la drogue, la contrefaçon et la prostitution. Un marché estimé à 20 milliards de dollars chaque année dans le monde. Qui rapporte, et qui est peu risqué. « C'est l'une des formes les plus rentables de la criminalité organisée, selon l’ONU, souligne Charlotte Nithart, la présidente de l’association écologiste Robin des Bois. C’est aussi la moins dangereuse. Comparé aux gains potentiels, les peines encourues sont bien inférieures à celles encourues pour du trafic de drogue, alors que le trafic peut rapporter des sommes équivalentes ».
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Avant l’entrée en jeu des mafias, le trafic d’espèces vivantes a servi à financer la guerre, le terrorisme… C’est ce qu’on a appelé « l’ivoire kaki, rappelle Charlotte Nithart, dont l’association a publié L'Atlas du business des espèces menacées. Le braconnage des éléphants pour leur ivoire, pour acheter des armes, a explosé notamment au moment des conflits en Angola. C’est une synergie qui est très connue pour les éléphants, qui est moins connue mais tout aussi effarante pour les girafes. Le rétrécissement, l’aire de répartition des girafes et la réduction de leurs populations se sont vraiment intensifiés à cause de Boko Haram ou d'AQMI, Al-Qaïda au Maghreb islamique ».
Le M23 tue des éléphants en RDCLe même phénomène est aujourd’hui à l’œuvre dans l’est du Congo-Kinshasa. Les éléphants, mais pas qu’eux, servent à acheter des armes et des munitions. « Les rebelles du M23, mais ils ne sont pas les seuls, tous les groupes armés illicites dans cette zone chassent notamment les éléphants pour leur ivoire, les hippopotames pour la viande, et les gorilles pour vendre soit les juvéniles, les bébés, en animaux de compagnie vivants, soit les parents avec juste la tête ou les bras », poursuit Charlotte Nithart.
Depuis quelques années, le crime organisé a investi à son tour le trafic des espèces protégées et il ne recule devant rien. En témoigne par exemple l’attaque inédite en 2017 d’un zoo de la région parisienne : un rhinocéros tué à coups de fusil, et ses cornes arrachées, pour de prétendues vertus aphrodisiaques. « Tout le monde est abasourdi, témoignait à l’époque le directeur du parc de Thoiry, Thierry Duguet. Parce que c'est inimaginable que ce type de braconnage, qui est pratiqué malheureusement dans la nature en Afrique, arrive maintenant chez nous, en Europe ». En Europe, et partout dans le monde.
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Les collectionneurs d’espèces protégées savent-ils qu’ils financent des guerres, le crime organisé ? « Quand on achète de l'ivoire, de la corne de rhinocéros ou des écailles de pangolin, rappelle Charlotte Nithart, on participe finalement à une économie souterraine qui est source de violence, d'une violence inouïe, qui est source de corruption, qui est source de malheur pour les populations ». Source aussi de déstabilisation des pays. Le secrétaire général des Nations unies s'en alarmait dès 2016.
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