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ÊKÔ, dont Sarah Saint-Pol est la fondatrice, est à la fois une Maison d'Art Porté, une marque de vêtements et accessoires inspirés de l'origami et réalisés grâce à un savoir-faire d'exception : le plissage artisanal. Mais c’est aussi un bureau d’études à destination des professionnels du secteur de la mode, du design ou de la scénographie. Sarah Saint-Pol déploie la technique du plissage sans limite de matières.
Un créateur ou artisan, en général, crée tout le temps. Chaque moment de la vie, même de la vie privée, va nous donner une idée pour un autre projet. Et c’est toujours quelque part dans notre tête.
– Sarah Saint-Pol, designer et fondatrice d’ÊKÔ
« Comme je travaille beaucoup sur les savoir-faire français, je me suis dit : "Il faut un nom à la fois français qui évoque un peu le Japon aussi", parce que l’origami, c’est à la source un nom qui retrace un peu mon parcours en tant que musicienne. Et finalement, l’écho, l’écho sonore, cela fait penser aussi au travail de l’origami. Il y a une sorte d’écho, de répétition du geste. Je me dis : "Je veux quelque chose autour de l’écho, Eko avec un K, c’est le nom japonais." »
Sarah Saint-Pol est née dans le sud de la France. Elle a fait des études de musique classique à Aix-en-Provence puis en Belgique et aux Pays-Bas. Elle commence une carrière de flûtiste dans différents orchestres philharmoniques. Au cours de sa carrière, elle développe un problème à la mâchoire et elle est contrainte d’arrêter la musique. Elle se reconvertit grâce à une formation en management culturel, mais il lui manque une dimension manuelle ainsi que créative.
À ses heures perdues, elle réalise des origamis sur tissus, c’est comme cela qu’elle découvre le plissage. En 2018, elle commence par faire une collection de vêtements, et depuis, elle développe son activité autour du design. Quand elle commence une collection ou un objet, elle débute toujours par un prototype en papier. « J’aime beaucoup travailler le papier comme de l’origami. C’est la base du travail du plissé. Je fais plein de maquettes en papier. Si ce sont des vêtements, je vais les mouler autour de mon mannequin pour voir comment cela tombe. Et c’est à partir de ces maquettes que je vais construire les métiers à plisser afin de construire le vêtement autour de ce plissé-là sur le vêtement ou l’œuvre murale. »
Métiers à plisserAfin de réaliser ses pièces, Sarah Saint-Pol utilise des métiers à plisser. « Je fabrique un métier à tisser. C’est comme un moule en papier qui ressemble à de l’origami. Je fais deux épaisseurs, ensuite je l’étuve pour qu’il prenne la forme et après je le remets totalement à plat pour pouvoir mettre le tissu à l’intérieur bien à plat, sans avoir de faux plis. Je le resserre et le mets dans une étuve. Si la fibre du tissu est synthétique, cela va légèrement fondre. Si c’est une matière naturelle, cela va casser la fibre et prendre la forme du moule. Au moment où le moule est sec, après tubage, la matière est normalement indéplissable. »
« Pour du synthétique, cela va rester marqué sur la matière. Pour le cuir aussi parce que c’est très rigide. Après, quand je travaille sur du lin ou du coton, pour des objets qui ne peuvent pas être touchés ou pas lavés, comme des luminaires, on peut faire des luminaires en lin parce que cela ne va par être lavé. Si c’est lavé, la forme se perd. C’est le cas des vêtements en coton ou en soie. C’est éphémère, en fait. Les métiers à plisser sont à chaque fois faits sur mesure. Je peux avoir de très grands métiers à tisser. En ce moment, je travaille avec une créatrice de luminaires et je lui prépare un métier à tisser qui fait 7 mètres de long sur 1,50 de large. J’en ai parfois des petits. Pour faire un sac, j’ai besoin d’un tout petit métier à plisser. »
Se former toute seuleLe métier de plisseur n’existe presque plus, Sarah Saint-Pol a dû développer sa propre technique. « Il n’y a pas de formation et il n’y a pas de transmission. Moi-même, je n’ai pas pu me former parce que quand je me suis présentée aux ateliers de plissage, j’ai été un petit peu naïve et je leur ai dit : "Moi, je vais me former parce que je veux créer une marque de vêtements plissés." Et cela leur a fait peur et ils m’ont tous dit : "Non, nous formons des apprentis pour travailler chez nous, mais nous ne formons pas en dehors." J’ai dû me former toute seule, ce n’est pas forcément évident d’apprendre une technique toute seule. Il y a beaucoup de vidéos qui circulent en ligne. Petit à petit, à force de regarder, je finis par comprendre leur technique et après, j’ai développé la mienne. Ce qui est intéressant, c’est que j’ai développé ma propre technique. »
« C’est une technique qui existe depuis tellement longtemps, mais c’est protégé par le secret de fabrication, donc nous n’avons pas non plus trop le droit de tout dévoiler. Moi, j’ai vraiment à cœur de former de nouvelles générations de plisseurs, parce que pour l’instant, il n’y a pas de concurrence du tout et du coup, le savoir-faire n’évolue pas parce que quand il n'y a pas de concurrence... S’il y a de nouveaux plisseurs sur le marché du travail, cela va faire monter le niveau et de toute façon, il y a de la demande. Moi, je vois bien que depuis que j’ai ouvert mon bureau d’études, j’ai énormément de demandes, donc nous pourrions être dix de plus, 50 de plus, il y aurait toujours du travail pour nous. »
Jouer avec de nouvelles matièresSarah Saint-Pol aime s’aventurer en dehors du tissu et appliquer les techniques du plissage sur de nouvelles matières comme le cuir ou encore la céramique et le bois. « Depuis que j’ai ouvert le bureau d’études, beaucoup de créateurs, de maroquinier par exemple, m’ont dit : "Oh la la ! J'adorerais avoir du plissé de cuir, mais ce n’est pas possible." Beaucoup de plisseurs m’ont dit : "Nous ne pouvons pas plisser le cuir, c’est impossible." Je me suis dit "mais pourquoi ?" J’ai testé, c'est possible. J’ai eu pas mal d’échecs avant de comprendre comment faire. Le cuir de vachette fonctionne très bien, le cuir de mouton aussi, mais il reste un peu trop mou. Il faut trouver la bonne matière, le bon traitement. En ce moment, j’attends du bois très, très fin que je vais essayer de plisser. »
« J’ai beaucoup de fabricants qui m’envoient leur matière. J’investigue régulièrement, je teste de la céramique ou du feutre. Il y a une grande partie de mon travail, c’est de la recherche sur de nouvelles matières que je me fais envoyer. Ou je vais voir des fabricants. Il faut juste trouver la technique pour chaque matière, nous pouvons tout plisser. Souvent à Noël, je fais des sablés plissés ou des chocolats plissés. Nous pouvons faire ce que nous voulons, il suffit juste de pouvoir faire une feuille fine et de la mettre dans un métier à plisser pour que cela fonctionne. En trouvant la bonne température, tout fonctionne. Je pense que pour chaque matériau, il y a une façon de faire. »
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ÊKÔ, dont Sarah Saint-Pol est la fondatrice, est à la fois une Maison d'Art Porté, une marque de vêtements et accessoires inspirés de l'origami et réalisés grâce à un savoir-faire d'exception : le plissage artisanal. Mais c’est aussi un bureau d’études à destination des professionnels du secteur de la mode, du design ou de la scénographie. Sarah Saint-Pol déploie la technique du plissage sans limite de matières.
Un créateur ou artisan, en général, crée tout le temps. Chaque moment de la vie, même de la vie privée, va nous donner une idée pour un autre projet. Et c’est toujours quelque part dans notre tête.
– Sarah Saint-Pol, designer et fondatrice d’ÊKÔ
« Comme je travaille beaucoup sur les savoir-faire français, je me suis dit : "Il faut un nom à la fois français qui évoque un peu le Japon aussi", parce que l’origami, c’est à la source un nom qui retrace un peu mon parcours en tant que musicienne. Et finalement, l’écho, l’écho sonore, cela fait penser aussi au travail de l’origami. Il y a une sorte d’écho, de répétition du geste. Je me dis : "Je veux quelque chose autour de l’écho, Eko avec un K, c’est le nom japonais." »
Sarah Saint-Pol est née dans le sud de la France. Elle a fait des études de musique classique à Aix-en-Provence puis en Belgique et aux Pays-Bas. Elle commence une carrière de flûtiste dans différents orchestres philharmoniques. Au cours de sa carrière, elle développe un problème à la mâchoire et elle est contrainte d’arrêter la musique. Elle se reconvertit grâce à une formation en management culturel, mais il lui manque une dimension manuelle ainsi que créative.
À ses heures perdues, elle réalise des origamis sur tissus, c’est comme cela qu’elle découvre le plissage. En 2018, elle commence par faire une collection de vêtements, et depuis, elle développe son activité autour du design. Quand elle commence une collection ou un objet, elle débute toujours par un prototype en papier. « J’aime beaucoup travailler le papier comme de l’origami. C’est la base du travail du plissé. Je fais plein de maquettes en papier. Si ce sont des vêtements, je vais les mouler autour de mon mannequin pour voir comment cela tombe. Et c’est à partir de ces maquettes que je vais construire les métiers à plisser afin de construire le vêtement autour de ce plissé-là sur le vêtement ou l’œuvre murale. »
Métiers à plisserAfin de réaliser ses pièces, Sarah Saint-Pol utilise des métiers à plisser. « Je fabrique un métier à tisser. C’est comme un moule en papier qui ressemble à de l’origami. Je fais deux épaisseurs, ensuite je l’étuve pour qu’il prenne la forme et après je le remets totalement à plat pour pouvoir mettre le tissu à l’intérieur bien à plat, sans avoir de faux plis. Je le resserre et le mets dans une étuve. Si la fibre du tissu est synthétique, cela va légèrement fondre. Si c’est une matière naturelle, cela va casser la fibre et prendre la forme du moule. Au moment où le moule est sec, après tubage, la matière est normalement indéplissable. »
« Pour du synthétique, cela va rester marqué sur la matière. Pour le cuir aussi parce que c’est très rigide. Après, quand je travaille sur du lin ou du coton, pour des objets qui ne peuvent pas être touchés ou pas lavés, comme des luminaires, on peut faire des luminaires en lin parce que cela ne va par être lavé. Si c’est lavé, la forme se perd. C’est le cas des vêtements en coton ou en soie. C’est éphémère, en fait. Les métiers à plisser sont à chaque fois faits sur mesure. Je peux avoir de très grands métiers à tisser. En ce moment, je travaille avec une créatrice de luminaires et je lui prépare un métier à tisser qui fait 7 mètres de long sur 1,50 de large. J’en ai parfois des petits. Pour faire un sac, j’ai besoin d’un tout petit métier à plisser. »
Se former toute seuleLe métier de plisseur n’existe presque plus, Sarah Saint-Pol a dû développer sa propre technique. « Il n’y a pas de formation et il n’y a pas de transmission. Moi-même, je n’ai pas pu me former parce que quand je me suis présentée aux ateliers de plissage, j’ai été un petit peu naïve et je leur ai dit : "Moi, je vais me former parce que je veux créer une marque de vêtements plissés." Et cela leur a fait peur et ils m’ont tous dit : "Non, nous formons des apprentis pour travailler chez nous, mais nous ne formons pas en dehors." J’ai dû me former toute seule, ce n’est pas forcément évident d’apprendre une technique toute seule. Il y a beaucoup de vidéos qui circulent en ligne. Petit à petit, à force de regarder, je finis par comprendre leur technique et après, j’ai développé la mienne. Ce qui est intéressant, c’est que j’ai développé ma propre technique. »
« C’est une technique qui existe depuis tellement longtemps, mais c’est protégé par le secret de fabrication, donc nous n’avons pas non plus trop le droit de tout dévoiler. Moi, j’ai vraiment à cœur de former de nouvelles générations de plisseurs, parce que pour l’instant, il n’y a pas de concurrence du tout et du coup, le savoir-faire n’évolue pas parce que quand il n'y a pas de concurrence... S’il y a de nouveaux plisseurs sur le marché du travail, cela va faire monter le niveau et de toute façon, il y a de la demande. Moi, je vois bien que depuis que j’ai ouvert mon bureau d’études, j’ai énormément de demandes, donc nous pourrions être dix de plus, 50 de plus, il y aurait toujours du travail pour nous. »
Jouer avec de nouvelles matièresSarah Saint-Pol aime s’aventurer en dehors du tissu et appliquer les techniques du plissage sur de nouvelles matières comme le cuir ou encore la céramique et le bois. « Depuis que j’ai ouvert le bureau d’études, beaucoup de créateurs, de maroquinier par exemple, m’ont dit : "Oh la la ! J'adorerais avoir du plissé de cuir, mais ce n’est pas possible." Beaucoup de plisseurs m’ont dit : "Nous ne pouvons pas plisser le cuir, c’est impossible." Je me suis dit "mais pourquoi ?" J’ai testé, c'est possible. J’ai eu pas mal d’échecs avant de comprendre comment faire. Le cuir de vachette fonctionne très bien, le cuir de mouton aussi, mais il reste un peu trop mou. Il faut trouver la bonne matière, le bon traitement. En ce moment, j’attends du bois très, très fin que je vais essayer de plisser. »
« J’ai beaucoup de fabricants qui m’envoient leur matière. J’investigue régulièrement, je teste de la céramique ou du feutre. Il y a une grande partie de mon travail, c’est de la recherche sur de nouvelles matières que je me fais envoyer. Ou je vais voir des fabricants. Il faut juste trouver la technique pour chaque matière, nous pouvons tout plisser. Souvent à Noël, je fais des sablés plissés ou des chocolats plissés. Nous pouvons faire ce que nous voulons, il suffit juste de pouvoir faire une feuille fine et de la mettre dans un métier à plisser pour que cela fonctionne. En trouvant la bonne température, tout fonctionne. Je pense que pour chaque matériau, il y a une façon de faire. »
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