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Si vous avez déjà eu le cœur serré en constatant que le lac de votre enfance s'assèche d'année en année ou en observant la forêt près de votre village dépérir en raison du changement climatique, ces émotions ont un nom : la « solastalgie ». Et elles peuvent nous mobiliser pour protéger la nature.
Vous êtes nombreux à l'avoir déjà ressentie, nous en faisons le pari. Inspirée de la nostalgie, la « solastalgie » - néologisme inventé en 2003 par le philosophe australien Glenn Albrecht - fait référence aux émotions que l'on éprouve à voir un paysage, un écosystème ou un élément de la biodiversité auquel nous sommes attachés, se transformer voire disparaître en raison du changement climatique ou d'autres effets des activités humaines. Le terme vient du latin solacium pour réconfort, soulagement, et du suffixe grec algia, relatif à la douleur.
Cette tristesse ou anxiété font surface par exemple lorsque la rivière de notre enfance s'assèche, lorsque nous constatons que les poissons que nous y pêchions jadis ne sont plus là ou lorsque les champs près de chez nous deviennent silencieux parce que les oiseaux se font de plus en plus rares. La pollution de l'environnement, l'extraction minière ou l'urbanisation peuvent aussi altérer les paysages qui nous sont familiers et dans lesquels nous trouvions du réconfort.
Avant d'habiter en France, la biologiste Alicja Robionek-Selosse a passé toute sa vie en Pologne centrale. Autrefois, pendant l'hiver, les plaines et les villes se couvraient d'une épaisse couche blanche qui étouffait tous les bruits. « Quand j'étais enfant nous jouions dans la neige quelques semaines par an, nous faisions même du patin sur les lacs gelés, confie-t-elle à RFI. Je n'imagine pas faire ça maintenant. Aujourd'hui je n'ai pas souvent l'occasion de montrer à mon fils de quatre ans comment faire de la luge, comment faire un bonhomme de neige ou une bataille des boules de neige... Et pour moi c'est un peu frustrant, un peu triste. Il y avait toujours beaucoup de neige pendant l'hiver en Pologne, c'est dans notre culture, c'est dans la littérature, c'était très fort ».
Un potentiel mobilisateurAlors que l'éco-anxiété, terme plus connu du grand public, correspond aux émotions face au un futur chaotique qui nous attend si nous ne luttons pas suffisamment contre le changement climatique, la « solastalgie » se vit, elle, au présent et vis-à-vis du passé. Ces émotions sont tout à fait normales, estiment les spécialistes. Pour le père du terme « solastalgie », Glenn Albrecht, c'est le signe de notre lien puissant avec la nature. Pour le philosophe français Baptiste Morizot, interrogé par le journal Le Monde en 2019, ce sentiment a même un potentiel mobilisateur parce que nous comprenons que l'environnement que nous pensions immuable est en réalité fragile. Nous nous rendons compte que le monde vivant n'a jamais été donné, que nous avons un impact sur la nature dont nous sommes une des parties.
Dans les Alpes françaises, Valérie Paumier se remémore « la fraîcheur du torrent » où elle plongeait ses pieds l'été, décrit-elle à RFI. Il est souvent à sec désormais. Et au bout du lac d'Annecy, sa montagne si verte hier, est devenue « brune ou grise car les arbres souffrent de la sécheresse et sont attaqués par les scolytes, des insectes qui prolifèrent en raison de la hausse des températures ». Cette réalité l'angoisse, mais l'a aussi poussée à créer son association Résilience Montagne qui travaille sur les causes et conséquences du réchauffement climatique en montagne.
« Je ne peux pas me résigner à me dire qu'on est juste spectateur, affirme Valérie Paumier. Personne ne mérite, ni nous au présent, ni les générations futures, que l'on baisse les bras. Je me dis que, puisque l'homme est responsable du changement, je fais partie de ces hommes et je veux aujourd’hui, pas corriger le tir mais continuer à sensibiliser ».
En faisant partie d'associations environnementales, celle qui travaillait auparavant dans le tourisme a l'espoir de continuer à faire aimer la nature. « Je pense que quand on va dans la forêt, qu'on voit sa beauté, qu'on comprend la vie qu’elle abrite, les connexions entre la faune et la flore, alors on n'a plus envie de l'abîmer. Et je me dis que moi, j'ai une responsabilité à faire aimer cette forêt pour qu'on ne la détruise plus ».
Et vous, lecteurs et auditeurs de RFI, avez-vous pensé à un paysage que vous aimez et que vous pourriez protéger ?
Si vous avez déjà eu le cœur serré en constatant que le lac de votre enfance s'assèche d'année en année ou en observant la forêt près de votre village dépérir en raison du changement climatique, ces émotions ont un nom : la « solastalgie ». Et elles peuvent nous mobiliser pour protéger la nature.
Vous êtes nombreux à l'avoir déjà ressentie, nous en faisons le pari. Inspirée de la nostalgie, la « solastalgie » - néologisme inventé en 2003 par le philosophe australien Glenn Albrecht - fait référence aux émotions que l'on éprouve à voir un paysage, un écosystème ou un élément de la biodiversité auquel nous sommes attachés, se transformer voire disparaître en raison du changement climatique ou d'autres effets des activités humaines. Le terme vient du latin solacium pour réconfort, soulagement, et du suffixe grec algia, relatif à la douleur.
Cette tristesse ou anxiété font surface par exemple lorsque la rivière de notre enfance s'assèche, lorsque nous constatons que les poissons que nous y pêchions jadis ne sont plus là ou lorsque les champs près de chez nous deviennent silencieux parce que les oiseaux se font de plus en plus rares. La pollution de l'environnement, l'extraction minière ou l'urbanisation peuvent aussi altérer les paysages qui nous sont familiers et dans lesquels nous trouvions du réconfort.
Avant d'habiter en France, la biologiste Alicja Robionek-Selosse a passé toute sa vie en Pologne centrale. Autrefois, pendant l'hiver, les plaines et les villes se couvraient d'une épaisse couche blanche qui étouffait tous les bruits. « Quand j'étais enfant nous jouions dans la neige quelques semaines par an, nous faisions même du patin sur les lacs gelés, confie-t-elle à RFI. Je n'imagine pas faire ça maintenant. Aujourd'hui je n'ai pas souvent l'occasion de montrer à mon fils de quatre ans comment faire de la luge, comment faire un bonhomme de neige ou une bataille des boules de neige... Et pour moi c'est un peu frustrant, un peu triste. Il y avait toujours beaucoup de neige pendant l'hiver en Pologne, c'est dans notre culture, c'est dans la littérature, c'était très fort ».
Un potentiel mobilisateurAlors que l'éco-anxiété, terme plus connu du grand public, correspond aux émotions face au un futur chaotique qui nous attend si nous ne luttons pas suffisamment contre le changement climatique, la « solastalgie » se vit, elle, au présent et vis-à-vis du passé. Ces émotions sont tout à fait normales, estiment les spécialistes. Pour le père du terme « solastalgie », Glenn Albrecht, c'est le signe de notre lien puissant avec la nature. Pour le philosophe français Baptiste Morizot, interrogé par le journal Le Monde en 2019, ce sentiment a même un potentiel mobilisateur parce que nous comprenons que l'environnement que nous pensions immuable est en réalité fragile. Nous nous rendons compte que le monde vivant n'a jamais été donné, que nous avons un impact sur la nature dont nous sommes une des parties.
Dans les Alpes françaises, Valérie Paumier se remémore « la fraîcheur du torrent » où elle plongeait ses pieds l'été, décrit-elle à RFI. Il est souvent à sec désormais. Et au bout du lac d'Annecy, sa montagne si verte hier, est devenue « brune ou grise car les arbres souffrent de la sécheresse et sont attaqués par les scolytes, des insectes qui prolifèrent en raison de la hausse des températures ». Cette réalité l'angoisse, mais l'a aussi poussée à créer son association Résilience Montagne qui travaille sur les causes et conséquences du réchauffement climatique en montagne.
« Je ne peux pas me résigner à me dire qu'on est juste spectateur, affirme Valérie Paumier. Personne ne mérite, ni nous au présent, ni les générations futures, que l'on baisse les bras. Je me dis que, puisque l'homme est responsable du changement, je fais partie de ces hommes et je veux aujourd’hui, pas corriger le tir mais continuer à sensibiliser ».
En faisant partie d'associations environnementales, celle qui travaillait auparavant dans le tourisme a l'espoir de continuer à faire aimer la nature. « Je pense que quand on va dans la forêt, qu'on voit sa beauté, qu'on comprend la vie qu’elle abrite, les connexions entre la faune et la flore, alors on n'a plus envie de l'abîmer. Et je me dis que moi, j'ai une responsabilité à faire aimer cette forêt pour qu'on ne la détruise plus ».
Et vous, lecteurs et auditeurs de RFI, avez-vous pensé à un paysage que vous aimez et que vous pourriez protéger ?
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