Après l'Union européenne vendredi, le Royaume Uni a pris de nouvelles mesures pour lutter contre la flotte fantôme russe. 135 nouveaux navires ont été placés sur la liste de Londres, interdits de port et d'assurance. Malgré ces mesures, le pétrole russe continue d’affluer vers l’Asie… et même indirectement vers l’Europe. Une économie parallèle, opaque et risquée, qui rapporte des milliards à Moscou.
Le Royaume-Uni a annoncé sanctionner 135 navires soupçonnés de faire partie de la “flotte fantôme” russe. Une mesure qui fait écho aux nouvelles sanctions européennes prises deux jours plus tôt dans le cadre du 18ᵉ paquet adopté par Bruxelles.
Depuis fin 2022, l’Union européenne et le Royaume-Uni plafonnent le prix du baril russe. Objectif : tarir la principale source de revenus de Moscou. Mais en réponse, la Russie a constitué une flotte parallèle, opérant en dehors des radars officiels.
Cette flotte fantôme compterait aujourd’hui près de 1 300 navires, selon les estimations. L’Union européenne en sanctionne 444, le Royaume-Uni plus de 400. Ces bateaux n’ont plus le droit d’accoster dans les ports européens ou britanniques, et ne peuvent plus être assurés par des compagnies occidentales.
Mais dans les faits, le système continue de fonctionner. Certaines de ces embarcations battent pavillon de pays tiers comme le Panama ou le Liberia, changent fréquemment de nom, de propriétaire, voire de GPS. D’autres continuent tout simplement leur route, sans rien changer : selon une enquête du Monde, 80 % des navires sanctionnés suivent toujours leurs itinéraires habituels vers l’Inde ou la Chine.
Et le pétrole russe trouve preneur : l’Inde, la Chine, mais aussi la Turquie en achètent massivement. Selon le CREA, ces navires ont généré plus de 300 milliards d’euros de recettes depuis février 2022. Les seuls 135 navires visés dimanche par Londres auraient rapporté à eux seuls 24 milliards de dollars depuis le début de l’année.
Ironie du sort : pendant la même période, les exportations de pétrole indien vers l’Europe ont bondi de 15 %. Autrement dit, le pétrole russe continue, indirectement, à revenir en Europe.
Enfin, cette flotte parallèle pose un risque environnemental majeur. Les navires sont souvent anciens, peu ou pas assurés, et leurs opérations de transfert en mer sont à haut risque. En décembre dernier, le Volgoneft 212, mis en service en 1969, s’est échoué dans le détroit de Kertch après une collision avec un autre tanker. Plus de 8 000 tonnes de mazout ont provoqué une marée noire dans la zone.