Au nord-ouest du Kenya, les camps de Kakuma et Kalobayei font face à une crise humanitaire sans précédent. Depuis le retrait brutal de l’aide américaine USAID en janvier, les rations ont fondu, les violences ont éclaté et tout le système humanitaire menace de s’effondrer.
Créé en 1992, le camp de Kakuma accueille aujourd’hui plus de 300 000 réfugiés au Kenya venus du Soudan du Sud, de Somalie, d’Éthiopie ou encore de la RD Congo. Vingt ans plus tard, un second camp, Kalobayei, a vu le jour à proximité. Tous deux sont désormais plongés dans le chaos.
À l’origine de cette crise : le gel des financements américains d'USAID, décidé par Donald Trump à son retour à la Maison Blanche. Une décision qui a entraîné un effet domino sur les autres agences humanitaires. Le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), tous deux financés à plus de 70 % par les États-Unis, ont été contraints de réduire drastiquement leur aide.
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Conséquences immédiates : des rations réduites à moins de 1 000 calories par jour, des transferts monétaires supprimés, des files d’attente pour un simple bol de riz, et désormais, des tensions meurtrières.
"Tout ce que nous demandons, c'est de la nourriture"
Lundi, une manifestation à Kalobayei contre un nouveau système de distribution a dégénéré, faisant au moins deux morts, selon plusieurs sources. Une nouvelle distribution est prévue en fin de semaine à Kakuma, dans un climat d’extrême tension.
Au-delà de l’urgence alimentaire, c’est tout le tissu économique du camp qui s’effondre. Sans transferts d’argent, petits commerces, marchés et services ferment un à un. Certains réfugiés n’ont d’autre choix que de vendre leurs casseroles pour acheter de la farine.
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Face à cette crise, quelques voix s’élèvent. Parmi elles, celle d’Hubert Senga, réfugié congolais et fondateur de l’ONG Generation Aid, qui forme les jeunes au codage informatique. "Nous ne voulons pas mourir ici au camp. Tout ce que nous demandons, c'est de la nourriture", lance-t-il, tout en appelant la communauté internationale à ne pas les oublier.