100 % création

La peinture murale à Notre-Dame de Paris avec Marie Parant-Andaloro [6/9]


Listen Later

100% création vous propose, cinq ans après l'incendie de Notre-Dame de Paris, de partir à la rencontre des compagnons, artisans d’art ou designers qui ont travaillé sur ce chantier emblématique. Aujourd’hui, Marie Parant-Andaloro nous raconte son métier : restauratrice de peinture murale. Sur le chantier de Notre-Dame, elle est la mandataire d’un regroupement de quinze restaurateurs en charge de la restauration des peintures murales de trois chapelles.

« Dans mon parcours professionnel, c'est un chantier extraordinaire à tous points de vue. Cela m'a pris deux ans et demi pratiquement à temps plein », détaille Marie Parant-Andaloro, restauratrice de peintures murales. « Beaucoup d’investissement, surtout avec beaucoup de chapelles à faire et une grande équipe à gérer. Moi, j'étais très heureuse pendant deux ans et demi, c'était un grand plaisir », ajoute Marie Parant-Andaloro.

La restauratrice de peintures murales est une experte aguerrie dans le domaine de la conservation du patrimoine. Originaire de Toulouse, elle a suivi des études aux Beaux-Arts avant de se spécialiser dans la restauration. Elle commence sa carrière dans la peinture de chevalet avant de s’orienter dans la restauration de peintures murales. Depuis plus de 20 ans, Marie Parant-Andaloro travaille principalement dans des églises et d'autres sites historiques. Son parcours atypique mêle art et technique.

Pour la restauration des peintures murales de Notre-Dame de Paris, Marie Parant-Andaloro et son équipe ont participé au chantier test. « Nous avons été sur place pendant six mois et nous avons testé tous les protocoles élaborés par le laboratoire de recherche des monuments historiques. Nous avons testé la co-activité, c'est-à-dire que nous avons travaillé en même temps que les restaurateurs de parement, les restaurateurs de sculptures et les restaurateurs de vitraux. Il fallait savoir si la co-activité était possible, connaitre l'incidence du protocole plomb sur notre temps de travail et suite à ces chapelles tests, l'établissement public a élaboré les appels d'offres avec un timing bien précis. Tout le calendrier était fait en amont et justement sur ce calendrier, nous voyions la co-activité que nous pouvions faire ou pas. »

« À la suite de ces chapelles tests donc, l’établissement public a élaboré un appel d'offres. Mon groupement a répondu à l'appel d'offres et sur trois lots, nous en avons eu deux. J'ai mobilisé quatorze restauratrices de peinture murale et un doreur pour pouvoir remplir le challenge du planning. Nous étions quatorze pendant un an et nous avons été six ou sept l'année d'après. Au plus haut du travail, je dirais entre 20 et 25. Nous étions nombreux parce que nous avions deux lots, donc nous faisions trois chapelles en parallèle. C'est à peu près quatre par chapelle, entre douze et quinze. Après, cela dépendait un peu des plannings de chacune de mes collaboratrices, puisqu'il y a des gens qui ont d'autres chantiers, qui ont d'autres choses à faire en atelier. Cela dépendait un petit peu du planning des unes et des autres. »

Les défis ont été nombreux et la nécessité de se remettre continuellement en question pour maintenir la qualité du travail a été importante pour Marie Parant-Andaloro afin de redonner vie aux peintures murales oubliées. Le plus grand enjeu, respecter la cohérence des restaurations. « Pour la peinture murale, nous travaillons sur des échafaudages. Sur place, nous avons été très gâtés parce que nous avions des échafaudages avec des escaliers à tous les étages, sauf une trappe pour aller sur la voûte, mais c'est normal. Nous avions de l'eau à tous les étages, c’est un grand plus parce que les corvées d'eau étaient beaucoup plus faciles, nous n’avions pas à monter, descendre les seaux, aller chercher l'eau... Pareil pour l'électricité, un étage sur deux. Il y avait beaucoup moins de pénibilité par rapport à d'autres chantiers. »

« Le challenge, vraiment, c'était le temps, de respecter les délais. Comme j'avais une équipe très soudée par moment, si vraiment, je sentais que nous étions un petit peu en retard et pas assez nombreux sur le chantier, je sollicitais mes collègues qui étaient extrêmement réactives. Il ne faut jamais oublier que c'est un mur et qu'il faut que le résultat soit le même, que nous soyons en bas, au milieu ou en haut du mur. C'est le challenge le plus important pour la peinture murale. Ne jamais oublier l'édifice, ne jamais oublier, par exemple pour Notre-Dame, que s'il y a un mur peint de là où nous travaillons, en face, il y a une voûte qui est peinte aussi. Il ne faut jamais oublier l'ensemble. »

Chaque projet de restauration présente des défis et apporte aussi des bonheurs. « La première, une très belle surprise, c'est l'homogénéité de l'ensemble, c'est-à-dire quels que soient les lots, le rendu est exactement pareil. C'était le challenge de départ, parce que quand il y a trois lots et des entreprises différentes, il faut qu'il y ait la même main, le même résultat, le même rendu. Cela a pu se faire grâce au protocole établi en amont. Tout le monde a utilisé le même protocole. L'architecte était là pour surveiller. Même nous, entre nous, nous allions voir un peu ce que faisaient les autres. Les autres venaient voir un petit peu ce que nous faisions. Des fois, quand nous avions des soucis, nous les partagions. »

« Et puis, le contraste entre les peintures murales de toutes les chapelles du déambulatoire et la couleur de la pierre. Alors là, ce fut une révélation. Il y a un rapport de couleurs entre la couleur de la pierre et les couleurs qu'il y a dans la chapelle. Quand je parle de mon travail, je dis vraiment nous sommes au moment de Viollet-le-Duc, en tout cas pour le déambulatoire et pour les peintures murales. Après pour les charpentes, évidemment, c'est au moment du Moyen-Âge, mais vraiment, le déambulatoire et la peinture murale, pour moi, c'est vraiment l'instant Viollet-le-Duc."

Pendant la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, Marie Parant-Andaloro a tissé des liens avec d'autres artisans. Pour la restauratrice, les relations humaines ont été très importantes sur ce chantier. « Le grand plus de ce chantier, honnêtement, cela a été de travailler ensemble et donc rencontrer les autres artisans. Parce que généralement, quand nous faisons un chantier de peinture murale, nous arrivons, l'électricité et l'eau est posée, l'échafaudage est monté. Mais là, au quotidien, nous avons travaillé avec des échafaudeurs, avec les plombiers, avec les électriciens, avec ceux qui s'occupaient de l'eau. Car, si l'échafaudage nous empêchait d'accéder à un espace un peu réduit, par exemple, nous appelions les échafaudeurs, ils venaient nous changer l’échafaudage. Si les réserves d'eau étaient pleines, nous appelions ceux qui s'occupaient des fluides. Ils venaient nous changer l'eau. Pareil pour l'électricien. Ce sont des personnes que nous avons côtoyées au quotidien. Les restaurateurs de vitraux, les restaurateurs de sculptures, ceux qui s'occupaient des parements parce que nous les côtoyions au quotidien, donc, humainement, ce n’était que des belles rencontres. »

Maintenant Marie Parant-Andaloro attend avec enthousiasme l'idée de retourner à Notre Dame comme une simple visiteuse

« Cela fait plus de 20 ans que je travaille pour Notre-Dame de Paris, c'est-à-dire avant l'incendie, je restaurais des tableaux, j'ai fait des interventions dans l'église. J'étais très liée à Notre-Dame. Je connaissais toutes les personnes qui travaillaient à Notre-Dame, la Dame du trésor, le concierge, tous les gens qui s'occupaient de la liturgie parce que juste avant l'incendie, nous avions restauré une chapelle, la chapelle Saint-Germain. Nous restaurions avec le public, avec les liturgies. À 8 h, il y avait la messe le matin, donc il ne fallait pas arriver avant 8h30. À 12h, il y avait la messe, donc il fallait s'arrêter pour la messe, donc, j'ai vraiment un rapport très particulier à Notre-Dame. Il y a ce côté-là, le côté humain, c'est sûr qu'il y a le côté affectif, mais quand même, nous sommes là en tant que professionnels, nous sommes là pour travailler. Maintenant, je suis très impatiente de revenir à Notre-Dame en tant que spectatrice, visiteuse. Ce côté affectif, je l'ai depuis plus de 20 ans et je pense qu'il s'est élargi, quand j'irai à la messe pour les compagnons, cela va être assez impressionnant pour moi. »

Retrouvez tous les épisodes de 100% Création sur :  

Apple PodcastCastboxDeezerGoogle Podcast Podcast AddictSpotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.  

...more
View all episodesView all episodes
Download on the App Store

100 % créationBy RFI


More shows like 100 % création

View all
L'édito éco by France Inter

L'édito éco

15 Listeners

Géopolitique by France Inter

Géopolitique

194 Listeners

La Revue de presse internationale by France Culture

La Revue de presse internationale

39 Listeners

C'est mon boulot by franceinfo

C'est mon boulot

3 Listeners

Grand format by France Inter

Grand format

2 Listeners

Autant en emporte l'histoire by France Inter

Autant en emporte l'histoire

89 Listeners

Ça va beaucoup mieux by RTL

Ça va beaucoup mieux

17 Listeners

La Revue de Presse by Radio Classique

La Revue de Presse

3 Listeners

Dans la peau by RFI

Dans la peau

3 Listeners

8 milliards de voisins by RFI

8 milliards de voisins

12 Listeners

Afrique économie by RFI

Afrique économie

1 Listeners

Si loin si proche by RFI

Si loin si proche

1 Listeners

Sur le pont des arts by RFI

Sur le pont des arts

0 Listeners

Reportage Afrique by RFI

Reportage Afrique

1 Listeners

Priorité santé by RFI

Priorité santé

19 Listeners

Parents, enfants, d’ici et d’ailleurs by RFI

Parents, enfants, d’ici et d’ailleurs

4 Listeners

Le goût du monde by RFI

Le goût du monde

1 Listeners

Le coq chante by RFI

Le coq chante

4 Listeners

Musiques du monde by RFI

Musiques du monde

3 Listeners

Le conseil santé by RFI

Le conseil santé

3 Listeners

Choses à Savoir TECH by Choses à Savoir

Choses à Savoir TECH

3 Listeners

Choses à Savoir TECH VERTE by Choses à Savoir

Choses à Savoir TECH VERTE

1 Listeners

Affaires de business by Choses à Savoir

Affaires de business

3 Listeners

Journal Monde by RFI

Journal Monde

26 Listeners

07H15 by RFI

07H15

1 Listeners

Ondes de choc by RFI

Ondes de choc

0 Listeners

Easy French: Learn French through authentic conversations | Conversations authentiques pour apprendre le français by Hélène & Judith

Easy French: Learn French through authentic conversations | Conversations authentiques pour apprendre le français

200 Listeners

Les mots des JO by Français Facile - RFI

Les mots des JO

0 Listeners

La fabrique des fake news by RFI

La fabrique des fake news

0 Listeners

Invité Afrique Midi by RFI

Invité Afrique Midi

0 Listeners

Cinéastes d’Afrique by RFI

Cinéastes d’Afrique

0 Listeners