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Or
90% de l'eau consommée dans le monde ne sert pas à boire ou se laver, mais est utilisée par l'agriculture et l'industrie. Cette eau virtuelle, essentielle, n'est pourtant pas prise en compte dans le prix des biens qu'on consomme.
C'est la ressource la plus consommée au monde, et d'abord parce qu'elle est vitale : l'eau. On en boit chaque jour entre 1,5 litre et 2 litres, en moyenne, selon les recommandations pour rester en bonne santé, et évidemment davantage s'il fait chaud, si on fait du sport. Mais on n'utilise pas l'eau seulement pour boire. Il y a ce qu’on appelle la consommation domestique : l’eau pour la vaisselle, la lessive, la douche ou la chasse d'eau. En Afrique centrale, par exemple, la consommation domestique tourne autour de 50 litres par jour. Mais pour un Français, le chiffre grimpe à 150 litres. Quant à un Américain, sa consommation domestique atteint carrément 300 litres ; et il ne faut pas compter sur Donald Trump pour qu’elle baisse.
Le président des États-Unis a signé en grande pompe en avril dernier un décret pour mettre fin à une norme écologique qui limite le débit des douches pour économiser l’eau. « J'aime prendre une bonne douche pour prendre soin de mes beaux cheveux, disait-il ce jour-là, à moitié sérieusement, dans le Bureau ovale de la Maison Blanche. Et je dois rester 15 minutes debout sous la douche pour qu'ils soient mouillés. L'eau coule goutte à goutte, c'est ridicule ! » « Make american shower great again » est devenu le nouveau slogan du trumpisme.
140 litres d'eau dans une tasse de caféMais Donald Trump pourrait passer ses journées sous la douche que sa consommation domestique resterait modeste au regard de notre consommation d’eau cachée, qu’on appelle l’eau invisible, ou l’eau virtuelle, un concept développé dans les années 90 par un économiste britannique, Tony Allan. 90% de l'eau consommée dans le monde est utilisée par l'agriculture et l'industrie. « C’est toute l'eau qui est nécessaire pour produire l'ensemble de nos biens, donc tout ce qu'on mange, tout ce qu'on utilise, tout ce qu'on porte, toute l'eau qu'on ne voit pas, mais qui est indispensable pour produire, détaille l’économiste de l’eau, Esther Delbourg, co-fondatrice de la société de conseil Water Wiser. Par exemple, aujourd'hui, si vous portez un t-shirt et un jean, il a fallu de l'eau pour produire par exemple le coton. Et si vous avez mangé ce matin une tartine de pain et un yaourt, il a fallu de l'eau pour faire pousser le blé, et il a bien fallu que la vache elle-même boive de l'eau, etc. pour pouvoir produire ce lait ». Oui, quand on boit du lait, on boit aussi de l’eau…
Faisons les comptes : ce jean qu’on porte, il a nécessité plus de 5000 litres d’eau. Le t-shirt, « seulement » 2000 litres. Une tranche de pain, 40 litres d’eau. Une tasse de café, c’est 5 centilitres, mais en réalité, il aura fallu en tout 140 litres d'eau pour la produire. Autres exemples, une seule feuille de papier A4 représente 5 litres d’eau. Quant à nos chers smartphones, il faut en moyenne 15 000 litres d'eau pour les fabriquer.
L'eau des autresAu côté de notre empreinte carbone, on a donc aussi une empreinte eau. À une différence près : le CO2, qui aggrave la crise climatique, on l'émet, alors que l'eau est une ressource, qui disparait. Dans les deux cas, il faut faire preuve de modération. L’eau symbolise le paradoxe entre valeur d'échange et valeur d'usage, mis en avant par l’économiste anglais Adam Smith au XIXe siècle. Un diamant vaut très cher, alors qu’on peut s'en passer. L’eau, elle, est vitale, mais ne coûte presque rien au regard de son usage. « Ce n'est pas grave de consommer de l'eau, d'avoir une empreinte forte, estime l’économiste Esther Delbourg. La question est d'où vient l'eau. Par exemple, les avocats qu'on trouve autour de 2,50€ dans tous les supermarchés de France ne reflètent pas du tout la vraie valeur de l'eau du Mexique, du Pérou, de l'Espagne où cette eau est rare. Cette rareté n'est absolument pas reflétée dans le prix de l'avocat. Et c'est le problème aujourd'hui : l'eau n'a pas réellement de valeur donc on l'utilise mal ». C'est aussi ça la mondialisation : on consomme l'eau des autres.
Mais cette mondialisation de l'eau permettrait d'éviter les guerres de l'eau, dans un monde idéal et libéral, selon la thèse de l’économiste Tony Allan, l’auteur de la théorie de l’eau virtuelle. « Au lieu d'aller faire la guerre parce qu'on n’a pas d'eau pour produire son blé ou pour nourrir son bétail, on importe, tout simplement. Et donc c'est le début de la théorie de l'eau virtuelle : grâce à l'eau virtuelle, on pourrait a priori éviter les conflits de l'eau », résume Esther Delbourg. Il y a la théorie et la réalité…
90% de l'eau consommée dans le monde ne sert pas à boire ou se laver, mais est utilisée par l'agriculture et l'industrie. Cette eau virtuelle, essentielle, n'est pourtant pas prise en compte dans le prix des biens qu'on consomme.
C'est la ressource la plus consommée au monde, et d'abord parce qu'elle est vitale : l'eau. On en boit chaque jour entre 1,5 litre et 2 litres, en moyenne, selon les recommandations pour rester en bonne santé, et évidemment davantage s'il fait chaud, si on fait du sport. Mais on n'utilise pas l'eau seulement pour boire. Il y a ce qu’on appelle la consommation domestique : l’eau pour la vaisselle, la lessive, la douche ou la chasse d'eau. En Afrique centrale, par exemple, la consommation domestique tourne autour de 50 litres par jour. Mais pour un Français, le chiffre grimpe à 150 litres. Quant à un Américain, sa consommation domestique atteint carrément 300 litres ; et il ne faut pas compter sur Donald Trump pour qu’elle baisse.
Le président des États-Unis a signé en grande pompe en avril dernier un décret pour mettre fin à une norme écologique qui limite le débit des douches pour économiser l’eau. « J'aime prendre une bonne douche pour prendre soin de mes beaux cheveux, disait-il ce jour-là, à moitié sérieusement, dans le Bureau ovale de la Maison Blanche. Et je dois rester 15 minutes debout sous la douche pour qu'ils soient mouillés. L'eau coule goutte à goutte, c'est ridicule ! » « Make american shower great again » est devenu le nouveau slogan du trumpisme.
140 litres d'eau dans une tasse de caféMais Donald Trump pourrait passer ses journées sous la douche que sa consommation domestique resterait modeste au regard de notre consommation d’eau cachée, qu’on appelle l’eau invisible, ou l’eau virtuelle, un concept développé dans les années 90 par un économiste britannique, Tony Allan. 90% de l'eau consommée dans le monde est utilisée par l'agriculture et l'industrie. « C’est toute l'eau qui est nécessaire pour produire l'ensemble de nos biens, donc tout ce qu'on mange, tout ce qu'on utilise, tout ce qu'on porte, toute l'eau qu'on ne voit pas, mais qui est indispensable pour produire, détaille l’économiste de l’eau, Esther Delbourg, co-fondatrice de la société de conseil Water Wiser. Par exemple, aujourd'hui, si vous portez un t-shirt et un jean, il a fallu de l'eau pour produire par exemple le coton. Et si vous avez mangé ce matin une tartine de pain et un yaourt, il a fallu de l'eau pour faire pousser le blé, et il a bien fallu que la vache elle-même boive de l'eau, etc. pour pouvoir produire ce lait ». Oui, quand on boit du lait, on boit aussi de l’eau…
Faisons les comptes : ce jean qu’on porte, il a nécessité plus de 5000 litres d’eau. Le t-shirt, « seulement » 2000 litres. Une tranche de pain, 40 litres d’eau. Une tasse de café, c’est 5 centilitres, mais en réalité, il aura fallu en tout 140 litres d'eau pour la produire. Autres exemples, une seule feuille de papier A4 représente 5 litres d’eau. Quant à nos chers smartphones, il faut en moyenne 15 000 litres d'eau pour les fabriquer.
L'eau des autresAu côté de notre empreinte carbone, on a donc aussi une empreinte eau. À une différence près : le CO2, qui aggrave la crise climatique, on l'émet, alors que l'eau est une ressource, qui disparait. Dans les deux cas, il faut faire preuve de modération. L’eau symbolise le paradoxe entre valeur d'échange et valeur d'usage, mis en avant par l’économiste anglais Adam Smith au XIXe siècle. Un diamant vaut très cher, alors qu’on peut s'en passer. L’eau, elle, est vitale, mais ne coûte presque rien au regard de son usage. « Ce n'est pas grave de consommer de l'eau, d'avoir une empreinte forte, estime l’économiste Esther Delbourg. La question est d'où vient l'eau. Par exemple, les avocats qu'on trouve autour de 2,50€ dans tous les supermarchés de France ne reflètent pas du tout la vraie valeur de l'eau du Mexique, du Pérou, de l'Espagne où cette eau est rare. Cette rareté n'est absolument pas reflétée dans le prix de l'avocat. Et c'est le problème aujourd'hui : l'eau n'a pas réellement de valeur donc on l'utilise mal ». C'est aussi ça la mondialisation : on consomme l'eau des autres.
Mais cette mondialisation de l'eau permettrait d'éviter les guerres de l'eau, dans un monde idéal et libéral, selon la thèse de l’économiste Tony Allan, l’auteur de la théorie de l’eau virtuelle. « Au lieu d'aller faire la guerre parce qu'on n’a pas d'eau pour produire son blé ou pour nourrir son bétail, on importe, tout simplement. Et donc c'est le début de la théorie de l'eau virtuelle : grâce à l'eau virtuelle, on pourrait a priori éviter les conflits de l'eau », résume Esther Delbourg. Il y a la théorie et la réalité…
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