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La seizième COP sur la biodiversité s'ouvre, ce lundi 21 octobre, à Cali en Colombie. Comme pour la COP climat, les négociateurs du monde entier se réunissent pendant deux semaines, mais pour tenter de mieux protéger la nature et d'enrayer l'effondrement du vivant cette fois. Celle qui va devoir concilier les intérêts et les visions des 196 pays présents, c'est la présidente de la COP, Susana Muhamad. La ministre de l'Environnement de Colombie. Portrait.
Il y a un an, dans les couloirs de la COP28 à Dubaï, Susana Muhamad négociait d’arrache-pied pour mieux lutter contre le changement climatique. Avec des discours très forts, très engagés, elle s'était alors révélée une des championnes de la cause climatique, qui ne lâchait rien face aux pays pollueurs. Le Guardian explique que beaucoup la considèrent comme « une étoile montante dans le mouvement écologiste mondial » et Reuters l'a classée parmi les 25 femmes les plus influentes dans la lutte contre le changement climatique en 2023.
Après des études de sciences politiques à l’université des Andes en Colombie, elle obtient un master en gestion du développement soutenable à l’université de Stellenbosch, en Afrique du Sud et son premier poste, à 26 ans, paraît surprenant pour une militante écologiste. « Vous allez rire, mais j’ai travaillé chez Shell, la major pétrolière », s’amuse-t-elle lors d’une interview à la télévision publique colombienne. « J’étais attirée par le message de l’entreprise qui disait vouloir devenir une entreprise d’énergies au sens large. Et moi je pensais aux énergies renouvelables ! C’est très fort, car si les entreprises pétrolières, qui ont le pouvoir économique et politique investissaient dans l’innovation pour la transition vers les énergies renouvelables, ce serait un basculement. Et je voulais en faire partie. Et Shell disait vouloir faire sa mue ».
Militantisme écologique et ascension politiqueIl lui faut cinq ans pour se rendre compte que Shell fait surtout « du greenwashing » dit-elle. C'est une désillusion pour Susana Muhamad qui quitte son travail quand elle réalise que l'entreprise investit dans l'extraction du gaz de schiste et le pétrole bitumineux, des pratiques particulièrement nocives pour le climat.
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Elle se dit alors que c'est en politique qu'elle a le plus de chance de faire changer les choses et rejoint le parti de gauche Colombia Humana et la campagne de Gustavo Petro à la mairie de Bogota. À son élection elle devient adjointe à l'environnement et entreprend de verdir la capitale colombienne. En 2002 quand son mentor Gustavo Petro est élu président, elle devient ministre de l'Environnement.
Fervente défenseure des droits des peuples autochtones, de la justice climatique et grande opposante aux énergies fossiles, Susana Muhamad porte désormais le programme de lutte contre la déforestation et le projet de renoncement aux nouveaux forages pétroliers en Colombie, le premier grand pays producteur à avoir signé le « Traité de non-prolifération des énergies fossiles » l’année dernière. Alors que Gustavo Petro est vertement critiqué en Colombie par l’opposition de droite pour sa gestion jugée peu efficace et ses beaux discours peu suivis de faits, Susana Muhamad reste une fidèle du président colombien et l’une des trois ministres à avoir survécu aux remaniements incessants depuis son élection.
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Une histoire palestinienneAux sources de cet engagement, elle explique à RFI qu’elle le doit en partie à ses racines palestiniennes. Son nom de famille, Muhamad, lui vient en effet de son grand-père, qui a quitté son pays en 1925 pour immigrer en Colombie. Ce nom, elle dit qu'il l'a marqué dès l'âge de 5 ou 6 ans, quand, à Bogota, elle se rend compte qu'il est différent, qu'il n'a pas une consonance hispanique.
Une fois adulte, elle décide donc de se rendre en Palestine à la recherche de ses racines. Elle y retrouve de la famille, et dit avoir alors pris conscience du poids de l'Histoire. Elle reste aujourd’hui très attachée à la cause palestinienne.
Aujourd'hui, elle a rangé son drapeau palestinien et prend garde à ne pas paraître trop radicale, y compris sur sa vision de l'écologie. Elle a pour tâche de diriger les négociations mondiales sur la biodiversité. Susana Muhamad va devoir faire preuve de diplomatie et manœuvrer avec finesse pour concilier les intérêts de chaque État.
La seizième COP sur la biodiversité s'ouvre, ce lundi 21 octobre, à Cali en Colombie. Comme pour la COP climat, les négociateurs du monde entier se réunissent pendant deux semaines, mais pour tenter de mieux protéger la nature et d'enrayer l'effondrement du vivant cette fois. Celle qui va devoir concilier les intérêts et les visions des 196 pays présents, c'est la présidente de la COP, Susana Muhamad. La ministre de l'Environnement de Colombie. Portrait.
Il y a un an, dans les couloirs de la COP28 à Dubaï, Susana Muhamad négociait d’arrache-pied pour mieux lutter contre le changement climatique. Avec des discours très forts, très engagés, elle s'était alors révélée une des championnes de la cause climatique, qui ne lâchait rien face aux pays pollueurs. Le Guardian explique que beaucoup la considèrent comme « une étoile montante dans le mouvement écologiste mondial » et Reuters l'a classée parmi les 25 femmes les plus influentes dans la lutte contre le changement climatique en 2023.
Après des études de sciences politiques à l’université des Andes en Colombie, elle obtient un master en gestion du développement soutenable à l’université de Stellenbosch, en Afrique du Sud et son premier poste, à 26 ans, paraît surprenant pour une militante écologiste. « Vous allez rire, mais j’ai travaillé chez Shell, la major pétrolière », s’amuse-t-elle lors d’une interview à la télévision publique colombienne. « J’étais attirée par le message de l’entreprise qui disait vouloir devenir une entreprise d’énergies au sens large. Et moi je pensais aux énergies renouvelables ! C’est très fort, car si les entreprises pétrolières, qui ont le pouvoir économique et politique investissaient dans l’innovation pour la transition vers les énergies renouvelables, ce serait un basculement. Et je voulais en faire partie. Et Shell disait vouloir faire sa mue ».
Militantisme écologique et ascension politiqueIl lui faut cinq ans pour se rendre compte que Shell fait surtout « du greenwashing » dit-elle. C'est une désillusion pour Susana Muhamad qui quitte son travail quand elle réalise que l'entreprise investit dans l'extraction du gaz de schiste et le pétrole bitumineux, des pratiques particulièrement nocives pour le climat.
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Fervente défenseure des droits des peuples autochtones, de la justice climatique et grande opposante aux énergies fossiles, Susana Muhamad porte désormais le programme de lutte contre la déforestation et le projet de renoncement aux nouveaux forages pétroliers en Colombie, le premier grand pays producteur à avoir signé le « Traité de non-prolifération des énergies fossiles » l’année dernière. Alors que Gustavo Petro est vertement critiqué en Colombie par l’opposition de droite pour sa gestion jugée peu efficace et ses beaux discours peu suivis de faits, Susana Muhamad reste une fidèle du président colombien et l’une des trois ministres à avoir survécu aux remaniements incessants depuis son élection.
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Une histoire palestinienneAux sources de cet engagement, elle explique à RFI qu’elle le doit en partie à ses racines palestiniennes. Son nom de famille, Muhamad, lui vient en effet de son grand-père, qui a quitté son pays en 1925 pour immigrer en Colombie. Ce nom, elle dit qu'il l'a marqué dès l'âge de 5 ou 6 ans, quand, à Bogota, elle se rend compte qu'il est différent, qu'il n'a pas une consonance hispanique.
Une fois adulte, elle décide donc de se rendre en Palestine à la recherche de ses racines. Elle y retrouve de la famille, et dit avoir alors pris conscience du poids de l'Histoire. Elle reste aujourd’hui très attachée à la cause palestinienne.
Aujourd'hui, elle a rangé son drapeau palestinien et prend garde à ne pas paraître trop radicale, y compris sur sa vision de l'écologie. Elle a pour tâche de diriger les négociations mondiales sur la biodiversité. Susana Muhamad va devoir faire preuve de diplomatie et manœuvrer avec finesse pour concilier les intérêts de chaque État.
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