100 % création

Slow fashion et artisanat, le retour aux sources d’Anissa Meddeb


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En clôture de la Fashion week de Paris, un défilé de mode de créateurs francophones a marqué l’envoi du Festival de la Francophonie dont RFI est partenaire, ce mardi 1ᵉʳ octobre. La créatrice de mode Anissa Meddeb et sa marque Anisa Aïda y participent. Ses collections à l’esthétique japonaise sont riches des savoir-faire et de l’artisanat tunisien. Modernes et fonctionnelles, elles s’inscrivent aussi dans le mouvement de la Slow Fashion. 

La rencontre entre la culture nord-africaine et l'esthétique orientale offre des créations épurées et sophistiquées, avec une touche de modernité pour des vêtements traditionnels typiques comme le kimono et le caftan. 

Pour une de mes collections récentes, le point de départ, c'était le motif ailes d'hirondelle. C'est un motif que nous trouvons beaucoup dans les céramiques du XIXe siècle, dans la médina par exemple. C'est un motif très graphique, géométrique, comme des triangles et des losanges. J'ai voulu le faire dialoguer avec les traditions japonaises d'origami, de pliages et de kirigami, de découpes. J'ai beaucoup travaillé les découpes laser sur les vêtements et aussi les pliages.

Anissa Meddeb, créatrice franco-tunisienne et fondatrice de la marque Anissa Aida :

« Anissa, c'est éponyme, c'est mon prénom. Aïda, c'est un hommage à ma grande sœur qui nous a quittés en 2010. Plus jeune, j’adorais dessiner, faire des croquis. Elle me disait souvent : "J'aimerais bien que tu dessines une robe comme ci, un chemisier comme cela, une saharienne..." Nous allions voir des couturières ensemble et nous créions les vêtements. Nous avions le projet de lancer la marque ensemble. Comme elle nous a quittés trop jeune, j'ai décidé de lancer la marque pour elle. »

Née à Paris, de parents tunisiens, Anissa Meddeb grandit entre Tunis et Paris. Passionnée de mode depuis son enfance, elle fait des études en design de mode entre New York et Londres. En 2016, elle visite Tokyo et tombe amoureuse du Japon. Inspirée par l’esthétique du pays du Soleil-Levant et la Tunisie, la créatrice franco-tunisienne lance sa marque Anissa Aida en 2016. Une marque présente aussi bien à Tunis qu’à Tokyo.

« Le public japonais est très exigeant, donc je pense que pour eux, que je m'inspire aussi de leur patrimoine, cela a été un clin d'œil intéressant. Le public japonais, intrigué, était intéressé par mes produits. Mais les acheteurs japonais sont très exigeants par rapport à la qualité, aux finitions. Il faut que la qualité soit toujours constante. Bien sûr, c'est un challenge, parce que, avant tout, ma marque est une marque de slow fashion, donc je produis en petite quantité. Je travaille avec des petits ateliers, des couturiers, des couturières, des artisans, pour exiger cette perfection, il faut vraiment beaucoup de contrôle qualité, beaucoup de suivi. C'est évidemment un challenge. »

Anissa Meddeb aime mettre au goût du jour le patrimoine tunisien avec ses pièces signatures. Celles-ci rendent hommage à ses racines familiales et revisitent le patrimoine textile en s’appuyant sur les savoir-faire de l’artisanat tunisien.

« Il y a un côté social et aussi celui de vouloir pérenniser ces savoir-faire. Par exemple, le tissage artisanal de la soie était surtout utilisé pour des vêtements traditionnels, comme des jebbas pour hommes, des jebbas d'été, parce que la soie, c'est très léger. Finalement, il y a très peu de gens qui portent encore ces vêtements pour les cérémonies, donc les savoir-faire se perdent. Et ma mission, serait de contribuer à pérenniser ces savoir-faire, que cela soit remis au goût du jour et mis à l'honneur sur des vêtements qui peuvent être portés au quotidien aussi bien à Paris, à Tokyo qu'à New York. »

Le vestiaire de la marque d’Anissa Meddeb est produit en petite quantité afin d’éviter la surconsommation. Elle souhaite que ses créations s’inscrivent dans une continuité tout en apportant une touche personnelle à chaque collection.

« Il y a certains créateurs qui racontent une histoire totalement nouvelle au fil de chaque création. Moi, non, je recherche plutôt la continuité. Raconter la même histoire, mais au travers de différentes anecdotes, inspirations. Mais c'est toujours la fusion entre le Japon et la Tunisie. Ce qui me permet aussi de faire fusionner ces deux cultures qui sont très différentes en soi. C'est aussi que mon vêtement fini, je voudrais que ce soit un vêtement fonctionnel, épuré, zen. Cela me permet de puiser des inspirations dans le patrimoine tunisien et de rechercher ce côté épuré, zen dans les techniques japonaises. Je prends toujours comme point de départ ce que j'ai déjà créé et je m'inspire de vêtements traditionnels tunisiens par exemple, comme les sarouels, comme la blouza djerbienne, le kadroun de Djerba et japonais comme les kimonos, les keikogi, les pantalons hakama que j'essaye de faire fusionner et dialoguer. »

Consciente de l'impact de l'industrie de la mode sur l'environnement, la créatrice collabore donc avec des artisans locaux. Elle a un projet de broderie qu’elle souhaite explorer dans ses prochaines créations.

« Actuellement, je travaille sur une collection dans laquelle je vais allier les références des broderies traditionnelles de ma grand-mère avec la technique du sashiko, une technique de broderie japonaise. Il se trouve que c'est une idée qui m'inspire beaucoup parce que ma grand-mère, comme beaucoup de nos grands-mères, brodait et j'ai retrouvé ses carnets de broderie qui sont vraiment une source d'inspiration inépuisable. Aujourd'hui, plus personne ne brode aussi méticuleusement à la main. C’est très inspirant et j'aimerais décliner ces motifs et les travailler de manière plus graphique, les retravailler. »

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