Les scandales alimentaires se succèdent, notamment en France. Dans son assiette ou dans son verre, pesticides et polluants éternels affectent nourriture et eau. Les pratiques agricoles et industrielles sont pointées du doigt.
Il faut avoir l'estomac bien accroché. Les scandales alimentaires se multiplient, notamment en France où manger sain pourrait parfois s’apparenter au parcours du combattant. La dernière affaire porte sur l’huile d’olive, connue pour ses bienfaits. Sauf que l’association 60 Millions de consommateurs, qui a testé une vingtaine d'huiles d'olive vendues en France, vient de révéler que toutes contiennent plus ou moins des traces de plastifiants et d'hydrocarbure. Oui, des dérivés du pétrole dans l'huile d'olive ! Les vertus du régime crétois en prennent un coup tout d'un coup…
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Le régime méditerranéen, vanté pour ses bienfaits en faveur de l’espérance de vie humaine, contient aussi des légumes et des fruits. Mais là encore, ça se gâte, alors même que des campagnes des autorités sanitaires françaises insistent régulièrement, et à raison, sur la nécessité de manger cinq fruits et légumes par jour pour sa santé. Le dernier rapport de l'association écologiste Générations Futures sur les résidus de pesticides en Europe n'est pas très brillant : 80 % des fruits de l'agriculture conventionnelle sont contaminés. C'est un peu mieux pour les légumes, à 48 %.
100% des cerises contaminées
En tête du hit-parade se trouvent les cerises. C'est bientôt la saison, mais sachez-le, 100 % des cerises sont contaminées. Ce n’est pas mieux pour les raisins (à 98 %), ou les clémentines (97 % d’entre elles contiennent des résidus de pesticides). « Ce sont des fruits qui sont assez fragiles, sensibles aux maladies et à un certain nombre d'insectes. Il faut donc les traiter fréquemment, explique François Veillerette, le porte-parole de Générations Futures. Si on les lave avant en les frottant sous l’eau, une petite partie des pesticides va peut-être partir, mais pas énormément. Les produits qui sont dessus sont formulés pour ne pas partir à la première goutte d'eau parce qu’il n’y aurait plus rien après une petite pluie. L’épluchage est une autre solution, mais le problème est qu'on enlève aussi une grosse partie des vitamines en même temps que la peau. » Autant manger des chips en desserts…
Autre scandale alimentaire révélé ces derniers temps : le thon, ce n’est pas bon ! Selon les ONG Foodwatch et Bloom, 100 % du thon en conserve, en Europe, est contaminé au mercure. Un dernier exemple pour nous mettre en appétit : en janvier dernier, on apprenait que la fameuse baguette française était contaminée au cadmium, un métal toxique.
Eau non potable
Manger sain devient compliqué, et boire tout autant. « Perrier, c’est fou ! », clame le slogan publicitaire de la célèbre minérale gazeuse. Oui, c’est assez fou : la source est tellement polluée que le groupe Nestlé est obligé de mettre des filtres. Mercredi, le préfet du Gard lui a donné deux mois pour se mettre en conformité. Hier encore, le média Vert a révélé que l'eau potable de 5 000 communes françaises était contaminée au CVM, un gaz toxique et cancérogène.
Il y a aussi les fameux PFAS, des polluants éternels de plus en plus célèbres depuis qu'on s'est mis à les chercher. La quasi-totalité des Français a accès à une eau contaminée au PFAS. « Tout ce qu'on jette dans l'environnement, on va le retrouver dans l'eau à un moment donné, souligne François Veillerette, de Générations Futures. L'eau en bouteille n’est pas une solution satisfaisante, on le voit tous les jours puisque ça produit des montagnes de déchets de plastique. Les bouteilles elles-mêmes peuvent être contaminées par des microplastiques. »
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Le bio c'est beau
Ne peut-on donc plus rien manger ni boire ? Si, mais à condition de se passer des pesticides. Produire et manger bio, sans recours aux pesticides et aux engrais chimiques, c’est possible, à condition de sortir d’un modèle agricole ultra-productiviste. « Si on ne remet pas en cause la volonté à tout prix d'aller sur des marchés internationaux, exporter et spéculer sur des matières premières agricoles, on n’en sortira pas, estime François Veillerette. Les études ont été faites, on sait qu'on peut diminuer de 50 % l'usage des pesticides et on sait à peu près les rendements qu'on aura derrière : de petites baisses de rendement, ce qui ne veut pas dire des baisses de revenus parce que vous avez aussi moins de charges quand vous mettez moins d'engrais et moins de pesticides. Toutes les données sont sur la table. Maintenant, ce qui manque, c'est la volonté politique. »
Mais même le bio n’est pas exempt de reproches. Il y a quelques années en France, des analyses sur du lait et des œufs bio montraient un taux de dioxine (un polluant organique persistant) plus important que pour l’agriculture conventionnelle, parce qu’en bio les vaches et les poules passent plus de temps dehors. Mange-t-on moins bien qu'avant ? Peut-être pas, mais aujourd'hui, on le sait davantage.