On connaissait le fameux « À jamais les premiers » de l’Olympique de Marseille… Le Parisien Dimanche rétorque ce matin d’un « À jamais les meilleurs » après la victoire sans conteste et sans pitié du Paris Saint-Germain hier en finale de la Ligue des Champions. 5-0 face à l’Inter Milan, véritable « démonstration » de force qui, écrit La Tribune Dimanche, « se hisse parmi les moments majeurs de l’histoire du sport tricolore ». Face à une équipe aussi jeune que talentueuse, les Milanais « faisaient leur âge (30 ans de moyenne sur le terrain) » plutôt que de « faire étalage de leur expérience » écrit l’hebdo un brin cruellement. Un club quasi-invisible pendant tout le match, qui a légitimé une bonne fois pour toutes « le nouveau projet » du PSG, sans Messi, sans Neymar, sans Mbappé, bref « plus jeune » et « plus français ».
Un joueur a brillé
Un joueur particulièrement Doué, vous me passerez le jeu de mots de piètre qualité… Désiré Doué donc, que Le Parisien Dimanche porte aux nues. Le titre, fasciné par ce « phénomène de 19 ans », auteur hier d’un doublé et d’une passe décisive. « Bien avant le coup de sifflet final, se délecte l’hebdo, il ne faisait de doute pour personne au cœur du peuple parisien que Désiré Doué n’a jamais mieux porté, mieux honoré » son patronyme. « À trois jours de son anniversaire, le vingtième, poursuit Le Parisien Dimanche, l’attaquant s’est offert le cadeau dont rêvent tous les footballeurs de la planète (…) : celui de (…) devenir l’idole de tout un club pour l’éternité ».
Un exploit qui relègue le reste au second plan
Notamment la présidentielle. Il faut dire que pour les votants, c’est encore dans deux ans… alors que pour les politiques, ce n’est que dans deux ans ! Candidats assumés ou présidentiables imaginés, une partie des revues s’y penche cette semaine…
Parmi eux, Le Point, dont la une est consacrée à l’ancien Premier ministre Edouard Philippe. À l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage, Le Prix de nos mensonges, celui qui fourbit ses armes depuis 2020 développe ses idées. À commencer par ce « déni français » dont souffrirait la population dans son ensemble. « Notre exceptionnelle aptitude à nous raconter des histoires m’agace » maugrée-t-il dans les colonnes du Point, jugeant que « si nous voulons avancer, nous devons arrêter de nous mentir ».
Autre thème sur lequel il rejette toute discussion : « le culte de la transparence » à bannir selon lui, et « la verticalité » qu’il appelle de ses vœux car « dans une démocratie, on a besoin de gens qui sont élus, et on a besoin de chefs qui prennent des décisions ».
Sur le reste, l'art de la nuance
Il faut dire, comme l’analyse un politologue dans les colonnes du Point toujours, que « pour redevenir majoritaire, la droite devra faire le grand écart » c’est-à-dire à la fois « reconquérir les électeurs du Rassemblement national et convaincre les ralliés au macronisme ». Une forme de « en même temps » 2.0 dont Edouard Philippe refuse d’être l’héritier : « mon objectif n’est pas de me positionner par rapport à une étiquette, (...) à un parti, (...) à un créneau » assène-t-il.
Malgré tout, Edouard Philippe prend soin de nuancer, notamment sur les questions identitaires et migratoires. « Je ne crois pas, dit-il, que la fermeté se démontre par des postures et des surenchères permanentes sur les chaînes d’info »; « il serait dangereux, affirme-t-il enfin, de créer un droit spécifique - il faut ici comprendre "droit" au sens de "loi" - pour une religion, et je ne crois pas que la laïcité impose la négation totale de la liberté religieuse dans l’espace public ».
Une rupture avec les autres cadors de la droite française
Et particulièrement avec Bruno Retailleau, le très droitier ministre de l’Intérieur. À son sujet, Edouard Philippe s’accorde une pique : il n’est « pas sûr » ironise-t-il, que Bruno Retailleau y verrait « une critique » si on le rangeait dans la « droite Trocadéro », une droite embourgeoisée, catholique, et vieille-France.
Droite Trocadéro on ne sait pas, droite à gogo c'est certain pour Marianne, qui n'hésite pas à qualifier le ministre de « moine-soldat de la droite » qui a « souvent croisé la route d’élus de l’extrême-droite, sans leur tourner le dos ». Va-t-il pour autant « réaliser l’union en 2027 ? » … Marianne s’interroge. Le titre pointe que « Retailleau bénéficie des faveurs de la presse de droite et d’extrême-droite » à la télé ou sur papier, où il « déroule ses saillies anti-immigration, multiplie les annonces chocs (…), et affiche une grande fermeté à l’encontre de l’Algérie ».
Le ministre de l’Intérieur le dit d’ailleurs lui-même : interrogé sur sa proximité, ou ses différences, avec le Rassemblement national, il le concède : ce qui le « distingue » de Marine le Pen ou Jordan Bardella, c’est « le programme économique » … pas un mot en revanche sur d’éventuelles divergences idéologiques.
Un mot aussi de la situation internationale
Que ce soit dans L’Express ou dans Le Point, une préoccupation : les liens entre l’Europe et Donald Trump. Dans le second, on parle plutôt défense et armement; dans le premier, c’est surtout de politique qu’il est question. L’Express fait ainsi le constat d’un trumpisme devenu une « franchise » voire un « label » qui « galvanise les politiques » propulsant les Giorgia Meloni et Viktor Orban de ce monde au sommet grâce à une « boîte à outils » dans laquelle « ils peuvent piocher à l’envi des "punchlines" » comme autant de coups gagnants.
Le phénomène n’est en réalité pas nouveau, analyse L’Express, le trumpisme n’a fait que donner un coup d’accélérateur à une idéologie « enracin[é]e dans une colère profonde ». Car il ne faut pas sous-estimer le poids des émotions dans le contexte actuel, souligne de son côté L’Obs. Interrogée par le magazine, la sociologue franco-israélienne Eva Illouz estime ainsi que « le désenchantement et la peur sont devenus le spectre permanent de la démocratie » et que l’extrême droite « capte et organise cette émotionnalité excédentaire ». Auparavant, l’espoir était selon elle l’émotion principale, mais voilà : « la modernité tardive (…) [a] écrasé cette espérance dans le futur ». Faut-il pour autant se lamenter de toute cette colère ? Pas forcément nuance L’Obs… « les émotions fortes permettent d’évaluer ce qui est important pour soi » mais elles sont aussi une « brèche » pour peut-être, enfin, sortir de « la sur-socialisation, le fait de s’identifier totalement à un rôle ». De là à rêver au retour de l'espoir, il n'y a qu'un pas.