Après beaucoup d'attente, le résultat est donc connu: le conservateur Nasry Asfura a remporté 40,3% des suffrages, contre 39,5% pour son rival libéral Salvador Nasralla, selon la commission électorale nationale (CNE) du Honduras, ce 24 décembre 2025. Cette proclamation de victoire intervient 24 jours après les élections du 30 novembre, en cause, rappelle le journal El Heraldo : « des retards et un recomptage spécial qui a duré plusieurs jours. »
Alors que Reporters sans Frontières estime que la presse hondurienne connaît une lente descente aux enfers depuis le coup d'État de 2009, créant un climat de peur et d'autocensure au sein des médias, le journal espagnol, El Pais, s'intéresse aux critiques et à la défiance dans l'opposition : « L'annonce du vainqueur a été marquée par des accusations et des dénonciations de la part des membres de la commission électorale, composée de représentants des trois partis politiques en lice : le parti Libre au pouvoir, le Parti national et le Parti libéral », peut-on lire. « Je me rends au parquet pour porter plainte contre la fraude électorale en cours », a dénoncé sur les réseaux sociaux Marlon Ochoa, membre du Parti Libre.
La presse dresse aussi le portrait du nouveau président Asfura. El Heraldo, commente : « À 67 ans, cet homme d'affaires et ancien maire de Tegucigalpa se présente comme une figure de contrastes : ses partisans le voient comme un leader infatigable qui préfère les bottes de travail et une chemise bleu clair au costume formel, tandis que ses détracteurs le perçoivent comme un homme politique reclus qui évite les débats de fond sur les problèmes structurels du pays ».
La Prensa, recontextualise cette victoire : « Nasry Asfura, connu parmi ses partisans sous le nom de "Papi a la orden", est parvenu, lors de cette seconde tentative, à accéder à la présidence de la République sous la bannière du Parti national conservateur. [Parti qui] cherche à revenir au pouvoir après une période de déclin politique entre 2010 et 2022, marquée par des accusations de corruption et de trafic de drogue contre d'anciens responsables ».
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Derrière l'annonce de cette victoire, l'ombre de Donald Trump
« Les États-Unis félicitent Asfura, soutenu par Trump, pour sa victoire au Honduras », titre le journal argentin La Nacion aujourd'hui. Il mentionne au passage la réaction du président d'Argentine, Javier Milei qui en profite pour attaquer la gauche : C'est « une défaite retentissante pour le narco-socialisme ».
El Universo, quotidien équatorien, rappelle qu'Asfura, « le magnat du BTP, a remporté la présidence à sa deuxième tentative, cette fois avec le soutien de Trump qui, à l'approche du scrutin (...), a menacé de couper l'aide à l'un des pays les plus pauvres d'Amérique latine s'il ne votait pas pour son candidat. La présidente [sortante progressiste] Castro a (même) accusé Trump d'ingérence électorale. »
Il faut dire que le président américain Donald Trump a publiquement exprimé son soutien à Asfura, trois jours avant l'élection. C’était via son réseau social, Truth Social, mentionnant au passage le président Vénézuélien : « la démocratie est mise à l'épreuve lors des prochaines élections dans le magnifique pays du Honduras, le 30 novembre. Maduro et ses narcoterroristes vont-ils s'emparer d'un autre pays comme ils l'ont fait avec Cuba, le Nicaragua et le Venezuela ? »
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La presse américaine commente le résultat
Le Washington Post mentionne à son tour le chaos de ces élections et souligne que les propos de « Trump ont également suscité des accusations d'ingérence électorale de la part de candidats et de personnalités politiques de tous bords ».
Pour la directrice du bureau Amérique de l'ONG Human Rights Watch, interrogée par le Washington Post : « il ne fait aucun doute que le moment choisi pour les déclarations de Trump était délibéré (...). L’effet immédiat était prévisible : il a probablement renforcé la position d’Asfura dans la dernière ligne droite de la campagne ».
Dans le New York Times, la déclaration du secrétaire d'État américain est reprise dans les colonnes du journal. Les États-Unis n'ont pas tardé à saluer la victoire « claire » et « incontestable » du conservateur Asfura, appelant toutes les parties « à respecter les résultats ».
Des observateurs étrangers avaient afflué au Honduras pour l'élection, qui, d'après eux, a démenti prédictions d'ingérence malgré les accusations lancées de part et d'autre. Un observateur électoral confie toutefois au journal américain : « De sérieux doutes subsistent quant à l'intégrité du scrutin en raison de l'écart extrêmement faible et de la profonde méfiance du public envers le processus électoral. Cela aura un impact sur la crédibilité du gouvernement ».
Le candidat Nasralla a dénoncé un « vol » de l'élection. Rixi Moncada, reléguée à la troisième place, parle pour sa part d'une « falsification » du résultat et de l' « ingérence » du président américain dans le scrutin.