Retour sur Vincent Bolloré, et sur le rôle qu’il joue, au-delà de la vie des affaires, dans le monde politique français, en pleine loi sur l’immigration.
C’est un détail, mais Éric Ciotti, le président de LR, est venu cet été apporter son soutien à Vincent Bolloré lors de la grève des journalistes au Journal du dimanche contre la nomination d’un directeur, Geoffroy Lejeune, affilié à l’extrême droite. LR se retrouvait alors de fait sur la même ligne que le Rassemblement national. C’était l’époque où l’on se demandait si le gouvernement, si les entreprises pouvaient intervenir dans ce JDD.
Et puis, à la rentrée, Emmanuel Macron a autorisé ses ministres à s’y faire interviewer, comme LVMH et Publicis ont laissé les annonceurs revenir. Or, cette alliance RN-LR, c’est aussi ce qui ressort de la loi sur l’immigration, en bonne partie écrite par LR au Sénat et revendiquée comme une « victoire idéologique » par Marine Le Pen.
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Empire médiatique
Une enquête du Monde voit cette semaine en Vincent Bolloré le « parrain d’une alliance entre la droite et l’extrême droite ». L’homme continue de bâtir son empire dans les médias et l’édition, il vient d’ailleurs d’annoncer que cet empire, pour des raisons financières, pourrait se scinder – sous son contrôle – en trois entités autour de Canal+, Havas et Lagardère-Hachette.
Mais ce qu’on mesure aussi, c’est combien Bolloré est aussi en train de composer un bloc des droites incluant LR, le RN et Reconquête. Selon Le Monde, il soutiendra « sans doute » aux Européennes Marion Maréchal, tête de liste de Reconquête, comme il a soutenu Eric Zemmour sur CNews ou chez Cyril Hanouna sur C8. Mais pour la présidentielle de 2027, il rêve d’une Georgia Meloni à la française, avec le RN pour s’occuper de l’immigration et LR pour l’économie.
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Du libéral au traditionaliste
Ses médias et sa puissance dans l’édition sont des atouts. La ministre de la Culture Rima Abdul Malak ou Pap Ndiaye, alors ministre de l’Éducation, ont pu le mesurer quand ils se sont montrés solidaires des journalistes du JDD face à leur directeur d’« extrême droite ». Ils ont alors vu toute la puissance de feu des médias du groupe contre eux. Pourquoi ? Tout simplement, car pour ces médias, Éric Zemmour comme Marine Le Pen ne sont pas d’extrême droite. C’est ce que nous a confié cet été un dirigeant de Canal+.
Pourtant, Vincent Bolloré, venu du libéralisme, est aujourd’hui très proche des catholiques traditionalistes, il voit dans le drame de Crépol, qui a coûté la vie à un jeune rugbyman, le signe d’un combat de civilisation entre la France et l’islam. Et Emmanuel Macron, dans tout cela ? Eh bien, selon Le Monde, il a reçu mi-septembre le patron breton à l’Élysée, il arrange les affaires de Paris Match qui le lui rend bien par un portrait de Brigitte Macron.